Varier l’azote en continu

Publié: 14 octobre 2014

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Mario Doyon est de ceux qui croient au fractionnement de l’azote, tellement qu’il en applique jusqu’à quatre reprises dans son maïs. Pour plus de précision et d’efficacité, la dernière dose est appliquée à taux variables, à l’aide de capteurs d’indice de végétation NDVI.

Lecteur OptRX d'Ag Leader. PHOTO : André Dumont
Lecteur OptRX d'Ag Leader. PHOTO : André Dumont

Éleveur de porcs et producteur de grandes cultures à Saint-Germain-de-Grantham, dans le Centre-du-Québec, Mario Doyon est accro à l’agriculture de précision. Il cultive sur billons, guidé par GPS. Son planteur à 12 rangs sème toujours deux variétés : huit rangs de l’une, quatre rangs de l’autre. « Ça me donne des parcelles côte à côte partout », dit-il.

Il y a trois ans, il s’est procuré chez Innotag deux capteurs NDVI OptRx d’Ag Leader. Il les installe de chaque côté d’un tracteur, vers l’avant. La lecture est envoyée à un moniteur Ag Leader, qui commande la pompe de l’applicateur d’azote sur son sarcleur.

Voici un survol de son programme de fertilisation azotée pour ses champs de maïs en 2014 :

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1)    Au semis, un démarreur liquide « 32 » : 40 unités
2)    Au stade deux à six feuilles, de 3000 à 3500 gallons de lisier de porc incorporé entre les rangs : environ 75 unités
3)    Sur un retour de soya, le troisième fractionnement est optionnel. Sur un retour de maïs, application de 32 liquide : jusqu’à 40 unités
4)    En sarclant au stade huit à dix feuilles, semis de ray-grass et « top dress » de 32 incorporé, à taux variables : 10 à 50 unités

C’est lors de cette quatrième application que les capteurs OptRx entrent en jeu, pour ajuster la dose d’azote selon les besoins du maïs.

Pour chacun des champs, Mario Doyon repère un secteur où les plants affichent une verdeur qui lui apparaît optimale. Il pénètre dans le champ en appliquant à dose fixe, puis vient réaliser une lecture de ce maïs qui, visiblement, ne manque de rien. Supposons que la lecture s’établit à 0,364.

Cette lecture devient alors un étalon. Pour le restant du champ, tout le maïs qui affiche un NDVI de 0,364 ou plus recevra une dose minimale d’azote, par exemple, 20 kg/ha. Le maïs qui affiche une lecture inférieure recevra plus d’azote, mais jamais plus de 60 kg/ha. Au préalable, le producteur aura établi qu’en dessous de 0,164, le maïs est tellement mal en point qu’il est préférable de ne rien lui donner du tout.

Le producteur Mario Doyon.  PHOTO : André Dumont
Le producteur Mario Doyon. PHOTO : André Dumont

Cette technologie est particulièrement utile pour gérer la variabilité des types de sols à même un champ, affirme Mario Doyon. « J’ai des champs qui débutent avec de l’argile lourde et se terminent en terrain sablonneux. Mon rendement variait autrefois de 11 à 13 tonnes à l’hectare. Aujourd’hui, il est plus uniforme. »

Avec toute la pluie qui est tombée en mai et juin cette année, une partie de l’azote a été emportée, notamment dans les sols sableux. « Ça se voyait : mon maïs était beaucoup plus beau dans les sols lourds », rapporte notre producteur. Les lectures NDVI ont permis d’ajuster à la hausse la dose dans les sols sableux.

Les précipitations et la température ayant également une influence sur la disponibilité de l’azote provenant des fumiers, une dernière application à dose variable permet aussi de s’ajuster en fonction des particularités de la saison en cours.

La dose cible est de 190 unités. Avec les lectures NDVI, des secteurs du champ de maïs en recevront encore plus, d’autres moins. « On n’économise pas sur l’azote, mais elle est mieux positionnée », conclut Mario Doyon.

  • Dans son numéro d’octobre 2014, le Bulletin des agriculteurs vous présente un dossier complet sur les lecteurs d’indice de végétation pour déterminer des doses d’azote à taux variable.

À PROPOS DE L'AUTEUR

André Dumont

André Dumont

Journaliste

André Dumont est vidéaste et journaliste spécialisé en agriculture et agroalimentaire. Il collabore au Bulletin des agriculteurs depuis 2007.