Un outil d’évaluation d’efficacité énergétique pour serriculteurs

Publié: 30 janvier 2025

Les coûts d’énergie représentent entre 15 et 30% des coûts d’une exploitation en serre. Photo: Philippe-Antoine Taillon (MAPAQ)

Pour exploiter une serre au Québec, il y a une constante : connaître les unités de chaleur nécessaires pour compenser le milieu extérieur ambiant. Pas besoin de dessin : six mois par an, le froid est un facteur important dans la ligne des dépenses des serriculteurs qui veulent rentabiliser leur production.

Mais, comment y arriver?? Il y a tant de variables à considérer. Pour aider les serriculteurs, le Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ) a conçu un programme* contenant 30 paramètres qui permettent de mesurer l’efficience d’une serre.

« Les coûts d’énergie représentent entre 15 et 30% des coûts d’une exploitation en serre. Il est donc important de faire un diagnostic », explique William Sylvain, étudiant à la maîtrise en génie à l’École de technologie supérieure, lors du Colloque maraîcher en serre organisé par le CRAAQ en novembre 2024. La mesure de l’apport en énergie se fait à partir du bilan thermique.

William Sylvain, étudiant à la maîtrise en génie à l’École de technologie supérieure. Photo : William Sylvain

Pertes thermiques

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Les pertes thermiques peuvent représenter jusqu’à 80% par an dans une serre. Pour les éviter, William Sylvain a présenté les données qui doivent être prises en compte, à commencer par l’orientation de la serre (orientation nord-sud), la qualité des matériaux de la structure (aussi appelée enveloppe) et son étanchéité pour éviter les infiltrations d’air, ainsi que le matériel qui produit la chaleur dans la serre.

On ne peut pas dire que le polyéthylène, largement utilisé en serriculture, soit un matériau très isolant. Bien sûr, il a l’avantage de laisser passer la chaleur du soleil, ce qu’on appelle le gain solaire. Celui-ci est absorbé par les plantes et les équipements. Ceux-ci génèrent à leur tour un rayonnement infrarouge, c’est cette chaleur que nous ressentons lorsque nous entrons dans une serre. C’est un cercle vertueux, plus il y a de gain solaire, plus il y a de rayonnement infrarouge et plus il y aura de chaleur.

 Réaliser des économies d’énergie

Maximiser l’efficacité énergétique, nécessite un bilan des paramètres de la serre. « Il faut envisager de faire le tour de sa serre et de vérifier les points faibles de la structure : les points de ventilation, les portes ou des fissures qui permettent l’infiltration d’air froid. Il y a aussi la performance de l’équipement de chauffage et la possibilité d’une isolation du périmètre »,  précise William Sylvain. Une mise à niveau nécessite parfois des investissements coûteux, mais qui, selon lui, permet de réduire jusqu’à 14% les dépenses énergétiques **.  

Quant à l’orientation de la serre, si sa surface est majoritairement offerte au sud et qu’il y a isolation du flanc nord, l’économie pourrait aller jusqu’à 5%.

Vaincre le froid l’hiver

Hydro-Québec offre des rabais d’électricité aux serriculteurs, toutefois il arrive que lors de périodes de froid extrême, la société d’état coupe ces tarifs préférentiels pour soulager le réseau. « L’électricité est l’énergie la moins chère pour les serres, cependant, je recommande un chauffage d’appoint comme le propane ou le gaz naturel lorsque les tarifs sont à la normale », indique le chercheur.

 *Les outils d’évaluation de la consommation en énergie des serres du CRAAQ sont disponibles sur le site web CRAAQ.

** Les études de comparaison pour évaluer l’efficacité énergétique d’une serre sont basées sur une serre témoin basée à Shawinigan.

*Cet article est issu d’une collaboration entre le Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ) et Le Bulletin des agriculteurs.

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Eddy Verbeeck

Eddy Verbeeck

Journaliste

Eddy Verbeeck est journaliste, réalisateur et écrivain, il travaille dans le monde médiatique depuis plus de 30 ans. Il a notamment travaillé à l'émission La Semaine verte.