Québec (Québec), 7 septembre 2001 « Le gouvernement fédéral, par lentremise de son ministre des Pêches, vient encore une fois dasséner un dur coup à léconomie des régions maritimes du Québec ». Cest en ces mots que le ministre de lAgriculture, des Pêcheries et de lAlimentation, M. Maxime Arseneau, a commenté la récente décision fédérale concernant le partage interprovincial du flétan noir.
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Le ministre Dhaliwal a en effet annoncé sa décision de réduire la part des pêcheurs québécois de flétan noir. « En accordant aux pêcheurs du Québec 82 % de la ressource et 18 % aux pêcheurs de Terre-Neuve, le ministre fédéral renie tous ses principes dallocation de la ressource », a indiqué le ministre Arseneau. Selon les principes dhistorique, de contiguïté de la ressource et de dépendance, lindustrie du Québec aurait dû bénéficier de 95 % de lallocation.
Cette décision entraîne des pertes considérables pour les régions maritimes du Québec et plus spécifiquement pour la Gaspésie puisque la pêche au flétan noir génère 900 emplois saisonniers sur les bateaux et en usine, et que six usines de transformation tirent leur revenu principal de cette ressource.
Le non-respect des parts historiques québécoises au cours des années 1995-2000, uniquement dans la pêche au flétan noir, représente des pertes économiques évaluées à plus de 2 000 tonnes métriques dune valeur au pêcheur de 3,5 millions de dollars et de près de 6 millions de dollars à la sortie dusine. Ce sont plus de 100 emplois saisonniers qui sont ainsi perdus, accentuant les impacts négatifs sur lindustrie et les régions maritimes du Québec.
Cette dernière décision fédérale contre le Québec sajoute à une longue série de décisions tout aussi inéquitables qui, depuis une vingtaine dannées, ont entraîné une diminution dramatique de la part relative des débarquements québécois dans latlantique de 35 %. « Ce qui est encore plus désolant et révoltant, cest que le fédéral sattaque encore une fois à une clientèle particulièrement vulnérable puisque la majorité des pêcheurs concernés sont dépendants de cette espèce. Le fédéral vise à faire mourir à petit feu lindustrie québécoise des pêches mais nous ne nous laisserons pas faire », a indiqué le ministre Arseneau.
« À quoi sert de mobiliser tous les intervenants régionaux et de mettre en uvre, comme nous lavons fait au cours des dernières années, une série de mesures visant à soutenir et relancer léconomie de nos régions maritimes si, au même moment, le gouvernement dOttawa cède aux pressions politiques des provinces de lAtlantique et nous refuse laccès à une juste part de la ressource halieutique » de conclure le ministre, qui, du même souffle invite les acteurs régionaux concernés à se joindre à lui pour dénoncer lattitude de mépris du fédéral vis-à-vis des communautés maritimes du Québec.
Informations complémentaires relatives à la problématique du partage interprovincial du flétan noir ci-dessous.
Informations complémentaires
La problématique du partage interprovincial du flétan noir remonte en 1995, alors que lindustrie du Québec sest montrée très préoccupée par laccroissement de la participation des pêcheurs de Terre-Neuve dans cette pêche compétitive. En effet, les pêcheurs du Québec ont développé la pêche au flétan noir et ont capturé plus de 95 % de la ressource jusquen 1990, alors que leffondrement des stocks de poisson de fond a incité les pêcheurs de Terre-Neuve à réorienter leur pêche. Contrairement aux pêcheurs du Québec, qui sont dépendant du flétan noir et ont peu accès à dautres ressources, les pêcheurs de Terre-Neuve disposent de permis multiples leur permettant de réorienter leur activité lorsquun stock est en moins bon état.
En 1995, le ministre fédéral avait établi un partage temporaire de 82 % pour les pêcheurs du Québec et de 18 % pour les pêcheurs de Terre-Neuve. Ce partage, dénoncé par les pêcheurs du Québec, avait été maintenu pour les deux années suivantes, mais en 1998, le ministre fédéral David Anderson lavait modifié à 85 % – 15 % et à 88 % – 12 % en 1999. Cest donc dire que le ministre fédéral de lépoque considérait que le partage à 82 % – 18 % était inéquitable et quil fallait faire un ajustement à la faveur des pêcheurs du Québec.
À lautomne 1999, le ministre fédéral a mandaté un groupe indépendant afin de lui faire des recommandations relativement au partage inter provincial. Le Québec sest objecté dès le début à ce processus qui manquait de rigueur et de transparence. Alors que lindustrie du Québec nommait un représentant, de même que lindustrie de Terre-neuve, le ministre fédéral nommait le président. Un processus rigoureux aurait dû notamment sassurer que le président serait co-opté par les deux parties en cause. Il est dailleurs à noter que le rapport du groupe « indépendant » est dissident, le représentant nommé par lindustrie du Québec sétant dissocié des résultats en proposant plutôt un partage de 92 % pour le Québec et 8 % pour Terre-Neuve.
Finalement, soulignons que le partage historique de la ressource varie de 82 % – 18 % à 96 % – 4 %, toujours en faveur des pêcheurs du Québec, dépendamment de la période retenue. Pour la période 1979 à 1991, qui est la période retenue par le groupe de travail fédéral provincial sur les parts historiques parce que cette période est représentative dune pêche relativement ordonnée et exclut la réorientation des pêcheurs lors de leffondrement des stocks de poisson de fond, le partage sétablit à 94 % – 6 %. La période retenue dans le rapport, et donc par le ministre fédéral, est celle de 1990 à 1994 et celle qui pénalise le plus lindustrie du Québec.
Site(s) extérieur(s) cité(s) dans cet article :
Ministère de l’agriculture des pêcheries et de l’alimentation du Québec (MAPAQ)
http://www.agr.gouv.qc.ca/