Paris (France), 22 février 2003 « Je ferai tout » pour que la réforme de la Politique agricole commune (PAC), très décriée en France, « soit bouclée d’ici juin, comme la présidence grecque s’y est engagé cette semaine », déclare le commissaire européen à l’Agriculture Franz Fischler dans une interview au « Journal du Dimanche ».
« Je veux dire aux agriculteurs français que la réforme de la PAC est une chance à saisir. Nous voulons améliorer et garantir leurs revenus sur dix ans, en favorisant une agriculture soucieuse de l’environnement mais aussi compétitive à l’international », plaide M. Fischler.
Les propos du commissaire européen ont été recueillis avant la visite de Jacques Chirac au Salon de l’Agriculture samedi à Paris, au cours de laquelle le président français a fustigé « l’entêtement » de M. Fischler, qui « a cru devoir faire de nouvelles propositions » en « ignorant superbement les conclusions du conseil européen ».
Le président français refuse toute renégociation de la PAC avant l’échéance de 2006, prévue par l’accord signé en mars 1999 par les Quinze à Berlin. La France a même obtenu en octobre dernier à Bruxelles que la PAC ne soit pas remise en cause par l’élargissement de l’UE.
Réagissant par la suite aux propos de M. Chirac, Franz Fischler a souligné depuis Bruxelles que « ne pas réformer la politique agricole commune n’aiderait pas les agriculteurs français ». Avec « ses propositions de réforme, la Commission respecte les décisions prises par le Conseil européen », a souligné M. Fischler.
Attendre, atil expliqué dans le JDD, « serait la pire des choses ». Si « nous n’agissons pas maintenant, cela pénalisera nos exportations agricoles ». La France « serait d’ailleurs un des pays les plus touchés ».
« Nous ne réformons pas la PAC pour faire plaisir aux EtatsUnis ou au Brésil. Nous avons un modèle agricole à défendre. Nous serons offensifs lors des prochaines négociations » à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), soulignetil.
« Ouvert à la discussion » sur la réforme et prêt à des « compromis acceptables », Franz Fischler note que « pendant des années, nous avons favorisé la surproduction, les agriculteurs cherchant à toucher d’avantage de primes ».
Le commissaire européen propose que les subventions ne dépendent plus du nombre d’hectares ou de têtes de bétail. Les aides seraient individuelles et fixes, un « découplage » qui permettra selon lui une augmentation des prix de « 7% pour les bovins quand la production diminuera de 3% ». En définitive, assuretil, les « agriculteurs seront gagnants ».
Les agriculteurs, avec « la garantie de cette aide individuelle, orienteront leur production selon les besoins du marché et pas selon l’évolution des subventions ». Enfin, interrogé sur son absence cette année au Salon de l’Agriculture, Franz Fischler note que d’ici juin, « les occasions de discuter ne vont pas manquer » avec les agriculteurs français. Il ajoute qu’il se rendra au salon l’an prochain.
À lire aussi

Le monde agricole déçu des engagements du gouvernement Legault
Les promesses agroenvironnementales et la tarification carbone ne sont pas à la hauteur des attentes de l’UPA et des Producteurs de grains du Québec. Entrevue.
Source : AP