Paris (France), 13 août 2004 – Les producteurs des fruits et légumes en appellent une nouvelle fois au gouvernement. Après l’annonce par Nicolas Sarkozy d’une réunion prochaine des acteurs du secteur, ils demandent « la signature d’un accord national sur les prix » de leurs produits avec la grande distribution, a-t-on appris vendredi auprès de la FNSEA et de la Fédération nationale des producteurs de légumes (FNPL).
Dans un communiqué diffusé vendredi soir, le ministère de l’Economie a reconnu que les agriculteurs connaissaient actuellement des « difficultés structurelles. Les prix payés aux producteurs de certains fruits et légumes sont actuellement insuffisants pour couvrir leurs frais de production », souligne-t-il.
De fait, Nicolas Sarkozy a demandé aux enseignes de la grande distribution, aux expéditeurs et aux grossistes, de « prendre les dispositions nécessaires, dès lundi 16 août, pour rémunérer les producteurs (…) concernés à un prix qui ne peut être inférieur au coût de revient des produits ». Dans le même temps, le mécanisme de plafonnement des marges des distributeurs sera poursuivi afin que « les consommateurs continuent de bénéficier de prix de vente attractifs », promet Bercy.
De son côté, le ministre de l’Agriculture Hervé Gaymard a fait savoir qu’il poursuivait son soutien à la campagne de promotion radiophonique des fruits et légumes lancée début août. « En accord avec les professionnels », M. Gaymard a décidé de renouveler cette opération « jusqu’à la rentrée des classes », a précisé le ministère dans un communiqué.
Multipliant les actions coup de poing, les producteurs ont décidé de faire appel à Nicolas Sarkozy, en soumettant à son cabinet « des propositions d’accords sur les prix de sept catégories de fruits et légumes » en crise, a expliqué Angélique Delahaye, présidente de la FNPL. Et, ce sur le modèle de l’accord conclu cette semaine en région Provence-Alpes-Côte d’Azur entre les producteurs de tomates, melons et poires du Bassin Rhône Méditerranée (BRM), et le fournisseur en fruits et légumes d’Intermarché PACA pour limiter les marges de la grande distribution.
Face à cette crise, le ministre de l’Economie avait obtenu en juin dernier un accord sur ces marges et l’instauration d’un système de « cliquet » en cas de crise pour les produits agricoles frais, les fruits et légumes en particulier.
Or « l’accord ne fonctionne pas », a déploré Patrick Ferrere, directeur général de la FNSEA (fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles). « Les acteurs de la grande distribution n’ont rien fait » pour appliquer cet accord qui prévoit d’une part « la suppression des remises, ristournes et rabais, immédiats ou différés, en nature ou en valeur ».
D’autre part, l’accord du 17 juin stipule qu’« en cas de crise exceptionnelle, la baisse des prix des produits agricoles sera répercutée au consommateur avec un gel de la marge des distributeurs ».
« Les prix à la production ont fortement chuté depuis juillet et plus longtemps encore » sans répercussion « pour le consommateur », a dénoncé la présidente de la FNPL. Les distributeurs « continuent à faire des marges qui leur permettent de s’en sortir » alors que la profession se débat.
Réclamant « un accord de crise », la FNPL et la FNSEA ont donc soumis des propositions au cabinet de Nicolas Sarkozy qui « avait pris des engagements », selon elles, en juin dernier.
Ces propositions de contrats sur le plan national et régional portent sur sept catégories de produits en crise, à savoir la tomate, le melon, la salade, les poireaux, la carotte, l’ail, le chou-fleur, a précisé la FNPL.
Selon la FNSEA, la réunion pourrait se tenir la semaine prochaine à Bercy mais le ministère de l’Economie n’était pas en mesure vendredi de donner de date précise.
« Si cet accord est appliqué loyalement, ça sera très bien, si ce n’est pas le cas, j’aurai un rapport très précis de la Direction de la concurrence et des prix et je prendrai des initiatives dans le courant du mois d’août », a prévenu Nicolas Sarkozy lors d’un déplacement jeudi dans l’Hérault. « Ce que je souhaite », c’est qu’un prix « couvre les frais de production ».
Signe de la colère des produits de fruits et légumes, une trentaine d’adhérents du Modef (Mouvement de défense des exploitants familiaux) se sont réunis jeudi vers 19h à Tournefeuille (Haute-Garonne), pour bloquer la centrale d’achat Socamil, appartenant à Leclerc, selon le commissariat de la ville. Dans le calme, ils ont tenu à protester contre la faiblesse des prix à la production et l’importance des marges prises par les intermédiaires et les grandes surfaces. Selon la Socamil, ils se sont dispersés vendredi à 4h du matin.
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Source : AP
Site(s) extérieur(s) cité(s) dans cet article :
Fédération nationale des producteurs de légumes (FNPL)
http://www.fnplegumes.org/
Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA)
http://www.fnsea.fr/