Bourg-en-Bresse (France), 17 juin 2005 – Les agriculteurs français craignent de voir remis en cause le budget de la politique agricole commune (PAC) lors du sommet de Bruxelles en dépit des assurances répétées du gouvernement sur sa fermeté.
La France va « défendre le budget agricole et plus particulièrement l’enveloppe annuelle de la France de 8 milliards (d’euros) d’aides de marché », a affirmé le ministre de l’agriculture Dominique Bussereau, lors de la clôture du 39ème congrès des Jeunes Agriculteurs (JA) à Bourg-en-Bresse (Ain).
« Je tiens à vous assurer que nous comptons défendre le budget agricole dont le plafonnement a été décidé lors du Conseil européen de Bruxelles d’octobre 2002 (…) grâce à l’engagement déterminé du Président de la République », a ajouté M. Bussereau.
Pour le ministre, « ces dispositions ne doivent pas être remises en cause dans la discussion qui s’ouvre » jeudi à Bruxelles.
La France « aborde le sommet européen avec force et sans inquiétude » car elle dispose d’un « ensemble de pays alliés, peu de pays remettant en cause le budget agricole européeen », a-t-il également assuré, tout en reconnaissant: ce sommet « sera difficile » surtout après la victoire du non au référendum.
Pour faire part de leurs craintes, plusieurs membres des JA avaient déposé aux pieds de M. Bussereau, pendant son discours, un cercueil rempli de produits alimentaires tandis que d’autres déployaient une banderole sur laquelle était écrit « Bussereau=Bourreau ».
« Sur cette question du budget agricole européen, la France doit tenir bon, ne pas lâcher un euro », a martelé Bernard Layre, président des JA.
« Quand M. (Tony) Blair (le Premier ministre britannique) se plaint d’une PAC dont le budget représente 40% des dépenses de l’Union européenne, il faut lui rappeler que c’est la seule politique véritablement européenne », a ajouté M. Layre.
« Les paysans ne seront pas la variable d’ajustement du budget de l’UE », a déclaré Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA, le principal syndicat agricole français.
« Le président de la République ne peut faire la moindre concession sur ce sujet », a dit M. Lemétayer qui a souligné que « le non des paysans » français au référendum « était un signal d’alarme contre la bureaucratie et l’ultralibéralisme et non pas un rejet de l’Union Européenne ».
A contre courant, la Confédération Paysanne, deuxième syndicat agricole du pays, refuse « de considérer l’Union européenne comme une vache à lait ». « Une autre politique est possible », assure le syndicat dans un communiqué.
Selon lui, « il n’existe qu’un moyen, pour le président de la République, de sortir de ce débat par le haut: en proposant de revaloriser la contribution française au budget de l’Union européenne ».
« Une telle décision n’augmenterait que faiblement la contribution (nette) actuelle de la France (qui ne dépasse pas 1,725 milliard d’euros) et permettrait peut-être d’engager l’Europe dans une spirale vertueuse qui couperait l’herbe sous le pied des défenseurs de l’Europe des marchands », assure la Confédération paysanne.
Syndicat minoritaire, la Coordination Rurale dénonce le fait que « le concept d’agriculture assistée pour se soumettre à l’OMC mène à l’impasse financière, sans permettre une intégration satisfaisante des agriculteurs des PECO (Pays d’Europe Centrale et Orientale) ».
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Source : AFP
Site(s) extérieur(s) cité(s) dans cet article :
Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA)
http://www.fnsea.fr/
Jeunes agriculteurs
http://www.cnja.com