Ottawa (Ontario), 25 mai 2005 – Après deux années de baisses attribuables à une succession de sécheresses et à la fermeture de la frontière américaine aux exportations de bovins vivants, le revenu net comptant, soit la différence entre les recettes monétaires et les dépenses d’exploitation d’un agriculteur, s’est redressé pour atteindre 6,3 milliards de dollars en 2004.
Le revenu net comptant des producteurs canadiens a augmenté de 34,4 % par rapport au creux atteint en 2003, mais il est demeuré inférieur de 1,0 % à la moyenne quinquennale précédente (1999 à 2003).
Toutes les provinces, sauf l’Île-du-Prince-Édouard, ont signalé des hausses. Toutefois, six provinces ont vu leur revenu net comptant fléchir en 2004 comparativement à la moyenne quinquennale précédente.
Les recettes monétaires agricoles totales ont progressé de 6,1 %, en raison de l’augmentation des recettes tirées des cultures et du bétail, tandis que les dépenses d’exploitation agricoles se sont accrues de 1,6 %. Les intrants, notamment le carburant pour les machines, les salaires en espèces et les réparations de machines, ont contribué à l’accroissement des dépenses.
Le revenu net comptant peut varier considérablement d’une exploitation à l’autre en raison de facteurs comme les élevages et les cultures choisis, les prix et les conditions climatiques. Il ne tient pas compte de l’amortissement et de la valeur de la variation des stocks à la ferme. Pour plus de détails sur les recettes monétaires agricoles au premier trimestre de 2005, voir le communiqué publié aujourd’hui dans Le Quotidien intitulé «Recettes monétaires agricoles».
Les recettes monétaires augmentent pour la première fois en trois ans
En 2004, les recettes monétaires agricoles ont crû pour la première fois en trois ans à la suite de l’augmentation des recettes tirées des cultures et des porcs. Au total, les agriculteurs ont tiré 36,5 milliards de dollars des recettes tirées du bétail, des cultures et des paiements de programme, en hausse de 6,1 % par rapport à 2003. Le total de 2004 a été légèrement supérieur au sommet précédent atteint en 2001.
Les recettes tirées du bétail se sont accrues de 6,0 % en 2004 pour atteindre 17,2 milliards de dollars, soit un niveau légèrement supérieur à la moyenne quinquennale précédente de 17,1 milliards de dollars. Bien que les recettes des éleveurs de porcs aient atteint un niveau record, les recettes tirées des bovins et des veaux sont tombées à leur plus bas niveau depuis 1996, les problèmes liés à l’ESB ayant persisté.
Après être tombées à l’un de leurs plus bas niveaux en une décennie, les recettes tirées des cultures ont affiché un regain important en 2004. La production de céréales et d’oléagineux est revenue à des niveaux plus normaux en 2003 après deux sécheresses consécutives dans l’Ouest canadien (2001 et 2002).
Deux principaux facteurs ont contribué à ce redressement, soit l’augmentation considérable des livraisons pour la plupart des principales cultures entre janvier et juin 2004 et la hausse des paiements de la Commission canadienne du blé (CCB).
Les recettes tirées du blé (sauf le blé dur) ont fait un bond de 30,3 % pour s’établir à 2,4 milliards de dollars dans la foulée de l’augmentation des paiements de la CCB et des mises en marché. Les prix moyens ont été inférieurs à ceux de 2003 en raison de l’accroissement de la production dans la plupart des pays exportateurs.
Les producteurs de canola ont vu leurs recettes atteindre 2,1 milliards de dollars, en hausse de 13,0 % par rapport à 2003. Les livraisons se sont accrues de 12,5 % en 2004, tandis que les prix ont augmenté de façon constante dans la première moitié de l’année.
La progression des recettes tirées du bétail a été largement attribuable aux éleveurs de porcs, dont les recettes en 2004 ont atteint le niveau record de 4,3 milliards de dollars, en hausse de 25,5 % par rapport à 2003. Ce bond s’expliquait surtout par l’augmentation de 26,3 % des recettes tirées des porcs vendus pour l’abattage au Canada. Le prix des porcs s’est raffermi tout au cours de 2004 en raison de la vigueur des exportations et de la forte demande au Canada.
Depuis 2003, les recettes tirées des bovins et des veaux ont légèrement fléchi pour atteindre 5,1 milliards de dollars, soit le niveau le plus bas depuis 1996. En dépit de l’augmentation des mises en marché, les recettes tirées des bovins et des veaux ont été inférieures de 24,9 % à la moyenne quinquennale précédente. Les prix ont chuté à la suite de la découverte d’un cas d’ESB au printemps 2003 et, bien qu’il se soit redressé quelque peu, le prix moyen de 2004 est demeuré inférieur de 12,9 % à celui de 2003.
