À première vue, les champignons et les voitures ont peu de choses en commun. Mais, cette réalité pourrait évoluer dans le futur et permettrait notamment de réaliser des économies de main-d’œuvre pour les agriculteurs et d’amener davantage de champignons sur le marché au profit des Canadiens.
En misant sur les concepts utilisés depuis longtemps dans le secteur de la construction automobile, les chercheurs du Centre de recherche et d’innovation de Vineland (Vineland) ont mis au point un robot qui cueille des champignons.
À l’heure actuelle, il s’agit simplement d’un prototype, mais d’après John Van de Vegte, le gestionnaire de projet de la division robotique et automation industrielle de Vineland, ce projet risque de changer radicalement toute l’industrie de la myciculture.
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À l’heure actuelle, les myciculteurs dépendent d’une grande main-d’œuvre qui récolte leurs cultures manuellement. Les longues heures et le travail ardu associés au métier de cueilleur font en sorte qu’il est difficile d’attirer et de maintenir en poste les employés. « La récolte est l’un des aspects où l’automatisation aurait certainement une grande incidence sur toute l’industrie des champignons. La formation du personnel au travail répétitif est un défi », explique-t-il. « Nous souhaitons réorienter les emplois de cueilleurs à ceux de techniciens à revenu supérieur qui peuvent opérer et entretenir les machines, par exemple. »
Les champignons sont cultivés dans des lits, en couches, au moyen de spores et d’un matériel semblable au compost appelé substrat.Une fois ensemencés, les lits sont déplacés dans une chambre de culture où les myciculteurs peuvent établir les conditions environnementales idéales pour la croissance des champignons – l’agencement adéquat d’humidité, de température et les niveaux de dioxyde de carbone.
Le système d’automatisation de Vineland permet à l’utilisateur d’établir des règles régissant la cueillette de certains types de champignons à une heure particulière, ce qui donne aux myciculteurs la possibilité de maximiser leur production afin de produire plus de livres de champignons par pied carré. « Les champignons sont de tailles différentes et les gens veulent des champignons ronds parfaits sans marques ou failles », affirme M. Van de Vegte. « Par exemple, les champignons de Paris sont les petits champignons que l’on enlève afin que les autres champignons de plus grande taille puissent pousser. »
Lorsqu’il est temps de récolter, le robot se déplace au-dessus du lit de champignons et en utilisant l’image du lit et les règles de cueillettes qui lui ont été données, le robot ramasse doucement les champignons désirés à même le lit, les équeute et les dépose dans un contenant prêt à vendre en magasin. M. Van de Vegte attribue une grande partie de cette idée à un myciculteur local qui a permis à l’équipe de Vineland d’accéder à son installation et l’a aidé à comprendre comment les champignons sont cultivés et récoltés.
Toute machine qui remplace un processus humain doit être au moins aussi rapide et précise, elle doit également être abordable pour les agriculteurs. « Notre fonctionnalité doit être associée au coût. Nous ne voulons pas un système exceptionnel que personne ne peut aborder », dit-il.
La prochaine étape du système de culture du champignon est une production pilote à petite échelle dans une exploitation commerciale de culture de champignons afin d’aider M. Van de Vegte à comprendre la qualité et la productivité du système et la mise en œuvre de celui-ci. Il est important de procéder lentement et soigneusement, dit-il, afin qu’ils ne se précipitent pas sur le marché avec une technologie qui n’est pas prête.
L’objectif à long terme de Vineland consiste à mettre sous licence la propriété intellectuelle et à la commercialiser à l’échelle mondiale; les redevances qui en résultent seront utilisées afin de financer les projets de recherche.
L’équipe d’automatisation de Vineland travaille à la mise au point d’autres systèmes également, deux en particulier dans l’industrie des fleurs ornementales.Une machine peut apposer des feuilles, des étiquettes et des pochettes de plastique en couleur ou de papier sur environ 500 plantes en pots, par heure, afin de les préparer à la mise en marché, tandis qu’une autre machine peut transplanter les boutures de plantes et les bulbes des plateaux en pots individuels.Ces deux travaux sont actuellement effectués manuellement par des travailleurs.
Les trois systèmes dans leur ensemble sont des solutions conçues en Ontario et Vineland a formé un partenariat avec des entreprises locales dont l’aide a été sollicitée à différents stades du développement ou de l’exploitation du projet.
Le projet actuel est axé sur la technologie destinée aux cultivateurs de champignons et aux serres de plantes ornementales, mais M. Van de Vegte insiste sur le fait que dans le futur, ils aimeraient étendre leurs entreprises aux vergers et aux serres de légumes également.
Le programme de système automatisé de Vineland reçoit un soutien de FedDev Ontario, les contributions en nature de Vineland étant appuyées par un investissement dans l’entreprise Vineland dans le cadre du programme fédéral-provincial-territorial, « Cultivons l’avenir 2 ».
Par Lilian Schaer