Le mois de mai a offert peu d’opportunités pour entamer la saison des semis. En fait, plusieurs producteurs n’ont pas encore débuté les semis de céréales en raison de la pluie qui tombe de manière régulière depuis deux semaines, et du temps frais qui a sévit à la fin avril. En plus, la météo est imprévisible d’une journée à l’autre, les prévisions changeant presque chaque jour.
Conséquence, au tiers du mois, la pression se fait sentir. Arrivera-t-on à semer à temps avec les hybrides sélectionnés ou faudra-t-il changer bientôt les plans pour maximiser les rendements de 2024?
Interrogé sur le sujet, l’agronome Stéphane Myre est conscient que le temps s’écoule rapidement pour les producteurs qui se trouvent sur le qui-vive. Les centres de semences et de services se préparent également à fournir d’autres hybrides ou encore plus de variétés de soya si jamais les fenêtres d’opportunités disparaissent du calendrier.
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La question à savoir s’il est temps de magasiner autre chose que les semences déjà sélectionnées est difficile à répondre. Cela dépend du niveau de risque que les producteurs sont prêts à assumer, des superficies à semer, de leur degré d’avancement dans les semis et des caractéristiques de leurs hybrides. Stéphane Myre rappelle un point important : les UTM tardifs ne sont plus seuls garants des rendements. « Un hybride de maïs tardif n’égale pas nécessairement plus de rendement, ce n’est plus vrai. Il faut se poser des questions au-delà des UTM. Il faut regarder d’autres caractéristiques comme la date de floraison, si elle est hâtive ou tardive, et la courbe de séchage à l’automne. Il faut en bref bien connaître ses hybrides avant de prendre une décision. »
L’agronome propose de répondre à ces quelques questions :
- Est-ce que changer d’hybride va réellement changer le résultat final ? Quel est le potentiel de rendement en tenant compte de l’humidité à la récolte ? Le maïs s’adapte dans une certaine mesure, dit l’agronome : même semé plus tard, il faut moins de temps au maïs pour que les croix sortent et pour que le point noir soit atteint.
- Est-ce pertinent de changer d’hybrides quand il faut moins de 3-4 jours pour semer son maïs ?
- Doit-on considérer l’ensilage comme le maïs-grain ? La réponse est non… L’ensilage offre plus de latitude que le maïs-grain.
- Quelle est la part réelle des hybrides tardifs que je dois changer ? Il faut tenir compte de la floraison et de la courbe de séchage des hybrides. Des hybrides « sécuritaires » à floraison hâtive et/ou reconnus pour avoir une courbe de séchage rapide ne seront probablement pas à changer.
- Quelle est la disponibilité des hybrides plus hâtifs en cas de changement ?
Quelques situations pourraient par contre inciter à changer d’hybrides ou encore de variétés. Cela pourrait être le cas si de 10 à 15 % de nos semences se situent à la limite de notre zone attribuée et s’ils sont trop tardifs pour réaliser leur plein potentiel. L’agronome cite en exemple un producteur qui aurait du 2900 UTM à semer dans le Centre-du-Québec et qui ne pourrait procéder d’ici le 15 mai. Il pourrait être sage alors de changer la maturité de son hybride. D’autres pourraient considérer modifier leur séquence de rotation pour passer en soya si jamais les semis n’ont pu débuter pour les céréales.
La météo des prochains jours sera déterminante, estime l’agronome. Si le beau temps s’installe pour plusieurs jours consécutifs pour rendre les conditions adéquates dans les champs, peu de changements devraient être nécessaires. Si par contre la séquence est interrompue, alors viendra le temps de se poser sérieusement certaines questions.
Mais comme la météo est imprévisible, Stéphane Myre recommande la patience, même si cela est plus facile à dire qu’à faire. Sauf exception, il rappelle qu’il faut attendre la période comprise entre le 21 et le 25 mai avant de prendre la décision de changer ou non la maturité des hybrides. Si la température prévue dans la semaine du 22-26 mai est favorable au semis, il est alors recommandé de poursuivre les semis tel que prévu initialement. « Il faut éviter de prendre des décisions trop hâtives et prématurées qui pourraient avoir des conséquences importantes en bout de ligne. »