Concept popularisé depuis une vingtaine d’année, l’agroforesterie attire de plus en plus l’attention avec les incitatifs aux mesures agroenvironnementales, mais aussi en regard aux changements climatiques qui bousculent les systèmes agronomiques.
Le CRAAQ livre ces temps-ci un nouveau feuillet d’une trentaine de pages, étoffé de plus de 150 références scientifiques, offrant une synthèse des connaissances sur l’agroforesterie. Il vise également à démonter les impacts qui peuvent être obtenus au niveau du sol et en cultures à la suite de l’implantation de systèmes agroforestiers et dans le contexte des changements climatiques. En plus de ce système, les haies brise-vent et les bandes riveraines sont aussi abordées dans l’ouvrage.
D’autres collaborateurs ont collaboré au projet et ont participé au tournage des vidéos associés au document. Il s’agit du chercheur David Rivest, professeur au Département des sciences naturelle à l’Université du Québec en Outaouais, et Jacques Côté, producteur laitier et propriétaire de la Ferme Bertco située à Baie-du-Febvre. Ce dernier pratique l’agroforesterie depuis plus d’une douzaine d’année.
À lire aussi

Le monde agricole déçu des engagements du gouvernement Legault
Les promesses agroenvironnementales et la tarification carbone ne sont pas à la hauteur des attentes de l’UPA et des Producteurs de grains du Québec. Entrevue.
Le manuel aborde la séquestration de carbone, la contribution dans la redistribution hydraulique et le rôle positif de ces systèmes pour empêcher le ruissellement et l’érosion. Trois vidéos filmées à la Ferme Bertco illustrent différents concepts. La première vidéo aborde la dynamique de l’eau dans le sol, l’autre la santé du sol, la matière organique et le stockage du carbone, puis la dernière, l’interaction entre les arbres et les cultures en systèmes agroforestiers.
Jacques Côté raconte que l’inspiration pour implanter le système chez lui est venue d’une formation qui démontrait le concept en France. Il souhaitait garder plus de neige sur ses cultures pérennes, comme la luzerne, et mettre en place des céréales d’automne. Il peinait aussi à voir le lac Saint-Pierre, reconnu par l’UNESCO, affecté par l’agriculture, alors que ses terres se trouvent sur le bassin versant du lac. Mais bien avant, son père avait instauré un respect de l’arbre qui lui a été transmis. L’agroforesterie lui a permis d’épandre davantage de fumier et d’intégrer de nouvelles cultures. Il a vu son sol s’améliorer. « Les arbres aident la vie dans les sols. »
Invité à donner des conseils aux intéressés, Jacques Côté a tout d’abord souligné qu’il faut aimer les arbres. « L’arbre peut être un ami si on choisit les bons et on sait bien l’utiliser. Il faut aussi se renseigner afin de savoir quels sont les bons arbres et où les mettre, puis se faire aider. Les services de taille et d’entretien sont plus nombreux qu’il y a une dizaine d’années.
Le producteur estime que son système forestier a retiré 3,5% de sa superficie cultivable avec 50 arbres à l’hectare. Pour ce qui est des pertes de revenus, « ce qui est perdu est rattrapé plus tard ». David Rivest a lui-même estimé les pertes versus les bénéfices d’un point de vue financier. Les deux s’équivalent, si on ajoute dans l’équation les paiements des revenus tirés de l’exploitation des arbres, la séquestration de carbone (50$ la tonne) et le rendement des cultures. « On arrive à un aménagement qui donne un statu quo du point de vue financier, mais cela ne tient pas compte des bénéfices pour le sol, la biodiversité et de bien d’autres éléments. »