La Ferme GPL de Saint-Henri, en Chaudière-Appalaches, respire la simplicité : étable froide, ventilation naturelle, litière accumulée, pas de raclette ni de repousse-fourrage. Le toit de toile apporte une luminosité comme au pâturage. Tout a été conçu pour le bien-être des vaches en lactation. Visite en photos.
« J’ai toujours dit que je ne tirerais pas des vaches toute ma vie », raconte Marc-Antoine Lacasse, copropriétaire de la Ferme GPL de Saint-Henri avec ses parents, Sylvie Langlois et Pierre Lacasse. Quand il a réfléchi à l’étable qu’il souhaitait construire et dans laquelle il aimerait travailler, il s’est tout de suite dit que le bien-être animal devait être au cœur de ses préoccupations. L’ancienne étable n’était pas si désuète que cela, mais les vaches étaient attachées et ça, il n’en voulait plus, autant pour le bien-être des vaches que pour son propre bien-être. Et puis, le robot de traite lui apporte de la flexibilité que la traite manuelle à heures fixes ne lui offrait pas.
Le modèle d’étable choisi lui ressemble. « Je suis très simpliste dans la vie », explique Marc-Antoine. Il fallait donc que tout soit le plus simple possible. Outre le robot de traite et le contrôleur, il y a très peu de mécanique et de technologies dans l’étable. « Je n’ai pas de stalles, pas de raclette, pas de piston, je n’ai pas de robot repousse-ensilage – j’ai fait une mangeoire creuse », explique-t-il. Les vaches sont en liberté sur de la litière accumulée. Le fumier dans la zone d’alimentation est poussé au tracteur dans une préfosse ouverte sans mécanique. Le robot de traite a un système de barrières qui permet d’optimiser l’utilisation du robot, le trafic contrôlé. Les vaches n’ayant pas besoin d’être traites sont dirigées dans l’aire d’alimentation. L’accès à la mangeoire est doté d’une barre seulement, sauf dans l’arrière-robot où il y a des carcans pour immobiliser les vaches lors des inséminations. Dans plusieurs des choix qu’il a faits, Marc-Antoine s’est fait déconseiller d’aller de l’avant, mais finalement, il a suivi ses idées de départ et il ne le regrette pas aujourd’hui.
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L’étable MegaDome de la Série AR des Industries Harnois construite à la Ferme GPL est l’une des seules de ce type en production laitière au Québec. Il s’agit d’un tout nouveau concept d’étable froide qui laisse entrer une très grande luminosité grâce à la membrane au niveau du toit. Outre le toit, le bâtiment ressemble à une autre étable de même dimension. Les descriptions des photos vous en apprendront davantage sur l’étable et les choix des spécificités.
Ferme GPL
Saint-Henri, Chaudière-Appalaches.
Propriétaires : Sylvie Langlois, Pierre et Marc-Antoine Lacasse.
Troupeau : 60 vaches à la traite.
Terres : 160 hectares.
Projet : Construction d’une nouvelle étable pour les vaches en lactation, de 26 sur 76 mètres (85 sur 250 pieds).

Le bureau et une terrasse au-dessus de la laiterie permettent d’avoir une vue d’ensemble de l’étable. Un sofa, une table et un tabouret ont même été installés sur la terrasse. La bâtisse ressemble davantage à un bâtiment d’élevage qu’à une remise à machinerie, comme c’est le cas pour les MegaDome réguliers. La ventilation est complètement mécanisée et contrôlée par un contrôleur Maximus. Les deux panneaux de hauteur, le long du bâtiment, peuvent se lever ou descendre indépendamment selon le moment de la journée. Ils peuvent se chevaucher au-dessus de l’ouverture pour maximiser l’entrée d’air. Au faîte du toit, des volets permettent la sortie d’air. Au moment de la photo, il venait de neiger. C’est pourquoi la membrane est plus sombre par endroits. Marc-Antoine expliquait que la neige est supposée se vider toute seule en hiver, mais il ne l’avait pas encore expérimenté puisqu’il vit son premier hiver. La grande luminosité est plus intéressante pour travailler, mais c’est surtout pour les vaches puisque cela aide à la reproduction. La construction a débuté au printemps 2021 et l’entrée des vaches s’est faite en mars 2022.


