Le ministre de l’Agriculture de l’Ukraine, Roman Leshchenko, prévoit que les semis auront lieu comme prévu en avril dans son pays, mais il s’attend à une diminution d’au moins 30% de la production des cultures de printemps.
Dans une entrevue accordée au site web reussir.fr, le ministre explique que l’un des grands problèmes dont le pays fait face actuellement est que les chaînes d’approvisionnement sont interrompues en raison de la guerre. « Nous sommes un pays orienté vers l’exportation, 70% des produits agricoles ont été exportés », a-t-il dit au média français. Les infrastructures portuaires ne sont pas gravement endommagées par la guerre, mais l’accès est impossible pour l’instant. Les exportations sont actuellement redirigées par voie ferrée vers des pays européens : Roumanie, Hongrie, Slovaquie et Pologne.
Outre dans les régions de frappes intensives, les agriculteurs des autres régions vaquent à leurs occupations comme à l’habitude, selon les explications du ministre. Toutefois, le pays souffre d’un manque de carburant et d’engrais, ce qui explique pourquoi le pays interdit l’exportation d’engrais en ce moment. La saison intensive de semi devrait commencer autour du 7 avril.
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Chute de production importante
Selon un article de Reuters.com, l’application d’engrais sur le blé d’hiver qui doit avoir lieu dès maintenant pose problème. Le pays est aux prises avec une pénurie d’engrais, d’herbicide et de pesticides pour faire les travaux aux champs, mais le plus grand problème est la pénurie de carburant. Celui-ci est dédié en priorité à l’effort de guerre.
La responsable du développement commercial chez Maxigrain à Kiev, Elena Neroba, estime que les rendements du blé d’hiver en Ukraine pourraient chuter de 15% par rapport aux dernières années si les engrais ne sont pas appliqués maintenant. L’Ukraine a connu une excellente récolte en 2021.
De leur côté, plusieurs agriculteurs s’attendent à une diminution de production de 50% en raison du manque d’engrais ou de l’incapacité de faire les applications. Plusieurs pays dépendent du blé ukrénien pour nourrir leur population. C’est le cas notamment du Liban, de l’Égypte et du Yémen. Le prix du blé a augmenté de 50% dans le dernier mois. Cela cause un problème humanitaire supplémentaire alors que les prix étaient déjà à la hausse en raison des restrictions du commerce en raison de la COVID-19.
Les Nations unis s’attendent à une augmentation des prix internationaux des denrées alimentaires et d’aliments pour animaux de 20% liés au conflit entre la Russie et l’Ukraine. Ensemble, ces deux pays représentent environ le tiers des exportations mondiales de blé dont la quasi-totalité passe par la mer Noire. Par conséquence, de nombreuses personnes de la planète risquent de souffrir d’insécurité alimentaire.