Les recettes tirées du commerce international des bovins et des veaux vivants ont été nulles en 2004, comparativement à 581 millions de dollars en 2003. Depuis que la frontière américaine demeure fermée aux exportations de bovins et de veaux vivants, les producteurs ont réagi en envoyant un niveau record de 4,0 millions de têtes aux abattoirs canadiens. Les recettes tirées des bovins d’abattage ont crû de 16,1 % par rapport à 2003, la hausse de 26,9 % du nombre d’animaux abattus ayant fait largement contrepoids à la baisse de 8,0 % du prix.
Les produits assujettis à la gestion de l’offre ont représenté un peu plus de 40 % des recettes totales tirées du bétail en 2004. Les recettes tirées des produits laitiers et de la volaille ont augmenté.
Après s’être accrus de façon appréciable en 2003, les paiements de programme ont affiché une légère hausse de 0,8 % en 2004 pour atteindre un sommet de 4,9 milliards de dollars. Les paiements sont demeurés bien au-dessus de la moyenne quinquennale précédente qui s’établissait à 3,4 milliards de dollars.
En 2004, les agriculteurs canadiens ont reçu plus de 1,1 milliard de dollars dans le cadre des programmes liés à l’ESB. C’est le Programme d’aide transitoire à l’industrie (PATI) qui a contribué la part du lion, soit pour près de 806 millions de dollars. Le PATI a été créé pour venir en aide aux producteurs qui ont éprouvé des difficultés financières à la suite des répercussions de l’ESB sur le marché.
Les retraits de la partie gouvernementale du Compte de stabilisation du revenu net (CSRN) ont atteint un sommet en 2004. Les agriculteurs ont retiré 934 millions de dollars de la partie gouvernementale, soit 29,2 % de plus qu’en 2003. Cette augmentation était attribuable en majeure partie à la liquidation prévue du programme du CSRN.
Le Programme canadien de stabilisation du revenu agricole (PCSRA), qui a été institué en 2004, a versé 777 millions de dollars. Le PCSRA a été établi pour venir en aide aux producteurs ayant subi une perte de revenu en raison de l’ESB ou d’autres facteurs.
L’assurance-récolte a versé 785 millions de dollars aux producteurs en 2004. Il s’agissait d’une baisse de 921 millions de dollars par rapport aux paiements records de 2003. Les versements au chapitre de l’assurance-récolte en 2003 ont été plus élevés en raison des deux années consécutives de sécheresse (2001 et 2002) dans l’Ouest canadien.
L’augmentation du prix du pétrole brut se répercute sur les dépenses d’exploitation
Malgré la flambée des prix de l’énergie, la hausse des dépenses d’exploitation agricole a été la plus faible à avoir été enregistrée depuis 1990. En 2004, les dépenses d’exploitation ont crû de 1,6 % à l’échelle nationale. Elles ont dépassé de 9,2 % la moyenne quinquennale précédente.
Les dépenses d’exploitation ont augmenté dans toutes les provinces, sauf en Alberta et en Colombie-Britannique où elles sont demeurées à peu près inchangées. Dans toutes les autres provinces, les hausses ont varié entre 1,8 % en Saskatchewan et 3,1 % à Terre-Neuve-et-Labrador.
L’augmentation des dépenses d’exploitation brutes a été attribuable dans une proportion de presque 38 % à la hausse de 12,0 % du prix du carburant pour les machines par rapport à 2003. Le prix du carburant pour les machines a grimpé en raison de l’escalade du prix du pétrole brut qui a franchi la barre des 50 $US le baril vers la fin de 2004. Les marchés ont réagi à la crainte que l’offre de pétrole se raréfie et à la perspective d’une augmentation de la demande mondiale en relevant progressivement les prix au cours de l’année.
Les salaires en espèces ont poursuivi leur longue ascension, ayant atteint un niveau record de 3,8 milliards de dollars en 2004. Il s’agissait d’une hausse de 1,8 % par rapport à 2003 et de 10,5 % comparativement à la moyenne quinquennale précédente. La hausse enregistrée de 2003 à 2004 s’expliquait principalement par l’augmentation du prix de la main-d’oeuvre.
Les hausses de prix ont aussi fait bondir de 3,1 % les dépenses en réparations de machines.
Par ailleurs, les achats de bétail ont fléchi pour une troisième année d’affilée. Les producteurs ont réduit leurs achats en raison de la fermeture des marchés d’exportation de bétail causée par l’ESB. En 2004, les achats de bétail ont atteint 1,1 milliard de dollars, en baisse de 6,3 % par rapport à 2003 et de 28,0 % comparativement à la moyenne quinquennale précédente.
Les dépenses d’intérêt ont diminué depuis 2001 principalement en raison du repli des taux d’intérêt. En 2004, les dépenses en intérêt ont totalisé 2,3 milliards de dollars, ce qui représentait une baisse de 2,3 % par rapport à 2003.
