Il y a quelques semaines la télé espagnole RTVE diffusait un documentaire intitulé « Colón ADN, su verdadero origen » (NDLR: « L’ADN de Colomb, son origine véritable »). On y expose les travaux menés par José Antonio Lorente de l’université de Grenade, qui réfutent l’hypothèse affirmant les origines génoises de l’explorateur Christophe Colomb.
Bien que la conclusion du chercheur soit controversée, le cheminement pour y arriver est intéressant. En effet, le mariage de l’archéologie et de la génomique permet de reconstituer plus précisément la vie de l’explorateur.
Dans la même veine, Jeffrey Ross-Ibarra de l’université Davis en Californie nous partageait récemment, dans une visio-conférence, les résultats de ses études sur les origines du maïs. Ici aussi l’archéologie et la génomique sont conjointement mises à contribution. Notamment, on peut « rabouter » des segments détériorés d’ADN, prélevés sur des vestiges archéologiques, afin de décortiquer l’évolution des espèces.
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Vous savez sûrement que le maïs est la seule espèce des quatre grandes cultures d’envergure mondiale (les autres étant le blé, le riz et le soya) qui est originaire de l’Amérique. On a longtemps spéculé sur les origines du maïs, mais à la suite d’un article de Beadle publié en 1939 on a accepté que le maïs descend d’une graminée nommée teosinte parviglumis qu’on retrouve sur les terres basses du Mexique situées près du pacifique.
Cet ancien maïs, qui serait apparu il y a environ 9000 ans, n’existe plus aujourd’hui. En effet, l’analyse de l’ADN provenant des trouvailles archéologiques démontre que, il y a environ 5500 ans, les humains auraient amené ce maïs sur les plaines intérieures où il se serait hybridé avec teosinte mexicana. Or, cette diversité génétique nouvellement acquise lui aura permis de s’implanter initialement vers le sud, jusqu’au Pérou, et par la suite partout dans le monde.
Un article de Benjamin Berube et ses collaborateurs, paru cet automne dans Nature, confirme l’hypothèse, jusqu’à tout récemment considérée comme impossible, d’un croisement entre l’ancien maïs et teosinte mexicana. On comprend mieux maintenant d’où provient la diversité du maïs et pourquoi il a été possible de le « domestiquer » à l’échelle planétaire.
Pour consulter d’autres blogues de Jean-Marc Montpetit c’est ici: Entre deux rangs