Marchés: Quels facteurs à considérer en 2025?

L’imposition des tarifs par les États-Unis pourrait avoir un impact négatif sur le prix des grains

Publié: 12 janvier 2025

Marchés: Quels facteurs à considérer en 2025?

La nouvelle année débute avec une dose supplémentaire d’incertitude, gracieuseté de la nouvelle administration américaine élue aux élections de novembre 2024. Il semble que Donald Trump ait décidé de régler le déficit américain en imposant des tarifs aux exportations vers les États-Unis. Quant à savoir s’il s’agit d’une menace sérieuse ou d’une tactique de négociations, les marchés anticipent des conséquences à court et moyen terme, si on se fie au précédent mandat républicain. La Chine avait répliqué à l’imposition de tarifs en cessant d’acheter du soya américain pour se tourner vers le Brésil, ce qui avait plongé le prix de la fève. Depuis, le marché américain n’a jamais réussi à retrouver cette part de marché.

Les firmes Rabobank et StoneX ont présenté leurs prévisions dans la dernière semaine. Le Bulletin a d’ailleurs assisté à un webinaire du Groupe StoneX sur la question et en a relevé les principaux éléments.

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Si on se fie aux analyses sur le sujet, la question ne semble plus de savoir si Donald Trump imposera des tarifs, mais plutôt quand et de combien. L’économiste en chef des matières premières chez le Groupe StoneX, Alan Suderman, prévoit un règlement rapide avec le Canada et le Mexique. La Chine pourrait se laisser désirer afin d’obtenir la meilleure entente possible.

Chez Rabobank, on s’attend à une réplique immédiate qui viserait les biens de base, particulièrement le soya, avec des tarifs de 25% sur les grains et les huiles végétales. Bien que les États-Unis ne dépendent plus autant du marché chinois qu’en 2018-19, l’effet se ferait sentir sur les prix de la fève. Rabobank prévoit un recul de 1,50 à 2$ US le contrat à terme sur le boisseau à Chicago si ce scénario se concrétisait. L’autre conséquence serait une diminution de cinq millions d’hectares de superficies semées en soya aux États-Unis.

Lors de la précédente guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis, le prix du soya a reculé jusqu’à 8 $US le boisseau, son niveau le plus bas depuis 2008. L’administration Trump avait accordé des subventions de 23 G$US aux producteurs américains. Dans une entente signée en 2020, la Chine avait promis d’importer pour une valeur de 40 G$ de biens américains. La Chine a acheté pour 38 G$ en 2021 avant de réduire ses achats les années suivantes.

Aucune étude n’a été réalisée du côté du marché des viandes, mais Rabobank signalait que les États-Unis exportaient pour 1,64 G$ en bœuf et 933 M$ en porc vers la Chine, ce qui en fait le troisième marché en importance pour les deux protéines.

L’économie américaine en 2025

En plus d’aborder le marché des grains, l’économiste de StoneX a passé en revue les indicateurs économiques des États-Unis en ce début d’année.

L’élément qui retient le plus l’attention est la direction que prendra la politique monétaire américaine. Le chômage est en baisse aux États-Unis, selon les dernières statistiques, mais inflation demeure élevée, ce qui signifie que la Réserve fédérale pourrait cesser la diminution des taux d’intérêt. Selon Alan Suderman, la Fed est intervenue trop tôt en réduisant les taux et l’économie est actuellement surstimulée. Il a d’ailleurs noté que l’optimisme économique des consommateurs est très élevé, ce qui pourrait alimenter l’inflation.

Les choix fiscaux face au déficit budgétaire seront à surveiller, prévient Alan Suderman. Avec une économie qui performe mieux que l’Europe et qui poursuivrait dans cette voie en 2025, le dollar américain devrait demeurer fort. La devise se trouve d’ailleurs à son niveau le plus élevé des deux dernières années. Les efforts de restrictions budgétaires pourraient être minés par la force du dollar. Il faudra également surveiller comment le Congrès américain réagira face aux décisions économiques de Trump.

La Niña et le Brésil

Le phénomène climatique La Niña est officiellement en place, avec comme perspective de s’affaiblir avant l’été. En se fiant aux dernières années La Niña, la spécialiste place le mois de juin comme une période critique pour le reste de la saison de croissance. Selon le patron météo actuel, l’été pourrait être chaud et sec dans le Midwest et le nord-est des États-Unis. En considérant le déficit hydrique encore important en décembre, la situation pourrait devenir problématique pour les cultures

Avec une des périodes les plus sèches connues dernièrement en Amérique du Sud, le Brésil et l’Argentine pourraient connaitre des mois difficiles. Les prévisions à court terme sont cependant bonnes du côté des deux pays producteurs de céréales avec des précipitations en vue.

Rendez-vous en février

La spécialiste estime qu’il sera possible d’en savoir plus sur l’allure que prendra l’année 2025 dès février. À ce moment, le nouvelle administration sera entrée en poste at aura défini ses priorités, tandis que les prévisions sur La Niña seront plus faciles à faire selon l’évolution de la situation. L’USDA aura également livré son rapport sur les stocks de céréales.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.