Cet automne, attendez-vous à une surprise quand vous rencontrerez votre fournisseur pour l’achat de semences enrobées d’insecticides. Des modifications à la Loi sur les pesticides entrent en vigueur pour la saison 2025.
Pourquoi la Loi sur les pesticides a été modifiée ?
Il y a eu des modifications importantes à la Loi sur les pesticides du Québec. C’est un changement majeur qui entre en vigueur en janvier 2025. Au printemps, il ne sera plus possible de semer et d’acheter des semences de maïs et de soya enrobées avec un insecticide sans détenir un certificat et une prescription d’un agronome pour l’acheter. Une nouvelle exigence qui touchera un très grand nombre de producteurs.
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Selon des sources contactées, on estime que plus de 50% du maïs semé au Québec était traité avec un insecticide cette année et moins de 10% pour le soya.
Les nouvelles exigences incluent les insecticides de la famille des néonicotinoïdes, mais aussi tous les autres insecticides utilisés pour enrober les semences de maïs et de soya.
Le ministère de l’Environnement a apporté ces changements afin de réduire la présence de ces insecticides dans les plans d’eau et de réduire les effets nocifs sur les pollinisateurs.
Est-ce que les insecticides pour les traitements de semence sont maintenant interdits?
Non, au lieu d’interdire les ventes de semences enrobées d’insecticides, le ministère a opté pour une règlementation qui limite de beaucoup leur utilisation.
« Une utilisation de dernier recours” pour reprendre l’expression de l’agronome Charles-Fournier Turcotte lors d’une formation pour les agronomes sur le sujet.
Les producteurs qui voudront se procurer des semences traitées avec un insecticide pour le printemps 2025 pourront le faire, mais ils devront s’attendre à un processus exigeant et laborieux.
Est-ce que la possession d’une prescription d’un agronome est obligatoire?
Oui, les producteurs devront obtenir d’un agronome une prescription. La prescription devra être accompagnée d’une justification détaillée avec des données à l’appui prouvant la nécessité de traiter avec un insecticide. Ces documents exigeront plusieurs heures de travail, selon Annie Desrosiers, agronome pour les semences Pioneer. Si à ce jour vous n’avez fait aucune démarche de suivi de vos champs avec un agronome pour dépister et évaluer les dommages causés par les insectes, elle estime qu’il sera très difficile de démarrer le processus.
La prescription sera nécessaire pour que le marchand accepte de vous vendre des semences traitées. De plus, les modifications à la Loi sur les pesticides du Québec prévoient des sanctions pécuniaires plus importantes pour les contrevenants.

Une fois qu’un producteur a une prescription, y a-t-il d’autres exigences?
Oui, une fois la justification et la prescription en main, le producteur n’est pas au bout de ses peines. Il devra s’assurer que la personne qui fait les semis pour la ferme détient un certificat (E1 ou E2) d’application de pesticides en milieu agricole. Pour obtenir ce certificat, il devra passer un examen du ministère.
Est-ce que tous les hybrides seront disponibles sans insecticides pour 2025?
La disponibilité de semences sans insecticides ne devrait pas être un problème, selon nos sources. La grande majorité des hybrides de maïs aux catalogues des semenciers seront disponibles sans enrobage d’insecticides, précise Annie Desrosiers de Pioneer. Elle ne prévoit pas de problème d’approvisionnement au printemps d’hybrides sans insecticides à moins d’un printemps hors normes. Nous suggérons à nos lecteurs de vérifier auprès de leurs semenciers cet automne.
Quelles sont les exigences pour la semence enrobée de fongicide seulement?
Pour les enrobages avec un fongicide, une justification et prescription agronomique n’est pas requise. Cependant, la Loi sur les pesticides du Québec a été modifiée pour inclure les semences traitées avec fongicide (classe 3B). Ce changement s’applique aux semences de maïs et soya, mais elle inclut aussi l’avoine, le blé, l’orge et le canola.
Les producteurs qui voudront semer des semences enrobées avec un fongicide devront être titulaires en 2025 d’un certificat (E1ou E2) d’utilisation des pesticides en milieu agricole.
En résumé, ces changements sont majeurs. Ils vont nécessiter beaucoup d’ajustements de la part des producteurs, des semenciers et des agronomes cet automne et le printemps 2025.