
J’ai passé une bonne partie de la journée avec Clay Mitchell. Jamais je n’ai vu un producteur scruter avec autant d’intensité chacun des aspects de ses travaux aux champs.
En compagnie d’un stagiaire de France, Nicolas Pauwels, il m’a défilé la gamme d’expériences qu’il mène, graphiques à l’appui. Quand on est diplômé en génie biomédical, on sait faire des graphiques!
Clay Mitchell analyse une partie de ses rendements rang par rang. Il veut détecter le moindre problème dans son système d’autoguidage, la moindre défaillance sur son planteur ou son applicateur d’engrais.
Pionnier de l’agriculture de précision, Clay Mitchell m’avait bien prévenu: pour lui, les taux variables sont de la foutaise. Mettre plus d’engrais à un endroit et moins à un autre en fonction du potentiel du sol, il n’y croit pas. Il préfère déplacer de la terre pour restaurer la fertilité des sols qui ont souffert de trop d’années d’érosion par le labour et la pluie.

Les roues de tous ses équipements ont le même espacement afin de circuler au même endroit année après année. On appelle ça controlled traffic farming (gestion contrôlée de la compaction). Ce sera l’objet d’un dossier dans Le Bulletin des agriculteurs de septembre prochain.
Les essieux de ses tracteurs ont été élargis. Sur les semoirs et applicateurs d’engrais, Clay Mitchell et son père Wade ont équipé les essieux d’une direction active hydraulique. Quand ils cultivent en terrain incliné, le GPS posé sur ces équipements devient plus important que celui du tracteur.
À l’aide de la direction active de l’essieu du semoir, par exemple, celui-ci voit sa course corrigée pour ne jamais dévier de la ligne où a été enfoui l’engrais, même dans une pente accentuée.
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Clay Mitchell m’a montré brièvement la ferme où a grandi son père, avec sa douzaine de bâtiments à usages très spécifique : crib, poulailler, étable laitière, porcherie, hangars… Cette agriculture diversifiée est disparue depuis longtemps. La culture du maïs et du soya domine le paysage.
The Mitchel Farm s’étend sur 1000 hectares, dont plusieurs centaines en location. Certains des champs sont à 10 milles (16 km) du grand garage qui sert de bureau et de lieu de rencontre pour ceux qui participent aux essais. Seule la machinerie qui fait l’objet d’ajustements se trouve sur place.
Pour les curieux, ce printemps, Clay Mitchell a terminé de semer son maïs dans la première semaine de mai. Le 12 mai, il terminait de semer son soya. D’excellents rendements sont en route.