Dans mon dernier billet sur ce blogue (Un 2e rallye météo cet été?), je mentionnais qu’il y avait des chances qu’un second rallye d’été ait lieu cette année dans les prix des grains. De fait, dans les deux dernières semaines, les prix livraison immédiate pour le maïs, le soya et le blé ont grimpé à l’unisson au Québec, supporté par des regains à Chicago. Celui du maïs a effleuré 290-300$/tonne, celui du soya pas loin de 730-750 $/tonne et le blé fourrager 335-350 $/tonne.
Essentiellement, on s’inquiète de la vague de chaleur qui a pris forme dans le Midwest américain, et des conséquences également du retrait de la Russie de l’accord permettant l’exportation de grains ukrainiens par la mer Noire.
Maintenant, est-ce que ces imprévus permettront ou non aux prix des grains de retourner à la hausse pour de bon? Difficile à dire, spécialement dans le cas de la situation avec l’accord de la mer Noire et la Russie…
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On m’a demandé si j’anticipais une hausse plus importante du prix du maïs au Québec cette année, étant donné que la demande à l’exportation était plus forte que la normale cette année. C’est une excellente question, mais difficile à répondre.
Par contre, mon expérience me dit qu’il est bien rare que nous assistions à un retour définitif des prix des grains à la hausse pendant l’été. Pas impossible, mais rare…
Curieux, j’ai quand même fait l’exercice en utilisant les données des dernières années que j’avais sous la main. Essentiellement, j’ai pris les prix du maïs, du soya et du blé fourrager livraison immédiate au Québec et j’ai regardé comment ils se comportaient à partir de juillet, pour les mois suivants. En voici les résultats.
Maïs
On peut relever cinq années où des rallyes pendant l’été ont eu lieu dans le prix du maïs au Québec: 2011, 2012, 2015, 2021 et 2022.
Sur le graphique, on constate ensuite qu’en une seule occasion le rallye amorcé à l’été se sera poursuivi dans les mois suivants, soit en 2022 (l’été dernier). Donc autrement dit, sur cinq années, en quatre occasions, il aura été payant de vendre du maïs pendant le rallye d’été.
J’ai poussé ensuite la réflexion un peu plus loin. Sachant que plusieurs se disent souvent que s’ils ne vendent pas maintenant, ils pourront toujours vendre fort probablement à meilleur prix plus tard, je me suis posé la question : « Si je n’ai rien vendu pendant ces rallyes d’été, est-ce que j’ai pu me rattraper ensuite dans l’année suivante? ».
La réponse, dans les deux dernières années, oui, mais pas en 2011, 2012 et 2015. Si on ne vend rien pendant un rallye à l’été, les chances sont donc assez partagées de retrouver un prix aussi intéressant sinon plus par la suite.
À noter cependant que dans tous les cas, on obtient quand même un bon prix par rapport à ce qui sera proposé dans l’année suivante. Pas nécessairement les meilleurs prix qu’on aurait pu avoir dans les cas de 2021 et 2022, mais quand même de bon prix.
Soya
Le cas du prix du soya au Québec m’apparaît intéressant, et vous comprendrez pourquoi en un coup d’œil.
Sur le graphique, on constate facilement « qu’il n’y a pas vraiment eu » de rallye dans le prix du soya au Québec pendant l’été au cours des 11 dernières années que j’ai pu analyser; enfin rien de comparable à ce que nous observons cette année. Peut-être quelques soubresauts intéressants (exemple 2022, à la fin août ou encore 2014 à la fin juillet), mais sans plus.
Mais si je vends quand même des volumes pendant l’été, est-ce que ce fut une bonne décision de le faire depuis 2013?
Certainement pas dans les trois dernières années où le prix du soya au Québec aura été très vigoureux. Par contre, c’était une bonne décision d’en vendre au cours de toutes les huit autres années. Pas nécessairement les meilleurs prix qu’on pouvait obtenir en 2013, 2015, 2017 et 2018, mais quand même de bons prix.
Blé fourrager
J’ai sous la main moins d’historique pour le prix du blé fourrager au Québec, mais l’exercice m’apparaît quand même intéressant d’évaluer les rallyes d’été.
Dans ce cas-ci, nous pouvons dire que nous avons eu des rallyes pendant l’été seulement en 2017 et en 2021. Et c’est seulement en 2017, avec un rallye particulièrement prononcé au début juillet, qu’il aura été payant de vendre à ce moment. Dans le cas de 2021, il valait quand même mieux attendre.
Ce qui saute un peu plus aux yeux aussi, c’est que nous atteignons généralement nos prix les plus bas à l’été (juillet et août). Ceci correspond essentiellement à la récolte dans le blé au Québec. Donc à moins d’un rallye vraiment exceptionnel comme en juillet 2017, il n’est pas intéressant de vendre du blé fourrager à l’été.
Un bémol …
Pour faire cette analyse, je n’avais sous la main que les prix des grains au Québec pour une livraison immédiate. Il est plus difficile d’obtenir des données pour les prix de vente à l’avance, pour la prochaine récolte et les mois suivants.
Il est donc possible que vendre à l’avance pour la prochaine année pendant des rallyes en juillet ait été parfois plus intéressant, et en d’autres occasions moins.
Un dernier mot
À l’exception du blé fourrager, cette petite analyse laisse entendre qu’il a été généralement avantageux de vendre des volumes de maïs et soya pendant les rallyes à l’été. Ceux qui ont bien lu entre les lignes auront cependant constaté que ce fut aussi moins le cas dans les deux-trois dernières années.
C’est tout à fait vrai. Il faut toutefois garder en tête que nous venons de traverser une période exceptionnelle de forte tendance générale à la hausse des prix des grains de 2020 à 2022, tendance qui s’est renversée depuis les sommets atteints au printemps 2022. Ce fut exactement la même chose d’ailleurs au cours de la période de 2010 à 2012.
Or, tant qu’un marché est supporté par une forte tendance à la hausse, rallye ou non à l’été, les prix seront normalement toujours meilleurs par la suite. Mais, l’inverse est aussi vrai. Lorsque le marché est en forte tendance générale à la baisse, vendre pendant les rallyes à l’été devient alors une stratégie de mise en marché beaucoup plus intéressante…
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