Les effets de la sécheresse sur les plants de soya

Publié: il y a 1 jour

Recolte du soya en Montérégie

Comme on pouvait s’y attendre, la récolte de soya est très variable cette année. Les rendements sont souvent décevants et ce, dans toutes les régions. En Montérégie, on observe parfois des rendements de 15 à 20% en dessous de la moyenne. La grosseur des grains est très variable du bas au haut du plant. Tous les acteurs du milieu s’entendent pour dire que la sécheresse de plusieurs semaines est la principale responsable des mauvais résultats.

Pourquoi et comment la sécheresse affecte-t-elle le développement du soya? Que se produit-il au sein de la plante lorsqu’un plant est en déficit hydrique, depuis la floraison jusqu’à la récolte? Nous avons abordé ces questions avec Pierre Migner, directeur de la recherche chez Agro-100, dans le but de comprendre les mécanismes en jeu et d’explorer des moyens de limiter les répercussions.

Que se produit-il à l’intérieur de la plante quand elle manque d’eau?

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L’eau est le moteur de la photosynthèse, explique Pierre Migner. « Si tu as moins d’eau, tu ralentis la photosynthèse, la transformation de l’énergie lumineuse en énergie chimique. Tu as moins d’hydrate de carbone (comme l’amidon) qui s’accumule dans les gousses ». Par conséquent, les plantes produisent moins de graines et celles-ci sont de taille plus petite.

L’eau revêt aussi une importance capitale dans le transport des nutriments. En effet, elle achemine ceux-ci des zones du sol où ils se trouvent vers les zones de croissance de la plante. Les nutriments sont absorbés avec l’eau par les racines et transportés dans la tige vers les feuilles et les gousses.

L’évapotranspiration, explique notre expert, crée un effet de succion qui fait que l’eau monte dans la tige pour atteindre les feuilles. « Donc, si tu n’as pas d’eau, il n’y a pas de transport des nutriments ». On parle entre autres de l’azote, du potassium et de la plupart des oligo-éléments. Ceux-ci sont essentiels au bon développement de la plante. En cas de sécheresse, la disponibilité de ces éléments est réduite aux points de croissance, ce qui entraîne une baisse du rendement.

À quelle étape de sa croissance le soya est-il le plus sensible aux déficits hydriques?


« Habituellement, le moment le plus critique pour une déficience en eau est au début de la floraison », explique Pierre Migner.

Cette année, le soya a été semé tardivement dans plusieurs régions. Le sol était alors bien humide, et les plants se sont développés sans problème jusqu’au stade V4. À partir de juillet, la sécheresse a fait son apparition au moment de la floraison. Des fleurs ont alors avorté. Au lieu de retrouver quatre ou cinq gousses par nœud, il n’en a poussé que deux ou trois. Les sols sableux ont été particulièrement touchés par ces conditions défavorables. Après cela, les précipitations en août ont été très faibles, ce qui a entraîné des gousses contenant moins de grains et des grains nettement plus petits.

Est-il possible de réduire l’impact de la sécheresse sur le rendement ?

Généralement, durant la saison, on observe une période de sept à dix jours sans pluie, ce qui est différent de ce qu’on a vécu cette saison-ci. « On peut limiter l’impact d’un épisode de sécheresse grâce à l’application d’un engrais foliaire », explique l’agronome retraité. L’utilisation d’un engrais foliaire permet de pallier la carence en nutriments qui peut survenir lorsque l’approvisionnement en éléments nutritifs est insuffisant et que l’eau ne circule pas adéquatement des racines vers les zones de croissance. Notre spécialiste précise que « l’application d’engrais foliaire se fait pendant la floraison pour combler les déficits en nutriments indispensables à la photosynthèse ».

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Yvon Therien

Yvon Therien

Agronome retraité et consultant

Yvon Thérien est agronome retraité et consultant spécialisé en agriculture. Il a été éditeur du Bulletin des agriculteurs de 2010 à 2024.