Il ne fait aucun doute qu’à partir du début août, il y a un lien bien plus étroit entre d’excellentes conditions des cultures et de très bons rendements à prévoir, spécialement pour le maïs qui a passé le stade de la pollinisation. Le cas du soya est différent, puisque le stade critique du remplissage des gousses en août/septembre peut encore grandement affecter les rendements. Mais, revenons au maïs…
Depuis le début de la saison 2018, aux États-Unis, les marchés ont fait grand cas des conditions remarquables des cultures de maïs semaine après semaine. Pour débuter le mois d’août, 71% des cultures de maïs américain étaient jugés dans un état de « bon à excellent ». Question de remettre les choses en perspective, la moyenne des dernières années est plutôt de 63% au début août. Donc en effet, déjà ici, on comprend que 2018 semble une très bonne année pour les producteurs américains.
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On m’a demandé si j’anticipais une hausse plus importante du prix du maïs au Québec cette année, étant donné que la demande à l’exportation était plus forte que la normale cette année. C’est une excellente question, mais difficile à répondre.
Ce qui aura par contre encore davantage retenu l’attention des marchés , c’est que l’an dernier, l’état des cultures était loin d’être aussi bon, 60% dans les catégories « bon à excellent » au début août. Or, malgré cet état beaucoup moins intéressant des cultures américaines de maïs en 2017, le rendement moyen américain n’aura pas manqué pour autant d’atteindre un nouveau record de 176,6 boisseaux/acre (11,08 tonnes/ha) à l’automne. Alors, qu’en sera-t-il maintenant cette année si l’état des cultures est beaucoup mieux qu’en 2017?
En principe, un plus un égal deux, et meilleures conditions rime certainement avec nouveau rendement record en 2018. 177? 178?… et pourquoi pas 180 boisseaux/acre! J’ai même lu des analystes qui commençaient à envisager 182 et même 184 boisseaux/acre.
Et, bien entendu à la bourse, les marchés n’ont pas nécessairement attendu d’être devant les faits accomplis à l’automne pour déjà envisager depuis plusieurs semaines un incroyable nouveau record américain de rendement pour le maïs.
Évidemment, tout est possible. À preuve, l’an dernier, je crois que très peu d’analystes avaient envisagé un rendement record américain. De la même manière, il demeure donc très possible qu’on soit très surpris de nouveau cette année. Mais, c’est vrai dans les deux sens. Nous pourrions être surpris de l’ampleur de la hausse du rendement américain, tout comme celui-ci pourrait tout autant décevoir.
Ci-joint un graphique qui illustre bien le lien étroit entre état des cultures de maïs au début août, et le rendement moyen aux États-Unis à l’automne suivant.
En un coup d’œil, on comprend qu’il sera très difficile que le rendement américain de maïs soit mauvais à la récolte. Toutefois, il y a des exceptions à la règle, et des nuances à apporter.
Sur le graphique, j’ai pointé quelques années où l’état des cultures au début août n’aura pas été le reflet nécessaire du rendement obtenu par la suite. Depuis 1990, nous avons quatre occasions. Le cas de 2010 est particulièrement intéressant.
Si on jette un coup d’œil au tableau du stade de développement des cultures au début août, on remarque que tout comme pour 2018, 2010 était une année où le développement des cultures était beaucoup plus rapide qu’à la normale. En fait, grossièrement, les stades pâteux et denté étaient pratiquement atteints de 1½fois à 2 fois le pourcentage normal des 5 dernières années. Autrement dit, le développement des cultures serait essentiellement aussi anormalement rapide en 2018 qu’il ne l’a été en 2010. Or, 2010 n’a pas proposé un rendement record, mais plutôt un recul annuel du rendement moyen américain de maïs de 164,4 à 152,8 boisseaux/acre.
Est-ce que 2018 fera la même chose reste à voir. Par contre, ce que cette brève analyse suggère, et c’est ce que de plus en plus d’analystes commencent à croire, c’est qu’un développement trop rapide des cultures de maïs affecterait le poids et la grosseur du grain, surtout si les conditions demeurent trop favorables au développement des cultures en août.
Si c’est le cas, tout comme nous avons été surpris par le rendement record américain de 2017, nous pourrions donc être surpris cet automne de constater un rendement moins exceptionnel que ne le suggère jusqu’ici l’excellent état des cultures américaines. Avec la fermeté de la demande actuelle pour le maïs américain, la situation pourrait s’annoncer alors très intéressante pour les prix, avec des stocks américains qui ont la capacité d’afficher un recul à un creux de 5 ans. À suivre…