Les étables pour les vaches laitières et pour les génisses de plus de six mois ont été construites en trois phases, entre 2006 et 2021. L’extérieur est en pruche. Photo:
Marie-Josée Parent
À la ferme laitière M.G. Proulx de Saint-Placide, dans les Basses-Laurentides, une nouvelle étable froide vient d’être construite pour les génisses d’élevage, identique à celle pour les vaches situées juste à côté. Photoreportage.
Ayant grandi sur une ferme laitière en stabulation entravée, Bruno Proulx a fait un stage à l’été 2004 sur une ferme laitière en stabulation libre de l’Est de l’Ontario. « J’ai tout de suite eu la piqûre, dit-il. L’immense différence de gérer des vaches attachées par rapport à une stabulation libre! Tout de suite, ç’a été clair. » Ce qui l’a frappé, c’est de voir les vaches libres, les interactions qu’elles ont entre elles. Et puis, la famille Lafrance de Saint-Eugène trayait 210 vaches comparativement à 65-70 à la ferme familiale durant le même temps. « Juste ça en partant, c’est énorme », dit-il.
Quand il est revenu sur la ferme, c’était clair pour lui que la future construction serait en stabulation libre. Il faut dire qu’en 2003, la famille avait construit une étable à taures sur litière accumulée et ils étaient tous convaincus des bienfaits de garder les animaux libres. La salle de traite s’est imposée parce que les robots n’en étaient qu’à leurs débuts au Québec. La nouvelle étable pour les vaches en lactation a vu le jour en 2006-2007. Le choix de l’étable froide s’est imposé parce que la famille Proulx voulait réduire les coûts. Ils étaient déjà passablement endettés avec la nouvelle terre et la nouvelle étable à taures. Le projet est inspiré de ce qui se fait aux États-Unis et en Europe. Ils ont donc visité plusieurs étables en Ontario et aussi dans trois États américains : New York, Michigan et Wisconsin. Pour le concept, ils ont choisi celui de Nigel Cook et Courtney Halbach du Dairyland Initiative de l’Université du Wisconsin à Madison. Un ingénieur, Harold House, et un conseiller en productions animales, Jack Rodenburg, de l’Ontario les ont aussi aidés dans la conception de l’étable. Les plans d’ingénieurs ont été réalisés par les Consultants Lemay & Choinière. « Tout était à bas coût pour qu’on puisse aller de l’avant », raconte Bruno Proulx. Le sable était encore peu répandu au Québec.
Outre l’économie de coût, Bruno Proulx aime le confort apporté aux vaches, notamment en raison des logettes de sable, mais aussi pour la qualité de l’air dans une étable froide. Avec des étables isolées comme nous avons au Québec, il est difficile de ventiler beaucoup en hiver. « C’est en parlant avec les producteurs américains qu’on s’est rendu compte que ça ne prend pas un château pour faire du lait, raconte Bruno Proulx. Ce que les vaches ont besoin, c’est être confortables, avoir une bonne ventilation, être bien alimentées et être traites d’une bonne manière chaque jour. » Comme conseil pour quiconque voudrait construire une étable froide, Bruno Proulx en donne un majeur : aller s’informer auprès de gens qui en ont construit et qui travaillent avec ce genre d’étable, comme lui est allé voir des producteurs américains. Le producteur qui revient constamment dans la discussion est George Mueller de Clifton Springs, dans l’État de New York. C’est lui qui l’a conseillé dans la gestion du fumier. Voici donc les photos de la visite.
Étable des génisses
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La nouvelle étable a été construite en 2021 et mesure 386 pi sur 102 pi. On y retrouve 311 logettes pour les génisses et taures de six mois jusqu’à un mois avant le vêlage. Un groupe de 45 vaches taries y est aussi logé. Le bâtiment est de même conception que celui des vaches en lactation, sauf qu’on y retrouve quatre rangées de logettes au lieu de six et que les animaux sont sur matelas avec ripe au lieu des logettes de sable. Toutes les aires d’alimentation de tous les animaux sont équipées de carcans. Le bâtiment est non isolé. Les murs font 6 pi de haut de toile pour la ventilation et de 10 pi de haut de planches ajourées pour la ventilation hivernale avec des panneaux de polycarbonate pour la lumière. Une ouverture le long du plafond au centre agit comme cheminée pour la ventilation. En hiver, les toiles sont complètement fermées. Des ventilateurs de recirculation seront installés avant l’été pour rafraîchir les animaux durant la saison chaude. Les logettes sont prévues pour pouvoir y loger des animaux de différentes tailles, même des vaches. Au moment de la visite, les premières génisses venaient d’y aménager quelques jours plus tôt. Par le passé, les génisses et les taures étaient dans cinq étables différentes. Selon l’ingénieur Christian Lemay, le coût de construction de l’étable avant les équipements, l’électricité et la plomberie est de 10$ du pi2 de moins qu’une étable isolée.photo: Marie-Josée Parent
Étable des vaches laitières
