Les cultures nous parlent, est-ce que vous les écoutez?

Dans le soya, une visite en août, quelques jours avant la décoloration des feuilles, renseigne sur l’état de la culture

Publié: il y a 5 heures

Les cultures nous parlent, est-ce que vous les écoutez?

Il y a quelques jours, alors que je circulais à vélo sur un rang de campagne, j’ai observé un champ de soya présentant de sérieux symptômes de carence en potassium. Il y a un an, à pareille date, le même champ, également semé en soya, se trouvait dans le même état. Je me suis alors demandé pourquoi la situation n’avait pas été corrigée à la suite du problème survenu en 2024. La seule réponse plausible est que le champ n’ait pas été visité lorsque les symptômes étaient visibles.

Certes, les cultures nous « parlent » toute la saison. Je crois que les agriculteurs visitent périodiquement leurs champs ou confient cette tâche à des dépisteurs. On observe divers facteurs et on intervient si un ravageur atteint un seuil inquiétant. Les photos satellitaires ou celles prises par drone peuvent aussi informer sur l’uniformité d’un champ. Cependant, pour chaque culture, il existe un moment où une simple marche dans la parcelle permet de détecter les anomalies susceptibles d’affecter le rendement et dont les symptômes peuvent s’estomper avant la récolte.

Dans les céréales et le maïs, la période propice à ce type d’observation se situe au début de la montaison (stade V10-V11 dans le maïs), car un stress lié à la fertilité ou à l’accumulation d’eau influence alors fortement l’apparence de la plante. Toutefois, dans le soya, une visite en août, quelques jours avant la décoloration des feuilles, renseigne davantage sur l’état de la culture. On peut alors observer les vestiges des dégâts causés par le pourridié phytophthoréen en juin-juillet, la fréquence de la pourriture sclérotique et l’intensité des maladies foliaires.

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Les symptômes foliaires et racinaires du syndrome de la mort subite, causé par Fusarium virguliforme, sont aussi plus visibles en août. Cette maladie n’est pas encore très répandue au Québec, mais son intensité est souvent exacerbée par le nématode à kystes du soya, un autre ravageur qui menace de plus en plus nos cultures. Bien que la présence de kystes sur les racines soit un bon indice, l’infestation par le nématode doit être confirmée par une analyse en laboratoire.

L’information recueillie lors de ces visites permet rarement une intervention immédiate, mais elle sert à corriger des problèmes de fertilité ou de drainage pour la culture suivante, ainsi qu’à orienter la planification des rotations, le choix des semences selon leur tolérance au pathogène observé et la sélection du traitement de semence approprié.

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Jean-Marc Montpetit

Jean-Marc Montpetit

Chroniqueur au Bulletin des agriculteurs

Jean-Marc Montpetit est sélectionneur de végétaux et agronome. Il fait aussi de la vulgarisation de concepts agronomiques auprès des agriculteurs.