À la Ferme Morine, en Estrie, amener les vaches au pâturage fait partie de la routine de l’entreprise depuis toujours. C’est la rigueur au quotidien des entrepreneurs qui leur permet de bien réussir, autant à l’étable que dans les pâturages.
« C’est ancré dans les mœurs de la ferme », raconte Véronique Lévesque qui gère l’entreprise avec son conjoint Réjean Morin. Les raisons sont diverses : pour une meilleure longévité des vaches et pour la réduction de la charge de travail en été, car les vaches récoltent elles-mêmes leur nourriture. « Le seul ouvrage que ça représente, c’est de les détacher matin et soir et de les rentrer, ajoute la productrice. C’est moins long que de faucher le foin, de le récolter et de les soigner. »
La logistique au pâturage est orchestrée avec soin. L’entreprise a sept pâturages d’environ 1,2 hectares chacun et la rotation dure trois semaines avant que les vaches retournent au même pâturage. Chaque jour, Réjean déplace un fil électrique pour donner une nouvelle bande de pâturage aux vaches. Lorsque les vaches sont déplacées, l’herbe non consommée est fauchée de telle sorte que lorsque les vaches y retourneront après trois semaines, il n’y aura que de la jeune herbe. « Il y en a qui vont dire que c’est fou de faire ça, mais nous on aime mieux prendre 10 minutes par jour pour aller faucher notre pâturage que de faire plus de foin et engager quelqu’un pour rentrer le foin », explique Véronique.
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Chaque année, un pâturage est labouré et ressemé avec du trèfle ladino, brome, mil et de l’avoine fourragère pour qu’il y ait toujours de la belle herbe. « Il faut les envoyer plus doucement la première année », explique Véronique. C’est parce que l’avoine fourrager donne un fumier plus liquide.
Presque chaque pâturage a sa station d’abreuvement sur dalle de ciment. En fait, il y en a cinq pour sept pâturages. « On ne voulait pas que les vaches marchent trop pour aller s’abreuver », explique Véronique. Ce travail a été fait avec l’aide d’agronomes qui leur ont expliqué que si les vaches doivent marcher de trop grandes distances, elles ne reviendront pas manger dans le pâturage. Quand les vaches quittent un pâturage, l’abreuvoir est vidé et retourné pour s’assurer de la qualité de l’eau lors du prochain passage. « On est un petit peu maniaque sur les bords », dit Véronique en riant.
Les pâturages sont assez près de l’étable, jusqu’à 1,5 km. Les vaches passent la nuit dehors. Lorsque Réjean et Véronique se présentent à l’étable le matin, les vaches attendent près de la porte et sont prêtes à entrer. Ils les rentrent, les attachent et attachent leurs queues. Ces cinq minutes sont importantes pour que les queues restent propres. Réjean s’occupe de l’alimentation : d’abord, un fond de foin sec, seulement de l’ensilage de maïs en été parce qu’elles ont l’herbe à l’extérieur, de la moulée complète, puis, du foin sec.
Après la traite, de 7h30 à 9h, les vaches restent à l’étable pour qu’elles mangent le foin sec parce que l’herbe au pâturage est très humide. Puis, elles mangent leur moulée et retournent au pâturage pour la journée. Les vaches ont accès à quelques balles de foin sec à l’extérieur. Vers 15h ou 15h30, les vaches retournent à l’étable. La routine du matin recommence avec le foin sec et la traite après le souper, à 18h. À 19h30, les vaches ont leur dernier repas de moulée et retournent à l’extérieur au pâturage. S’il fait plus de 30 degrés et que les vaches retournent d’elles-mêmes à l’étable, ils vont les rentrer et repartir la ventilation tunnel. S’il fait mauvais la nuit, les vaches ne sortiront pas non plus. Tous les animaux entrent matin et soir, sauf les taures qui restent tout le temps dehors. Et ils ont un abri au besoin. La saison des pâturages dure du 15 mai au 15 octobre. Après le gel, l’alimentation au pâturage est moins bonne. Parfois, les vaches sont sorties juste pour les faire marcher. Le printemps, l’introduction au pâturage est faite graduellement, seulement deux heures à la fois au début pour les éviter que les vaches s’énervent trop et seulementlorsqu’elles ont le pis vide. La transition dure 10 jours.

*Cet article est un extrait de l’article L’excellence au pâturage publié dans le numéro de juin 2022 du Bulletin des agriculteurs.