Il faut tirer des leçons de la COVID-19

Les partenaires de la Stratégie québécoise de santé et de bien-être des animaux discutent des conséquences de la pandémie

Publié: 25 octobre 2020

Depuis le début de la pandémie de COVID-19, les usines d'Olymel ne sont plus vraiment les mêmes. Les mesures de protection des travailleurs ont été multipliées.

Malgré que certains experts voyaient venir la pandémie, personne n’aurait pu prédire ce qui allait se passer, tant en ce qui concerne les animaux de ferme que les animaux de compagnie. Peut-on tirer des leçons de cette pandémie pour être mieux préparé la prochaine fois ?

Le 22 octobre dernier, les partenaires de la Stratégie québécoise de santé et de bien-être des animaux ont discuté de la pandémie de COVID-19 et les conséquences sur la santé et le bien-être des animaux.

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Les bovins de race Highland sont des animaux extrêmement résistants au froid, mais ils ont du mal à supporter la chaleur estivale.

Des haies brise-vent pour lutter contre la chaleur 

La ferme WB a planté des haies brise-vent qui, à maturité, procureront de l’ombre à leur troupeau de vaches Highland lors des journées chaudes d’été. Cette initiative a été rendue possible grâce à l’expertise et au financement d’ALUS Montérégie. 

Crise à l’abattoir

Le secteur porcin a été particulièrement touché. Des éclosions sont survenues dans des abattoirs. Dès le début de la pandémie, en mars, un abattoir d’Olymel a dû être fermé.

« On a été pris au dépourvu dès le départ. On a peut-être sous-estimé ou pas compris exactement ce qui s’en venait et donc, on n’avait peu de moyens », raconte Sylvain Fournaise, vice-président, Sécurité alimentaire et Services techniques chez Olymel.

Très vite, l’entreprise, en collaboration avec la Santé publique, a dû mettre en place des mesures pour limiter la propagation du virus parmi les employés. Dorénavant, les travailleurs devaient porter le masque lors du voyagement. Dans l’usine, des séparateurs physiques ont été placés entre les travailleurs.

« Les usines ne sont plus vraiment les mêmes », explique Sylvain Fournaise. Selon lui, plusieurs mesures resteront en place après la pandémie, mais d’autres non en raison des trop grandes contraintes. Un fait demeure : la sensibilisation. « La sensibilisation a été excessivement importante chez nos employés », ajoute Sylvain Fournaise.

Petits animaux

Entre mars et juin dans le secteur des animaux de compagnie, c’est déjà une période très occupée pour les vétérinaires. En raison de la pandémie, le « personnel était à bout de souffle », raconte Hélène Perras, consultante vétérinaire, marketing et développement de compétences numériques.

En plus, les adoptions de chiots et de chatons se sont multipliées durant la pandémie. Des vétérinaires ont indiqué ne pas prendre de nouveaux clients.

Risque de zoonose

Une grande crainte du secteur, c’était que les humains – qui sont un grand réservoir du virus de la COVID-19 – transmettent le virus aux animaux, selon les propos de la vétérinaire Isabelle Picard du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ).

Au début de la pandémie, peu d’informations étaient connues à ce titre. Par la suite, il a notamment été démontré que les visons sont particulièrement sensibles au virus. Des élevages en Europe et aux États-Unis ont été touchés.

Importance de la sensibilisation

La pandémie a démontré l’importance de la sensibilisation de tous. «Je pense que les gens commencent à prendre conscience des liens entre l’environnement, les animaux et les humains», dit Hélène Carabin de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal. Sa collègue Cécile Aenishaenslin ajoute qu’il faut bâtir des systèmes beaucoup plus coopératifs.

Santé publique et vétérinaire

La médecine vétérinaire en élevage a pris une grande expérience durant les dernières années pour ce qui est du contrôle des maladies émergentes. L’animateur de l’activité, le médecin vétérinaire Luc Bergeron du MAPAQ souligne notamment le très grand niveau de préparation du secteur porcin qui a permis de contrôler le virus de la diarrhée épidémique porcine sur son territoire. La Santé publique tirerait avantage à collaborer davantage avec le secteur vétérinaire.

Le secteur alimentaire est aussi un secteur habitué de contrôler des pathogènes. « Souvent, je dis à la blague que jamais j’aurais pensé qu’en tant que médecin vétérinaire, j’aurais à gérer une crise en médecine humaine », raconte Sylvain Fournaise, vice-président, Sécurité alimentaire et Services techniques chez Olymel. « La Santé publique a été impressionnée de voir toutes les mesures qui étaient en place dans l’industrie, la formation de nos employés sur les bonnes pratiques hygiéniques […] et j’oserais même me prononcer que ça va au-delà de ce qui se fait des fois dans certains lieux de santé humaine en terme de prévention. […] Oui, je pense que ce partage-là entre la santé humaine et l’industrie. Je pense qu’il y a beaucoup à apprendre. »

Bien-être

Dans cette pandémie, le bien-être des humains a été un élément sous-estimé. « Il faudrait tirer leçon pour une prochaine vague », a dit le producteur de porcs René Roy.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Marie-Josée Parent

Marie-Josée Parent

Agronome et journaliste

Marie-Josée Parent couvre les productions laitière, bovine, avicole et porcine au Bulletin des agriculteurs.