
Dans mon dernier billet (Le marché des grains sort-il la tête de l’eau?), je soulignais qu’on pouvait entrevoir à l’horizon un contexte tranquillement plus favorable pour le marché des grains. L’idée en elle-même est simple. Quand on jette un coup d’œil au comportement des prix à Chicago depuis plusieurs mois, et même depuis la fin 2014, on constate assez rapidement que le plancher est plus solide sous nos pieds.
De 2010 à 2012 (et même à partir de 2005-2006…), nous étions en situation de déséquilibre où la demande pour du grain à l’échelle mondiale était plus forte que ce qui était produit. Sans entrer dans les détails, ceci tient de plusieurs facteurs, dont deux plus importants : la Chine et l’éthanol.
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Plus de maïs québécois d’exporté cette année?
On m’a demandé si j’anticipais une hausse plus importante du prix du maïs au Québec cette année, étant donné que la demande à l’exportation était plus forte que la normale cette année. C’est une excellente question, mais difficile à répondre.
Grâce entre autres aux prix exceptionnels atteint au cours cette période, le jeu de coulisse de l’équation d’offre et demande s’est par la suite renversé. Par exemple, à 300$ et même 250$ la tonne pour du maïs, tout le monde veut en produire, pas juste au Québec…
Progressivement à partir de 2012, c’est donc l’offre importante de grain qui a dominé davantage le marché, et écrasé par la même occasion les prix pour les forcer là où ils sont aujourd’hui, dans le plancher.
En elle-même, la consommation de grain reste bonne et intéressante. Mais, il y a tout simplement beaucoup trop de grains de produit pour les besoins des consommateurs. Résultat, des inventaires remplis au bouchon, et des prix qui ne sont certainement pas ce qu’il y a de plus intéressant.
Sur cette base, pourquoi croire que les prix pourraient maintenant prendre du mieux?
Comme je l’ai souligné plus haut, la consommation reste au rendez-vous, et continue de progresser, surtout avec des prix qui n’ont pas été aussi bas depuis des années. S’il est vrai que les réserves actuelles de grains sont exceptionnelles, le fait est que nous restons aussi toujours à une saison près de mauvaises récoltes pour les faire fondre comme neige au soleil.
L’exemple de l’incroyable sècheresse de 2012 aux États-Unis en est un extrême et un peu «idéaliste» pour voir les prix bondir. Par contre, même avec une saison sans « catastrophes », mais plus décevante, il y a fort à parier que les marchés seront déjà plus « inconfortables » avec la situation, ce qui viendra raffermir naturellement les prix.
Bien sûr, on ne prévoit pas la météo et encore moins la météo à long terme pour la prochaine saison. Nous pourrions donc avoir encore pour une troisième année consécutive d’excellentes récoltes qui assurément viendraient écraser davantage les prix. C’est pourquoi il faut demeurer très prudent dans son plan de commercialisation de ses grains et envisager cette possibilité.
Le fait est par contre que depuis déjà bientôt deux ans, les marchés ne trouvent plus matière à enfoncer excessivement les prix à la baisse, même avec d’excellentes récoltes à encaisser. Nous avons donc un bon plancher sous nos pieds.
Il ne manque plus qu’un ingrédient : quelques problèmes météo aux États-Unis, mais également dans d’autres régions du globe qui, elles aussi, produisent de plus en plus comme c’est le cas de l’Amérique du Sud (Brésil et Argentine), mais aussi de l’Europe et de la Chine.
Dans l’immédiat, rien à l’horizon de ce côté. Mais, à l’aube d’une nouvelle saison, les marchés anticipent déjà le coup et se préparent. Pour le moment, nous sommes sur le neutre…