Vaches en cavale, l’avis d’un vétérinaire

Il est très important de manipuler les animaux sans stress

Publié: 2 décembre 2022

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L’épisode des vaches en cavale en Mauricie rappelle à quel point il est important de respecter les principes de manipulation sans stress développés par Bud Williams. Cet éleveur américain s’est servi de sa technique pour concevoir un enclos qui porte son nom, la Bud Box, et qui est aujourd’hui largement utilisée en élevage. Ses principes sont enseignés à travers le monde.

Le médecin vétérinaire Frédéric Tremblay de la Clinique vétérinaire Sainte-Marie, en Beauce, enseigne cette technique au Québec. Il ne veut pas commenter la situation de la Mauricie puisqu’il ne la connaît pas dans les détails. Il ne prétend pas non plus qu’il aurait réussi là où d’autres ont échoué à ramener les récalcitrantes au bercail. Il raconte toutefois que le comportement des animaux en nature est le même que dans un bâtiment d’élevage. « Cet homme-là (Bud Williams) allait dans la toundra, dans les pays scandinaves, et faisait entrer des troupeaux de caribous dans un enclos… mais il faisait ça tout seul! » raconte Frédéric Tremblay. Il a fallu quelques jours à Bud Williams pour réussir à rassembler tout un troupeau de caribous sauvage là ou des dizaines de personnes ont échoué. Sur son cheval, il avançait et dès que les animaux bougeaient, il reculait un peu. Puis, il attendait avant de faire un autre mouvement. Et ainsi de suite. Ça lui a pris quelques jours et les animaux sauvages étaient regroupés dans l’enclos.

Il faut relâcher la pression

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« Nous, en tant qu’êtres humains, on a tendance à dire “je vais aller les pogner”, mais là, t’es rendu avec des animaux sauvages (en Mauricie). Ça ne devrait pas marcher comme ça. Mais avec les animaux domestiques, ça ne devrait pas marcher comme ça non plus. Il faudrait leur laisser faire ce qu’ils veulent au lieu de leur imposer ce qu’on veut qu’ils fassent », explique Frédéric Tremblay.

En élevage ou dans la nature sauvage, les animaux réagissent de la même manière. « C’est le même outil, mais il faut l’utiliser avec tellement plus de parcimonie quand on est avec des animaux sauvages que tu n’as pas tant le droit à l’erreur », ajoute-t-il. Il explique que dans un élevage, l’environnement pardonne plus les erreurs. Si un éleveur met trop de pression sur un animal qui est dans un enclos, l’animal va tourner en rond autour de lui. Les barrières des enclos sont toujours là pour arrêter l’animal.

Il explique qu’il faut apprendre à reconnaître le point de fuite et à relâcher la pression sur les animaux. Le point de fuite, c’est l’endroit où l’on se place par rapport à l’animal et qui le fait bouger. Si on le dépasse, c’est qu’on met une pression trop forte sur l’animal et il va réagir trop intensivement. Avant d’atteindre le point de fuite, l’animal envoie déjà des signaux qu’on approche de cet endroit. L’animal a levé les oreilles ou il a tourné la tête. 

Frédéric Tremblay dit que s’il est ultra important de respecter ce principe pour les vaches en nature qui sont devenues ultra-réactives et qui ont physiquement l’espace pour prendre le large, le principe de manipulation des animaux avec le moins de stress possible l’est tout autant dans les bâtiments d’élevage. « Il faut avancer vers ces vaches en observant leurs réactions et en respectant leurs réactions. Les vaches dans nos étables, c’est la même chose. On va arriver à faire ce qu’on veut avec les vaches dans les étables et on va avoir leur collaboration totale bien plus facilement en respectant leurs réactions et leur inconfort qu’en s’imposant à elles », explique Frédéric Tremblay.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Marie-Josée Parent

Marie-Josée Parent

Agronome et journaliste

Marie-Josée Parent couvre les productions laitière, bovine, avicole et porcine au Bulletin des agriculteurs.