L’azote à taux variable : une voie à creuser

Les outils technologiques et le numérique ont un grand potentiel en agriculture, mais ce n’est pas toujours facile de les appliquer sur le terrain

Publié: 7 février 2023

L’azote à taux variable : une voie à creuser

Qui ne rêve pas de n’appliquer que les doses d’azote nécessaires dans un champ, avec les économies qui vont de pair? Avec le développement des machineries de précision et les technologies numériques qui compilent les données, ce qui semblait un défi impossible à relever dans un passé pas si lointain semble à portée de main.

Si tous les outils sont disponibles, il demeure difficile de les faire travailler ensemble, mais plus encore d’interpréter les données, selon des projets menés récemment.

Philippe Jetten-Vigean, agronome et conseiller en grandes cultures au club Dura-Club de Bedford, a mené un projet de ce genre dont il a fait le bilan lors d’un webinaire du MAPAQ sur les grandes cultures. Il a présenté les résultats d’essais réalisés sur trois fermes visant à évaluer les doses économiques d’azote. Il l’a fait grâce à des applications d’azote à taux variable dans le maïs-grain au moyen de technologies numériques. Il s’est penché sur les essais menés sur un champ de maïs sur un retour de maïs, fait en semis direct, situé à Pike River. Le champ a été divisé en damier, permettant de répéter plusieurs fois les essais ainsi que leur nombre, soit sept doses différentes dans le champ à des endroits variés.

DEON : Dose économique optimale d’azote (N) Source: Philippe Vitten-Vigean

L’année 2022 s’est avérée très bonne pour le maïs, ainsi que pour le producteur participant aux essais. Il est toutefois possible de faire plusieurs constatations au terme de l’expérience. Bien que peu importante, la dénivellation dans le champ a joué un rôle dans l’absorption de l’azote qui a été plus facile en zone élevée et moins dans la zone plus basse, ce qui fait dire à l’agronome qu’il ne vaut pas la peine d’appliquer l’engrais dans les endroits délavés, même si la pente semble minime. Philippe Jetten-Vigean a également pu vérifier que les zones de végétation prises à partir de satellite correspondaient aussi aux zones ayant affiché le meilleur rendement.

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La surprise a toutefois été de voir que les meilleures zones de rendement, selon la carte de rendement de la moissonneuse-batteuse, ne coïncidaient pas nécessairement avec les plus grandes applications d’azote. «Il faut faire attention à la qualité des données (calibration des équipements). Un rendement élevé n’est pas nécessairement une réponse à l’azote. Il faut essayer de comprendre pourquoi en investiguant dans le champ. Les cartes n’ont pas toutes les réponses et on ne peut pas s’y fier aveuglément», explique-t-il. L’agronome cite différentes explications telles qu’un meilleur égouttement à certains endroits du champ.

La zone nord du champ affiche de forts rendements, mais n’a pas reçu autant d’azote que d’autres parties du même champ.Source: Philippe Jetten-Vijean

D’un point de vue économique, l’application d’azote à taux variable vaut la peine d’être explorée. Chez le producteur en question, selon le taux appliqué, les économies variaient de 60$ à 150$ à l’hectare avec des applications allant de 80 à 200 unités d’azote en post-levée.

Pour des fermes de bonnes tailles, le jeu en vaudrait la chandelle, mais il faut voir si le producteur a les équipements nécessaires pour effectuer ce travail, tout comme le temps à investir.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.