Ottawa (Ontario), 14 avril 2005 – « Le gouvernement du Canada doit être plus ferme dans ses négociations à l’OMC sur le commerce agricole car le cadre actuel de négociation ne permettra pas d’atténuer les déséquilibres entre les pays participants. A défaut de tenir compte des liens entre les subventions etles tarifs, on perpétuera et aggravera les déséquilibres dans les règles del’OMC applicables au commerce agricole ». C’est ce qu’a déclaré M. PeterClark, de Grey, Clark, Shih & Associates, lors de la présentation desrésultats d’une étude qu’il a réalisée pour le compte des Producteurs laitiersdu Canada. La présentation a eu lieu aujourd’hui, à Québec, dans le cadre del’assemblée générale annuelle de la Fédération des producteurs de lait duQuébec.
S’appuyant sur des données empiriques, Peter Clark démontre que lessubventions accordées dans des pays comme les E. U. permettent à leursagriculteurs de mieux absorber le contrecoup des réductions tarifaires. En2003, les producteurs laitiers américains ont bénéficié d’un soutien direct etindirect totalisant 13,8 milliards de dollars US, ce qui signifie que lessubventions qu’ils reçoivent des gouvernements fédéral, d’Etat et locauxreprésentent environ 40 % de leurs revenus. Ces subventions ont pour effet derestreindre l’accès au marché américain. Les Etats-Unis préconisent desréductions tarifaires parce qu’ils peuvent restreindre l’accès à leur marchétout en tentant d’accroître les exportations américaines vers d’autresmarchés.
« L’approche de l’OMC équivaut à une solution universelle qui nefonctionnera tout simplement pas », a déclaré Peter Clark, principal auteur del’étude. « Je soutiens que nous devons tenir compte du niveau des subventionsdans la négociation de la réduction des tarifs. Réduire les tarifs en faisantabstraction des subventions punit des pays comme le Canada qui n’ont pas lesressources financières nécessaires pour accorder des subventions et avantageles pays plus riches qui ont traditionnellement soutenu leurs agriculteurs àgrands renforts de subventions. »
Dans les négociations à l’OMC, on semble s’intéresser davantage à réduireles tarifs que le soutien interne. Cette situation est à l’avantage des paysriches comme les Etats Unis qui subventionnent largement leurs producteursagricoles, année après année.
« Le ministre de l’Agriculture, Andy Mitchell, a récemment soutenu quenous devons restructurer notre secteur agricole. Les producteurs canadiensfont les frais dans une large mesure des pressions qu’exercent sur les prixles produits américains subventionnés qui sont facilement importés au Canada »,a affirmé M. Clark, qui a réalisé depuis 1990 deux autres études sur lessubventions américaines.
« Avec ce soutien interne non limité, c’est comme si l’on réinstaurait auXXIe siècle les politiques tarifaires du « sauve-qui-peut » des années 30. LesEtats-Unis condamnent les agriculteurs des pays pauvres à la misère et à lapauvreté. Le Canada ne devrait pas capituler devant ces pratiques illégales »,a t-il expliqué. « Il est de beaucoup préférable d’exercer nos droits et decontester ces subventions auprès de l’OMC, comme le Brésil l’a fait pour lecoton. Nous avons indiqué au gouvernement il y a deux ans les étapes à suivrepour en arriver là, mais il n’a pas saisi la balle au bond. »
Site(s) extérieur(s) cité(s) dans cet article :
Agriculture Canada
http://Aceis.AGR.CA/
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