L’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA) a mis en place un projet sur l’utilisation de bandes florales en verger à Saint-Bruno-de-Montarville, en Montérégie. Le projet a été mené par Daniel Cormier, chercheur en entomologie pomicole et spécialiste des bandes florales à l’IRDA.
« J’ai toujours eu un grand intérêt pour la lutte biologique, en l’occurrence l’utilisation des parasitoïdes et des prédateurs pour lutter contre les insectes ravageurs. Les conditions étaient bonnes il y a quelques années pour proposer ce projet qui visait à augmenter la biodiversité végétale dans les vergers, ce qui augmenterait par le fait même la biodiversité animale », a confié Daniel Cormier.
L’objectif du projet de Daniel Cormier avait trois facettes : la sélection d’espèces de fleurs pour la constitution de bandes florales, l’étude de l’augmentation des pollinisateurs et l’analyse de l’effet sur les ravageurs — le tout dans un contexte de valorisation des entre-rangs de pommiers.
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Les espèces florales devaient répondre favorablement à plusieurs critères de sélection pour être incluses dans les bandes florales expérimentales. Le mélange devait d’abord offrir des fleurs tout au long de la saison. Ensuite, en lien avec les objectifs entomologiques, les fleurs bisannuelles ou vivaces devaient pouvoir attirer les ennemis naturels des ravageurs tout en étant le moins possible attractives aux insectes nuisibles et aux campagnols. On souhaitait des fleurs résilientes, particulièrement dans leur tolérance au fauchage répété, au passage de la machinerie et aux sols compactés. Finalement, ces super-fleurs devaient compétitionner favorablement contre les mauvaises herbes et tolérer une faible luminosité.
La sélection de plantes fut inspirée d’une liste de fleurs proposées par le projet européen EcoOrchard. En consultation avec le partenaire au projet de l’IRDA, Aiglon Indigo, les espèces indisponibles au Québec apparaissant dans la liste d’EcoOrchard ont été remplacées pour l’IRDA par des espèces indigènes ou naturalisées. En fin de compte, 13 espèces de fleurs pérennes ont passé le crible de neuf critères de sélection pour faire partie du mélange des bandes florales du projet. Le mélange comprenait 56 % de dicotylédones et 43 % de graminées (graines/m2).
En 2020, les fleurs ont été semées dans les entre-rangs de quatre blocs de pommiers non traités aux insecticides dans le verger expérimental de l’IRDA. Autant de blocs témoins furent réservés pour fins de comparaison. Les bandes avaient précisément la largeur de l’espace entre les roues des petits tracteurs pour éviter que les fleurs ne se fassent écraser lors de l’entretien des entre-rangs. D’un mètre de hauteur maximum à maturité, les fleurs fléchissaient sans briser au passage des tracteurs.
Durant trois saisons, diverses techniques d’échantillonnage ont servi à évaluer la capacité des bandes florales à attirer les insectes bénéfiques.
«On a constaté que les colonies de pucerons s’effondraient plus rapidement lorsqu’elles étaient placées près des bandes florales, comparativement à la section témoin. Mais on n’a pas été capables de mettre ça en relation avec les prédateurs que l’on retrouvait lorsque l’on faisait notre échantillonnage », a décrit Daniel Cormier. Un résultat particulièrement important du projet fut que l’augmentation de la biodiversité dans les bandes florales n’incluait pas d’espèces nuisibles aux pommiers.
Les bandes florales continuent d’être entretenues dans le verger de l’IRDA, même si elles ne font plus l’objet de projets de recherche de façon formelle. Mais Daniel Cormier garde un œil sur une suite potentielle à son projet qui verrait un ajustement de la sélection des fleurs pour inclure des espèces qui favorisent de façon plus ciblée les ennemis naturels de la tordeuse à bandes obliques, un ravageur important en pomiculture.
La liste des espèces retenues est offerte dans une fiche technique sur le projet, disponible en cliquant ici.
Pour plus d’information sur le projet, cliquez ici.