L’Italie veut interdire la viande de laboratoire 

Publié: 14 avril 2023

viande de laboratoire

Alors que l’Italie veut interdire la production de viande de laboratoire sur son territoire, des voix dénoncent cette décision. L’Italie a déposé à la fin mars un projet de loi prévoyant des amendes pouvant aller jusqu’à 60 000 € à quiconque contreviendrait à la nouvelle loi sur son territoire. Le ministre de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire, Francesco Lollobigida, plaide l’importance de la tradition alimentaire italienne. 

Les producteurs agricoles ont louangé la décision. Cependant, cette décision ne fait pas l’affaire des activistes en bien-être animal et des chercheurs.

Cette décision fait suite à une pétition de l’association d’agriculteurs Coldiretti, laquelle la première ministre Giorgia Meloni a signé. Après le dépôt du projet de loi, celle-ci a parlé d’une mesure qui place les agriculteurs à l’avant-garde de la défense de l’excellence et des consommateurs. 

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Cette annonce survient alors que certains pays commencent à permettre la production de viande de laboratoire. Ce fut le cas aux États-Unis en novembre dernier pour le poulet de laboratoire d’une startup californienne, et en 2020, à Singapour, pour la production de viande de poulet de laboratoire pour la confection de croquettes. 

La viande cultivée en laboratoire est obtenue en sélectionnant des cellules de muscles et de gras animal et en les faisant croître dans un bouillon nutritif dans un bioréacteur. Les chercheurs utilisent ensuite des technologies pour donner une texture de viande. Le premier hamburger de laboratoire a été présenté aux Pays-Bas en 2013. Cette technologie est vue aujourd’hui comme une option prometteuse pour réduire l’empreinte environnementale de la production de viande. C’est notamment la vision de certains membres de la Commission européenne. 

Oppositions 

Plusieurs chercheurs et intervenants européens s’opposent à cette décision de l’Italie. Pour l’Organisation internationale pour la protection des animaux, bien que la viande de laboratoire soit constituée de cellules animales, il s’agit d’une option éthique puisqu’aucun animal n’est tué. 

Parmi les opposants de la loi, les chercheurs plaident qu’une telle loi va nuire à la recherche et à l’innovation. C’est le cas notamment des chercheurs Stefano Biressi et Luciano Conti qui, respectivement, dirigent les laboratoires de recherche en médecine régénérative des muscles et en biologie des cellules souches à l’Université de Trente. Selon Stefano Biressi, le fondateur de Bruno Cell, la startup – la seule dans ce domaine en Italie – n’aurait pas financé ces projets si la loi avait été en place à l’époque. 

Pour sa part, la chercheuse en transformation des aliments Charia Nitride, de l’Université Frederico II de Naples, explique que la viande cultivée fait partie du Plan Vert de l’Union européenne visant à rendre l’Union carboneutre en 2050.  

D’autres intervenants craignent que ce qui est refusé pour les entreprises soit quand même offert aux consommateurs italiens par les traités de commerce internationaux, comme ce fut le cas avec l’interdiction des OGM il y a une dizaine d’années. 

Sources: BBC.com, Nature.com, WorldPoultry.net, Time.com 

À PROPOS DE L'AUTEUR

Marie-Josée Parent

Marie-Josée Parent

Agronome et journaliste

Marie-Josée Parent couvre les productions laitière, bovine, avicole et porcine au Bulletin des agriculteurs.