Ankara (Turquie), 14 janvier 2006 – La Turquie était sous pression dans sa lutte pour endiguer la grippe aviaire tandis que l’Europe et l’Asie définissaient de nouvelles mesures afin de prévenir ou de contenir une éventuelle pandémie.
Le ministère turc de l’Agriculture se démenait pour stopper la rapide propagation du virus, qui a contaminé 18 personnes au total, fait 3 morts et s’est répandu depuis la fin décembre d’est en ouest du pays, jusqu’aux portes de l’Europe, affectant près d’un tiers des 81 provinces turques.
Dans les régions égéennes de Bodrum (le Saint-Tropez turc), de Milas et de Marmaris (ouest), des fonctionnaires locaux sillonnaient les villages pour distribuer des brochures et organiser des réunions d’information dans les cafés.
Leur message aux villageois, mais aussi à tout le personnel des infrastructures touristiques : garder les volailles confinées dans les basses-cours, prendre des mesures de désinfection et des précautions à leur contact. La Turquie reste le seul pays hors de l’Extrême-Orient à déplorer des victimes humaines du H5N1, qui a fait 80 morts au total depuis son apparition en Asie en 2003.
La France a étendu jeudi les mesures de confinement des volailles à plus de la moitié de son territoire et les départements concernés par ces mesures sont passés de 26 à 58.
Les ministres allemand et français de l’Agriculture Horst Seehofer et Dominique Bussereau ont convenu quant à eux de « s’informer mutuellement des mesures qu’ils prendraient sur la grippe aviaire ». M. Bussereau s’est montré « intéressé » par l’idée qu’a suggérée son homologue allemand d’obliger les voyageurs en provenance de pays touchés par la grippe aviaire à remettre à la douane une déclaration écrite dans laquelle ils assurent ne pas transporter de volailles ni de produits interdits issus des volailles.
La Commission européenne va s’engager de son côté à contribuer pour 100 millions de dollars, ou 80 millions d’euros, à la lutte contre la grippe aviaire dans les pays extérieurs à l’UE. La Commission annoncera cet engagement lors de la conférence des pays donateurs qui se déroulera mardi et mercredi à Pékin sous l’égide de la Chine, de l’Union européenne et de la Banque mondiale, et doit rassembler quelque 80 pays et une vingtaine d’organisations internationales.
Les représentants de 21 pays réunis à Tokyo ont eux aussi plaidé vendredi pour accélérer la formation, en Asie, de spécialistes de la santé à la grippe aviaire. Ces 21 Etats réunis sous l’égide de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont appelé les pays asiatiques à « renforcer leurs capacités nationales pour détecter et réagir dès les premières apparitions » de la grippe aviaire. Selon Shigeru Omi, directeur régional de l’OMS pour le Pacifique ouest, la réunion de Tokyo « a été unique en son genre car elle s’est focalisée exclusivement sur le problème de la contention » d’une pandémie éventuelle.
La grande crainte des experts internationaux est en effet que le virus de la grippe aviaire (H5N1) n’échange des gènes avec celui de la grippe humaine classique, ce qui créerait une maladie très contagieuse susceptible de tuer des millions d’individus dans le monde. Si cette crainte reste pour l’instant écartée, des chercheurs britanniques ont découvert que le virus mortel H5N1 a muté sous une forme facilitant sa transmission de l’oiseau à l’homme.
Ces chercheurs font valoir que l’un des trois Turcs décédés a, semble-t-il, été touché par une forme plus dangereuse du virus, qui se fixe plus volontiers sur les récepteurs des cellules humaines que sur les récepteurs des cellules des oiseaux.
À lire aussi

Le monde agricole déçu des engagements du gouvernement Legault
Les promesses agroenvironnementales et la tarification carbone ne sont pas à la hauteur des attentes de l’UPA et des Producteurs de grains du Québec. Entrevue.
Source : AFP