Adjonction du tributylétain à la « liste de veille » des substances dangereuses

Publié: 9 novembre 2008

Rome (Italie), 3 novembre 2008 – Plus de 120 pays parties à la Convention de Rotterdam ont convenu d’ajouter le pesticide tributylétain à une « liste de veille » mondiale des échanges durant les négociations qui se sont déroulées à Rome la semaine dernière. Ils ne sont toutefois arrivés à aucun accord sur l’adjonction de l’amiante chrysotile et du pesticide endosulfan.

La conférence a réaffirmé que les gouvernements ont l’obligation d’utiliser le mécanisme de partage d’information de la Convention pour informer les autres parties de leurs décisions nationales relatives à l’importation et à la gestion des substances chimiques dangereuses.

« Le commerce est assorti de droits et de responsabilités, et les débats de cette semaine ont montré que la démarche de nombreux pays s’inscrit parfaitement dans cet esprit de réciprocité », a fait remarquer Bakary Kanté, Directeur de la Division du droit environnemental et des conventions du Programme des Nations Unies pour l’environnement.

Le PNUE, conjointement à la FAO, assure le secrétariat de la Convention.

La Convention de Rotterdam
La Convention de Rotterdam sur la procédure de consentement préalable en connaissance de cause (PIC) applicable à certains produits chimiques et pesticides dangereux faisant l’objet d’un commerce international encourage la transparence et le partage d’information sur les risques potentiels pour la santé humaine et l’environnement.

La « liste de veille » du PIC contient actuellement 39 substances dangereuses, y compris toutes les autres formes d’amiante.

« Les instruments internationaux tels que la Convention de Rotterdam servent à aider les pays à gérer les produits chimiques de façon avisée; ils ne constituent pas une fin en soi mais un moyen d’arriver à une fin », selon James Butler, Directeur général adjoint de la FAO qui s’exprimait lors de l’ouverture du segment de haut niveau de la conférence, à Rome.

En vertu de la Convention, les exportations de produits chimiques et pesticides figurant sur la liste PIC requièrent le consentement préalable en connaissance de cause du pays importateur.

Cela confère aux pays en développement la possibilité de décider lesquelles de ces substances ils souhaitent accepter et de refuser celles qu’ils ne sont pas en mesure de gérer en toute sécurité.

Il incombe aux pays exportateurs de garantir qu’aucune exportation ne quitte leur territoire si un pays importateur a fait connaître sa décision de rejet d’un produit.

Economie plus verte?
« L’empreinte chimique de nos économies modernes est clairement à croissance exponentielle aujourd’hui, a indiqué le Directeur exécutif du PNUE Achim Steiner.

« La transition vers une économie plus verte est liée aux responsabilités que nous avons, en tant que sociétés, gouvernements et institutions internationales, d’examiner comment l’utilisation de produits chimiques constitue un moteur de développement et non un facteur préjudiciable, notamment par son impact sur la santé de nos sociétés. »

Durant la conférence, de nombreux gouvernements ont manifesté de sérieuses inquiétudes sur l’incapacité de parvenir à un consensus sur l’adjonction de l’amiante chrysotile.

L’Organisation mondiale de la santé a émis une déclaration rappelant aux participants que le chrysotile est un agent carcinogène et qu’au moins 90 000 personnes meurent chaque année des suites de maladies liées à l’amiante, comme le cancer du poumon et du mésothéliome, une rare forme de cancer directement imputable à l’amiante.

L’amiante chrysotile est la forme d’amiante la plus répandue, représentant environ 94 pour cent de la production mondiale d’amiante. On le retrouve surtout dans les matériaux de construction, comme l’amiante-ciment, les tuyaux et la tôle, et dans la fabrication de produits de friction, de joints et de papier.

Les composants du tributylétain (TBT) sont utilisés dans les peintures anti-fouling pour les coques de navires. Ils sont toxiques pour les poissons, mollusques et autres organismes aquatiques. L’Organisation maritime internationale a pris des mesures en vue d’interdire l’utilisation de peintures antisalissures contenant des composés du TBT.

L’endosulfan est un pesticide très répandu dans le monde entier, en particulier dans les cultures de coton. Il est dangereux pour l’environnement et la santé de l’homme, plus particulièrement dans les pays en développement qui ne disposent pas de protections adéquates.

Quelque 70 000 produits chimiques sont disponibles sur le marché à l’heure actuelle, et environ 1 500 autres apparaissent chaque année.

Cela risque de constituer un grave problème pour les organismes de réglementation chargés d’assurer le suivi et la gestion de ces substances potentiellement dangereuses.

De nombreux pesticides qui ont été mis au ban ou dont l’utilisation a été strictement réglementée dans les pays industrialisés sont encore commercialisés et utilisés dans les pays en développement.

Site(s) extérieur(s) cité(s) dans cet article :

Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)
http://www.fao.org

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