La demande croissante d’hybrides de maïs à hauts rendements ainsi que l’instabilité grandissante du climat exacerbent les risques de verse de la tige. En cours de saison, les plants de maïs peuvent se déraciner sous l’effet de forts vents.
Avant d’aborder le sujet des racines d’ancrage, il faut d’abord donner quelques définitions. Lors de la germination des semences de maïs, des racines séminales sont produites en même temps que le germe (le coléoptile) se forme. Cependant, ces radicelles ne représentent qu’une partie infime du système racinaire qui se déploiera par la suite. Ce sont les racines adventives, celles qui émergent de chaque nœud de la tige, sous terre ou hors terre, qui formeront la majeure partie du système racinaire. On les appelle aussi racines secondaires, nodales, coronales ou définitives. Souvent, lorsque les racines adventives sont issues de nœuds situés au-dessus du sol, on parle de racines d’ancrage, pour celles qui s’enfoncent dans le sol, et de racines aériennes pour les autres qui n’ont pas réussi à le faire.
Les racines d’ancrage commencent à apparaître lorsque le maïs débute la formation des organes reproducteurs, environ au stade V7, et continueront leur croissance jusqu’aux premières semaines de la reproduction, c’est-à-dire, aux stades R1-R2. Certaines racines ne pénétreront jamais le sol. Des chercheurs du Mexique ont découvert que ces racines aériennes, qui ne parviennent pas à toucher le sol, peuvent former une association avec des bactéries fixatrices d’azote et ainsi fournir au maïs une partie de ses besoins en cet élément. Cependant, ce phénomène n’a pas été validé sous notre climat.
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Selon les résultats d’études faites par un groupe de chercheurs de l’université du Delaware, les racines d’ancrage jouent un rôle crucial dans la résistance à la verse du maïs, en plus de servir à l’absorption de l’eau et d’éléments nutritifs. Étonnamment, ils ont trouvé que le premier plateau de racines d’ancrage, celui qui est le plus près du sol, procure la plus grande protection contre la verse. Les racines issues des nœuds supérieurs sont graduellement moins efficaces à cette tâche. Elles occupent normalement toute la circonférence du nœud où elles émergent. Toutefois, lorsqu’il y a eu de la verse au stade végétatif, les racines d’ancrage se concentrent du côté de la tige situé près du sol à cause d’une migration géotropique des hormones de croissance.
Qu’est-ce qui détermine la quantité et le nombre de racines d’ancrage? Du point de vue de la génétique, on pourrait croire que les hybrides précoces, qui passent du stade végétatif au stade reproductif plus rapidement que les hybrides tardifs, produiraient moins de racines d’ancrage puisqu’ils atteignent les stades R1-R2 plus tôt. Cependant, tel n’est pas le cas. À force de sélectionner pour de la précocité et une bonne tenue, les sélectionneurs sont parvenus à maintenir une bonne quantité de racines d’ancrage chez les hybrides précoces. Cependant, en amélioration génétique, tout est question de compromis. Les racines d’ancrage n’y échappent pas. Pour la plante, leur formation est une « dépense » des fruits de la photosynthèse, au même titre que ceux consacrés à la formation des grains et des panicules. En mettant trop l’accent sur le rendement, le sélectionneur pourrait accorder trop d’importance à la croissance de l’épi et pas assez à celle des racines. Contrairement à notre intuition, la plante de maïs a normalement amplement de racines pour absorber l’eau et les éléments nutritifs. En revanche, la production de grosses racines d’ancrage utilise beaucoup de matière sèche. Heureusement, des protocoles d’essais sont en place pour choisir des génotypes à haut rendement tout en assurant un niveau acceptable de tolérance à la verse végétative.
Quoiqu’il existe des différences entre les hybrides pour la taille et le nombre des racines d’ancrage, l’environnement de croissance a davantage d’influence à ce chapitre. Ainsi, en condition de stress ou de faible fertilité, la croissance des racines d’ancrage peut être limitée. Leur émergence peut également accuser un retard par rapport au développement de la tige durant la phase de montaison qui va du stade V8 au stade VT. Le maïs serait alors temporairement vulnérable à la verse végétative dans l’attente d’un rattrapage de croissance des racines.
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