Pour une 2e séance cette semaine, les autorités de la bourse de Chicago ont dû interrompre les transactions sur le boisseau de blé après que ce dernier eut atteint la limite de 0,75$US durant la séance de jeudi. Au moment de l’arrêt des échanges, le boisseau de blé pour mai se situait à 11,34 US, son niveau le plus haut depuis 14 ans.
L’invasion russe en Ukraine freine le transport des céréales dans la mer Noire depuis ces deux importants exportateurs de blé. Selon des médias spécialisés en commerce maritime, un bateau estonien aurait coulé en mer Noire après avoir touché une mine, tandis qu’un navire du Bengladesh aurait été atteint par un missile. Cinq autres bateaux circulant dans ces mêmes eaux auraient également subi des dommages. La menace de la présence de mines placées par l’armée russe risque donc de paralyser encore davantage la circulation de biens dans cette région, sans parler des dommages aux installations portuaires ukrainiennes en raison des bombardements russes.
Les débats sont maintenant ouverts sur la trajectoire des céréales dans les prochaines semaines, surtout si les récoltes ukrainiennes ne peuvent être mises en terre ou encore si la production russe voit ses exportations limitées. Il est question en Europe de permettre la culture dans les champs laissés en jachère. Selon le média France agricole, « plusieurs États membres de l’Union européenne ont demandé la mise en place de mesures exceptionnelles comme une dérogation à l’obligation d’implantation de jachères ou l’activation de mesures de marché ». Les discussions ont aussi porté sur « l’activation de mesures de marché, comme le stockage privé et la réserve de crise, notamment pour la filière porcine ».
Un économiste américain de l’Université de l’Illinois, Scott Irwin, propose également de mettre en culture les 22 millions d’acres actuellement placés sous la Conservation Reserve aux États-Unis afin de limiter les impacts d’une production mondiale réduite en céréales pour 2022.
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« Le seul levier politique auquel je peux penser et qui soit entre les mains du gouvernement américain est d’ouvrir le programme de Réserve de conservation pour la culture d’urgence d’un an », a écrit Irwin sur les réseaux sociaux. « Je reconnais qu’une partie ne peut pas être facilement remis en production, surtout en un mois ou deux. Changez simplement les règles en cas d’urgence afin que des champs puissent être cultivés si un agriculteur veut tenter le coup cette année.
Dans le contexte actuel, jusqu’où les prix des grains pourraient-ils grimper ? Un analyste de Farm Futures indique qu’il faudra surveiller les prochains rapports du département américains de l’Agriculture. Le premier, prévu le 9 mars, indiquera les niveaux des stocks aux États-Unis et dans le monde, tandis que le second ira de ses prévisions de semis pour la saison 2022. La durée de la guerre aura également un impact sur la production et les exportations de grains. Aussi, un recours éventuel à la réserve liée à la conservation pourrait changer la donne, tout comme une possible limitation d’utiliser le soya ou le maïs pour la fabrication d’éthanol. Et c’est sans compter sur le facteur météo qui pourrait brouiller les cartes.