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L’étable des vaches en lactation a été construite en 2006-2007 avec un agrandissement en 2017-2018 pour un total de 378 pi sur 119. On y retrouve 384 logettes sur six rangées et un parc-hôpital pouvant loger 16 vaches. Le modèle est emprunté du Dairyland Initiative, au Wisconsin. « Ce que j’adore de cette étable-là, c’est qu’il fait froid et tous les rideaux sont levés. Tu n’as plus à t’occuper de la ventilation de l’hiver. Dans une étable isolée, il fait chaud durant le jour, ça baisse. La nuit, il fait plus froid, ça remonte. T’es toujours dépendant de la mécanique. Ici, peu importe la température, il y a toujours de la ventilation », dit Bruno Proulx. Le site est prévu pour 400 vaches en lactation.photo: Marie-Josée Parent
Salle de traite
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La salle de traite de marque Boumatic et de type parabone (traite entre les pattes arrière), double 8, est en fonction depuis mai 2007. Les 300 vaches y sont traites trois fois par jour. La salle de traite fonctionne plus de 13 heures par jour. La salle d’attente est isolée et le plancher est chauffant. Toutes les vaches retournent vers l’étable du même côté, à droite sur la photo, ce qui est plus simple pour la gestion du trafic. L’équipement est très simple pour faciliter l’entretien. « Ce n’est qu’une trayeuse et un retrait », dit Bruno Proulx. Pour chaque traite, il faut trois personnes : une pour la traite, une pour le fumier et l’entretien des logettes et une troisième pour l’entretien des logettes, les changements de groupe et l’aide à la traite.photo: Marie-Josée Parent
Plancher
Rainures étroites et peu profondes pour les génisses de moins de 12 mois.photo: Marie-Josée ParentRainure pour les vaches et génisses de plus de 12 mois. photo: Marie-Josée Parent
Abreuvoirs
Puisque la température descend sous zéro en hiver, tous les abreuvoirs sont chauffants.photo: Marie-Josée Parent
Ventilateurs
En été, des ventilateurs de recirculation rafraîchissent les vaches. Il y en aura dans l’étable de génisses, mais au moment de la visite, ils n’avaient pas encore été installés. Sauf durant les périodes de chaleur, il n’y a pas de bruit de ventilateur dans l’étable.photo: Marie-Josée Parent
Sable
Les vaches en lactation sont logées sur litière de sable. Les logettes sont grattées trois fois par jour et le sable est ajouté une fois par semaine. Le fumier est poussé trois fois par jour à l’aide d’un Bobcat. L’éclairage est au DEL partout.photo: Marie-Josée Parent
Litière de ripe
Dans la nouvelle étable, un espace est prévu pour entreposer la ripe.photo: Marie-Josée Parent
Chaleurs
La détection des chaleurs chez les génisses est effectuée avec l’aide du système Cow Manager. Il est orange et est installé dans l’oreille de la génisse. Bruno Proulx dit qu’il ne voulait pas de collier ou de podomètre pour les génisses.photo: Marie-Josée Parent
Logettes des taures
Dans chacun des six groupes de taures, les dimensions des logettes varient en fonction de l’âge, mais surtout du poids des taures. Même les dimensions des murets sont prévues en fonction de la taille des taures.photo: Marie-Josée Parent
Soins aux vaches
Dans l’étable des vaches en lactation, une section est prévue pour les soins aux vaches. On y retrouve une cage hydraulique où le propriétaire y fait le parage d’onglons et une barrière de contention avec barrière de tête. Le mur à gauche est un bureau de régie pour le troupeau. On y retrouve tous les équipements et produits vétérinaires nécessaires pour les soins aux vaches. L’insémination est faite par le propriétaire. Le vétérinaire fait des tests de gestation à toutes les semaines. Les vaches non gestantes sont placées sur le protocole de synchronisation.photo: Marie-Josée Parent
Couloir
Un couloir relie les deux étables. Les murs du couloir sont des toiles, de telle sorte qu’en été, l’air circule à cet endroit.photo: Marie-Josée Parent
Lagune
Durant chacune des trois traites, le fumier des vaches en lactation (étable de droite) est poussé dans la lagune au bout de l’étable, alors que les vaches sont dans l’aire d’attente ou à la traite. Pour les génisses et les vaches taries (étable de gauche), le fumier est poussé une fois par jour. La rampe de déchargement du fumier est sur toute la longueur pour faciliter le travail, en particulier en hiver alors qu’il pourrait y avoir des accumulations de glace. La lagune fait 346 pi sur 150 de large et de 12 pi de profond. Le fond est bétonné et la rampe d’accès est aussi bétonnéephoto: Marie-Josée Parent
Ferme M.G. Proulx Municipalité : Saint-Placide, Basses-Laurentides. Propriétaires : Bruno Proulx, Émilie Lépine, Marcel Proulx et Lise Beauchamp. Employés : huit travailleurs guatémaltèques. Troupeau : 700 têtes, dont 350 vaches adultes, dont 280 à 290 à la traite. Quota : 480 kg, moyenne 1,65 kg/vache/jour. Moyenne 2021 : 4,41% de gras, 3,20% de protéines, 58 000 cellules somatiques par ml, 5000 bactéries. Cultures : 450 ha, en foin, maïs-ensilage, maïs humide et soya.
L’article Une étable froide à l’américaine a d’abord été publié dans le magazine Le Bulletin des agriculteurs de février 2022. Pour ne rien manquer, abonnez-vous.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Marie-Josée Parent
Agronome et journaliste
Marie-Josée Parent couvre les productions laitière, bovine, avicole et porcine au Bulletin des agriculteurs.