La météo sauvera-t-elle la mise?

La météo sauvera-t-elle la mise?

Les prix des grains à Chicago demeurent toujours sous pression ce printemps. Celui du maïs a atteint dans la dernière semaine sa plus faible valeur depuis l’automne 2021, à moins de 5,50 $US/bo. Le soya s’en tire « un peu » mieux, à son plus bas néanmoins depuis la mi-juillet l’an dernier, à près de 13,00 $US/bo. Finalement, malgré une mauvaise récolte de blé d’hiver à l’horizon dans les Plaines américaines, le blé demeure l’enfant mal aimé, à son plus bas en près de deux ans, autour de 6,00 $US/bo.

Il y a présentement de nombreux éléments qui expliquent cette faiblesse des prix, à commencer par le début de saison aux États-Unis qui a été jusqu’ici très favorable pour le maïs et le soya. Mais on s’interroge toujours aussi sur la fermeté de la demande pour les grains américains, spécialement du côté des exportations. Les spéculateurs à la bourse ne se montrent pas non plus très optimistes. Dans l’ensemble, ils continuent donc de miser de plus en plus sur un recul des prix, ce qui ajoute une pression baissière supplémentaire.

Avec ce recul qui se poursuit, plusieurs n’ont pas manqué dans les dernières semaines de faire un parallèle avec 2012-2013.

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Suivant des sommets en 2012, les prix des grains avaient connu effectivement au printemps et à l’été suivants en 2013 une baisse importante pour finalement toucher des creux à l’automne. Pour le maïs, on parle d’un sommet autour de 8,50 $US/bo en 2012, pour un creux à l’automne suivant à près de 4,00 $US/bo.

Dans cet ordre d’idée, nous avons eu en 2022 un sommet à près de 8,30 $US/bo pour le maïs, et serions donc en lice pour un creux cet automne, en principe de nouveau autour de 4,00 $US/bo.

Maintenant, est-ce que ce sera vraiment le cas?? Vous le savez aussi bien que moi, il existe un monde de différence pour les prix des grains entre le début de la saison et la récolte. La clé demeure la météo que nous aurons d’ici là. Et que nous réserve « en principe » Dame Nature?

L’image ci-joint révèle qu’a priori, les conditions sont beaucoup moins sèches qu’elles ne l’étaient l’an dernier à pareille date. On parle de 41% de superficies en situation de sécheresse à différents degrés aux États-Unis cette année, contre 63% à la mi-mai l’an dernier.

Cela dit, le diable est dans les détails. Si on creuse un peu plus, on constate que c’est quand même un peu plus sec que l’an dernier pour les cultures de maïs et de soya.

Quelque 25% des superficies de maïs sont présentement affectées par des conditions sèches contre 21% l’an dernier. Pour le soya, on parle de 19%, contre 12% l’an dernier. Il y a le blé de printemps qui s’en tire beaucoup mieux, avec 7% de superficies en conditions de sécheresse, contre 31% à pareille date l’an dernier.

Bref, en dehors du blé de printemps, c’est quand même « un peu » plus sec présentement cette année pour le maïs et le soya. Ceci jette des bases intéressantes à ce qu’il puisse y avoir des rallyes météo dans les prochaines semaines. Mais, c’est si elle ne collabore pas. Et, malheureusement, ça ne semble pas le cas pour l’instant…

La dernière mise à jour du NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) aux États-Unis révèle que, de manière générale, les conditions météo devraient être favorables pour les cultures de maïs et soya dans le Midwest américain de juin à août prochains.

Peut-être un peu plus humide du côté est, et un peu plus chaud dans la portion sud, mais rien de particulièrement préoccupant.

Bien entendu, ce sont des prévisions à long terme et très générales. Ceci veut dire qu’il y a quand même encore des chances de stress possible; qu’à un moment ou un autre, on s’inquiète de prévisions trop sèches ou trop chaudes à l’horizon pour les deux-trois prochaines semaines. Nous avons donc toujours des possibilités d’assister à des rallyes météo intéressants dans les prix des grains à Chicago dans les prochaines semaines. Mais, si c’est le cas, ce sera alors à mon avis de bonnes occasions à saisir pour réaliser quelques ventes…

À PROPOS DE L'AUTEUR

Jean-Philippe Boucher

Jean-Philippe Boucher

Collaborateur

Jean-Philippe Boucher est agronome, M.B.A., consultant en commercialisation des grains et fondateur du site Internet Grainwiz. De plus, il rédige sa chronique mensuelle Marché des grains dans le magazine Le Bulletin des agriculteurs.