Paul Caplette

On aime bien documenter et mesurer les bénéfices de nos pratiques sur la ferme. On a donc plusieurs projets d’essais sur la ferme en 2016. Parcelle d’essais de variétés, évaluation d’efficacité d’azote sur cinq types de sols différents, etc. Sur papier ça se tient. Maintenant, je dois planifier pour que l’exécution se fasse le plus facilement du monde.

Semer le plus tôt possible dès que les conditions de sol sont bonnes. Mais quand les conditions sont-elles bonnes? J’avoue que je n’ai pas les mêmes critères pour le déterminer aujourd’hui qu’à mes débuts comme agriculteur. Je constate que j’ai connu plus de problèmes et de baisses de rendement en semant trop top qu’un peu plus tard.

Neuf mois à vivre avec une psychologie négative des marchés ça prend des nerfs solides. Et surtout un bon plan structuré pour s’y retrouver. Je sais que la saison de commercialisation 2016 ne sera pas facile. Ma stratégie est donc un peu plus conservatrice. Je définis mes objectifs de vente en tenant compte d’une marge bénéficiaire minimum en étalant les ventes à chaque hausse d’environ 0,30 $.

Deux victoires en 5 tentatives. On ressemble un peu aux Canadiens. On est passé à coté par un seul degré manquant lors des deux dernières nuits. On a l’impression de perdre nos nuits pour rien, mais au final on gagne en expérience.

J’ai l’impression d’avoir l’esprit tordu quand je me vois espérer des températures en bas de zéro pour semer. C’est loin d’être naturel. Pour s’encourager mutuellement, on y participe tous les deux. Frérot sur le semoir. Moi, lampe de poche à la main, je m’occupe de tout ce qui tourne autour en plus de vérifier la profondeur de semis.

Fou comme les conditions météo changent vite. Vendredi, 15 degrés avec de la pluie. J’avais de la difficulté à me promener dans la cour tellement c’était mou partout. Ici, la neige vient tout juste de disparaître, mais avec le froid qu’on annonçait pour le week-end, j’ai accéléré la préparation du semoir. J’ai de la difficulté à le croire, mais « tout d’un coup! »

Pourtant, je suis déjà en mode printemps à compléter mes préparations d’équipements. Le décompte semis est là, je le sens. Si je ne m’étais pas déjà inscrit, je me serais sûrement trouvé une bonne raison de passer à côté en prétextant le manque de temps.

J’ai passé l’hiver à observer, mesurer la neige de protection, vérifier les plaques de glaces et m’inquiéter des fortes pluies. Maintenant que le printemps semble vouloir se pointer et que la neige disparait peu à peu, j’aperçois enfin sa binette.