
Au Québec, les rendements en soya stagnent, voire diminuent. Pourquoi? Le Bulletin.com a recueilli l’avis d’experts de l’industrie.
Dans ce deuxième article d’une série qui se poursuivra au cours des prochaines semaines, on examine les questions de structure de sol, de populations et de maturités.
Compaction et structure de sol
« Le soya s’enracine mal en sols compactés. Or, la machinerie grossit sans cesse et la grosseur des fermes entraîne une urgence dans les semis et les récoltes. On ne voit pas toujours les traces dans le maïs qu’on récolte le lendemain d’une bonne pluie, mais les dommages sont souvent présents quand même et se font sentir à très long terme. La patience et l’utilisation de machineries moins lourdes corrigent la situation mieux que la sous-soleuse qui a plutôt tendance à déplacer le problème. »
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– Martin Lanouette, Syngenta Semences-NK
« Il faut respecter les conditions de sols, car elles ont un impact sur le rendement. La structure, la fertilité, le drainage, la compaction, le travail et la préparation de sol sont tous des facteurs contrôlables sur lesquels on peut agir en utilisant des machineries moins lourdes et en choisissant de bonnes rotations. »
– Stéphane Myre, Dekalb
Pratiques culturales
« Le semis direct est devenu très populaire pour des raisons économiques et environnementales. Malheureusement, cette technique est mal utilisée dans plusieurs cas, comme dans un terrain mal drainé, compacté, mal nivelé ou tout simplement avec une mauvaise répartition des résidus sur le sol. Le semis direct nécessite une bonne préparation pour bien le maîtriser, mais plusieurs producteurs n’ont pas encore trouvé les secrets de sa réussite. »
– Hicham Bali, SG Ceresco
« Le soya est souvent géré avec une faible régie pour avoir le coût de production le plus bas possible. Les doses de semis ont beaucoup diminué au fil des ans et les données démontrent qu’il ne faut pas semer des rangs trop espacés (pas plus de 15 pouces). Selon les cultivars, on doit avoir un taux de semis permettant d’obtenir une population finale de plus de 350 000 plants à l’hectare (c.-à-d. 420 000 grains/ha). »
– François Labrie, La Coop fédérée
« La population devrait varier selon la variété, l’espacement, le type de sol, la date de semis ainsi que le travail de sol. La population pour des rangs étroits sera plus grande qu’en rangs de 30 pouces. Le soya réagit beaucoup à la lumière et a une bonne photoélasticité. Un plant qui a plus de compétition poussera en hauteur avec des entrenœuds plus distancés. La première gousse sera plus haute, ce qui facilite la récolte et limite les pertes au battage. Cependant, avec un plant long qui couvre le sol, l’humidité reste davantage sous le feuillage, ce qui peut favoriser le développement des maladies. D’autre part, en sol léger, le soya a tendance à être plus long qu’en sol argileux. Il est donc important de trouver le bon équilibre selon la variété utilisée et les pratiques culturales. »
– Marie-Andrée Noël, Croplan Genetics
« On devrait exploiter davantage le potentiel de rendement en fonction de la maturité. Des recherches récentes menées en Ontario ont démontré qu’on peut accroître la maturité des variétés hâtives de soya jusqu’à 250 unités thermiques par rapport aux UTM dans le maïs, mais à condition de semer avant le 15 mai. Par exemple, une variété de 123 jours donnera 336 kg/ha de plus qu’une variété de 113 jours semée la même date. Cependant, la variété doit être considérée comme pleine saison et la récolte ne peut être suivie par un semis de blé d’hiver. Il faut aussi faire attention aux risques de gels hâtifs. Les chercheurs insistent de moins en moins sur la température du sol, mais plutôt sur la date de semis dans un sol en bonne condition. »
– Daniel Masse et Sébastien Charest, Semences Hyland