Le soya flirte avec les records

Les contrats à terme de juillet pour le soya ont presque dépassé le record établi en 2012

Publié: 9 juin 2022

Le soya flirte avec les records

Le prix du soya a affiché durant la séance du jeudi le 9 juin un niveau quasi record sur les marchés financiers à 17,84 $US. Ce niveau se situe à quelques cents du sommet de tous les temps enregistré en septembre 2012 à 17,89 $US, presque dix auparavant. Les gains ininterrompus du soya surviennent dans un contexte de surchauffe générale des prix des grains. Une forte demande, des stocks en baisse et la guerre en Ukraine expliquent cette poussée vers le haut.

Simon Brière, stratège principal chez R.J. O’Brien, explique plus en détail la raison de la récente poussée du soya. « Il y a un rapport attendu demain quant à l’offre et la demande (aux États-Unis). Il y a aussi une question de peur: les inventaires sont serrés, les ventes sont soutenues et au niveau de la souveraineté alimentaire, les pressions sont fortes, que ce soit sur les fertilisants ou les autres intrants. Il y a un niveau de risque élevé de pénurie alimentaire et de famine en raison de l’offre et la demande, pas ici parce que l’offre est suffisante, mais certains pays pourraient être aux prises avec une crise alimentaire. »

À l’aube de la saison aux États-Unis, le niveau de risque est énorme, indique M. Brière. En raison du climat de peur, le moindre petit changement dans les conditions de stocks et autres a beaucoup d’impact. « Même si les conditions ne sont pas bonnes (parce que les prix du soya sont très élevés), on ne veut surtout pas manquer le bateau. En mode pénurie, c’est une course extrême à l’inventaire. »

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Rreuters, Karen Braun

Dans le contexte, la guerre en Ukraine qui a débuté le 24 février constitue davantage un élément qui s’ajoute aux autres par la bande. Les stocks étaient déjà faibles à ce moment, mais la possibilité de voir moins de grains sur le marché a exacerbé les pressions sur les céréales en général et, par ricochet, le soya, puisque la fève n’est pas produite en Ukraine.

Un nouveau record est à portée de main, croit le stratège financier. « C’est une course contre la montre en ce moment. Un nouveau record est plus plausible dans les deux à trois prochaines semaines. Il y a une prime en ce moment à l’inventaire, avant la nouvelle récolte (qui se vend 2$US de moins). Si tu en veux maintenant, paye. Sinon, attends. (…) On se trouve dans un contexte explosif de pénurie.  » Les pays et les acheteurs qui n’ont d’autre choix que d’acheter maintenant le feront puisque qu’ils répondent à un besoin essentiel qui est de manger, ajoute M. Brière.

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.