L’augmentation des recettes et des stocks entraîne le revenu net total à la hausse
Après avoir atteint un niveau extrêmement bas en 2002, le revenu net total s’est redressé au cours des deux années qui ont suivi pour atteindre 3,5 milliards de dollars en 2004, soit 52,9 % de plus que la moyenne quinquennale précédente. Le revenu net total corrige le revenu net comptant en fonction des variations des stocks de cultures et de bétail à la ferme, de l’amortissement et du revenu en nature.
La hausse des recettes après deux années consécutives de baisses en 2002 et en 2003 et la valeur des stocks agricoles expliquaient dans une large mesure l’augmentation enregistrée. De 2003 à 2004, les recettes se sont accrues de 2,1 milliards de dollars, tandis que la variation de la valeur des stocks a augmenté de 1,5 milliard de dollars.
La succession de sécheresses dans l’Ouest canadien a amoindri considérablement les stocks de céréales et d’oléagineux à la ferme à la fin de 2002. Par conséquent, le retour à des niveaux de production plus normaux en 2003 et en 2004 a permis aux producteurs d’accroître leurs stocks. Parallèlement, la crise de l’ESB a obligé les producteurs à garder leurs animaux à la ferme, ce qui a entraîné une augmentation des stocks.
La Saskatchewan et l’Alberta ont enregistré les hausses les plus marquées de la valeur des stocks. La Saskatchewan a affiché le total de la valeur des stocks le plus élevé, soit de 812 millions de dollars, suivie de l’Alberta (511 millions de dollars).
Revenu agricole net | |||||||||||||||||
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Canada | T.-N.-L. | Î.-P.-E. | N.-É. | N.-B. | Qué. | Ont. | Man. | Sask. | Alb. | C.-B. | |||||||
En millions de dollars | |||||||||||||||||
2003r | |||||||||||||||||
+ Recettes monétaires totales | |||||||||||||||||
– Dépenses d’exploitation totales après remises | |||||||||||||||||
= Revenu net comptant | |||||||||||||||||
+ Revenu en nature | |||||||||||||||||
– Frais d’amortissement | |||||||||||||||||
= Revenu net réalisé | |||||||||||||||||
+ Valeur de la variation des stocks | |||||||||||||||||
= Revenu net total | |||||||||||||||||
2004p | |||||||||||||||||
+ Recettes monétaires totales | |||||||||||||||||
– Dépenses d’exploitation totales après remises | |||||||||||||||||
= Revenu net comptant | |||||||||||||||||
+ Revenu en nature | |||||||||||||||||
– Frais d’amortissement | |||||||||||||||||
= Revenu net réalisé | |||||||||||||||||
+ Valeur de la variation des stocks | |||||||||||||||||
= Revenu net total | |||||||||||||||||
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Note aux lecteurs
Le revenu net comptant mesure les mouvements de l’encaisse d’une exploitation agricole (les recettes monétaires agricoles moins les dépenses d’exploitation) découlant de la production de produits agricoles. Il représente le montant disponible pour le remboursement des dettes, l’investissement ou les retraits par le propriétaire.
Le revenu net total mesure les flux financiers et la variation des stocks des exploitations agricoles (le revenu net comptant moins l’amortissement plus le revenu en nature et la valeur de la variation des stocks). Le revenu net total attribue une valeur à la production économique agricole au cours de l’année où les produits agricoles ont été produits. Il représente le rendement des capitaux propres, la main-d’oeuvre non rémunérée, la gestion et le risque.
Les recettes monétaires agricoles mesurent le revenu brut des exploitations agricoles en dollars courants. Elles comprennent les ventes de productions végétales et animales (sauf les ventes entre les exploitations agricoles d’une même province) et les paiements de programme. Les recettes sont comptabilisées lorsque l’argent est versé aux agriculteurs, avant déduction des dépenses.
Les dépenses d’exploitation agricole représentent les frais d’exploitation qu’engagent les exploitations agricoles pour les biens et les services qu’elles utilisent dans la production de produits agricoles. Les frais sont comptabilisés lorsque l’agriculteur débourse les fonds.
Les publications Revenu agricole net – Statistiques économiques agricoles, mai 2005, vol. 4, no 1 (21-010-XIF, gratuite), Dépenses d’exploitation agricoles et frais d’amortissement – Statistiques économiques agricoles, mai 2005, vol. 4, no 1 (21-012-XIF, gratuite), Valeur du capital agricole – Statistiques économiques agricoles, mai 2005, vol. 4, no 1 (21-013-XIF, gratuite) et Dette agricole en cours – Statistiques économiques agricoles, mai 2005, vol. 4, no 1 (21-014-XIF, gratuite) sont maintenant accessibles en ligne. À la page Nos produits et services, sous Parcourir les publications Internet, choisissez Gratuites, puis Agriculture.
Site(s) extérieur(s) cité(s) dans cet article :
Statistiques Canada
http://www.statcan.ca/
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