La vache sur la photo vient de se voir refuser l’accès au robot. C’est que l’étable est dotée d’un trafic contrôlé. Les vaches de l’aire de couchage se présentent à la barrière qui les reconnaît grâce à leur collier. Si la vache est due pour se faire traire, elle est dirigée vers le robot, sinon elle va dans l’aire d’alimentation. Lorsque la vache a terminé de se faire traire, elle est dirigée vers l’aire d’alimentation. De l’aire d’alimentation, la vache a accès à l’aire de couchage par l’une des six portes western. « Le but, c’est de rendre le robot plus efficace », explique Marc-Antoine. Ainsi, une vache qui n’a pas besoin de se faire traire ne prendra pas du temps précieux au robot, alors que d’autres vaches attendent de se faire traire. Le robot choisi est un DeLaval VMS V300. Marc-Antoine a été séduit par la caméra 3D qui apporte une grande précision. « Ça augmente la vitesse de traite », dit-il. Le robot est doté d’un module qui teste la progestérone dans le lait. Ça détecte les vaches en chaleur, dit quand les inséminer et détermine si la vache est gestante. « Je vais réduire beaucoup mes coûts de vétérinaire avec ça », dit Marc-Antoine.
La transition vers le robot s’est bien passée, mais elle a été pénible au début. Il avait toutefois eu de bons conseils. Les vaches ont toutes été transférées en une seule fois pour éviter de modifier la hiérarchie des vaches à chaque introduction de vaches. De plus, les vaches ont été transférées après la traite du soir pour leur permettre de se calmer avant le lendemain. C’est ce jour-là que la difficile tâche de pousser les vaches au robot a été effectuée. La tâche à deux équipes a débuté à 4h du matin pour se terminer à 2h dans la nuit. « J’ai trouvé ça éprouvant », raconte Marc-Antoine. Après deux semaines, presque toutes les vaches allaient au robot toutes seules. Deux semaines de plus et il n’y en avait plus à pousser.

L’arrière-robot sert surtout à l’insémination des vaches, mais aussi pour les vaches ayant besoin d’un traitement. C’est le seul endroit dans l’étable où il y a des carcans pour pouvoir immobiliser les vaches. C’est aussi à cet endroit que l’on retrouve la cage à sabots.



Marc-Antoine Lacasse a choisi de construire une mangeoire creuse pour que les vaches aient toujours de la nourriture à manger sans devoir constamment repousser l’aliment. La mangeoire a environ 30 cm de profond et 60 cm de largeur. Les barres horizontales ont été choisies pour réduire le coût. Malgré tout, il n’y a pas de compétition à la mangeoire puisqu’une étable sur litière accumulée doit être plus grande qu’une étable à logettes. Il n’y a donc pas de problème d’accès à la mangeoire pour les vaches. Lorsqu’il veut nettoyer la mangeoire creuse, Marc-Antoine utilise une raclette de sa conception qu’il a installée à l’avant de son tracteur. Les vaches sont nourries une fois par jour.

Puisque l’étable est froide, les abreuvoirs sont chauffés. Il y en a plusieurs dans l’allée d’alimentation, mais aussi dans la salle d’attente pour l’accès au robot et dans l’arrière-robot.

Pour le bien-être animal, deux brosses ont été installées dans l’aire de couchage.


Plutôt que d’installer des raclettes, Marc-Antoine a décidé de gratter lui-même le fumier deux fois par jour à l’aide d’un tracteur et de le pousser au bout de l’allée dans cette préfosse qui est vidée quotidiennement.

Les vaches taries de la Ferme GPL étaient déjà logées sur litière accumulée depuis quatre ans et Marc-Antoine Lacasse trouvait que c’était l’idéal. « Je trouve que les vaches sont bien », dit-il. La litière n’est pas brassée. Il l’a fait au début, mais il s’est rendu compte que ce n’était pas nécessaire. Selon lui, c’est, pour les vaches, comme dormir sur un matelas chauffant. La paille de blé est produite à la ferme. Marc-Antoine est très satisfait de la propreté des vaches. « C’est merveilleux! » dit-il.

« Quand on se promène sur le rang le soir et qu’on regarde l’étable, on voit le toit lumineux, ça fait spécial. Les gens se posent des questions », raconte Marc-Antoine Lacasse.