Paris (France), 19 avril 2006 – La sécheresse reste préoccupante en France malgré une amélioration de la situation due à des pluies abondantes en mars, estime le ministère de l’Ecologie qui a réuni le comité sécheresse à Paris.
« La situation est plus encourageante que lors du précédent comité » qui s’était tenu en février, a indiqué devant la presse Nelly Olin, ministre de l’Ecologie. Mais elle reste « fragile, avec une recharge insuffisante des nappes. Or ce sont elles qui contribueront à alimenter les cours d’eau pendant l’été », a-t-elle ajouté.
Lors de la dernière réunion du comité sécheresse le 15 février, le gouvernement, inquiet face à la perspective d’une deuxième année de sécheresse consécutive en France, avait lancé une vaste campagne de sensibilisation au gaspillage de l’eau qui visait notamment les agriculteurs.
Un mois de mars bien arrosé a permis de résorber en partie le déficit pluviométrique des derniers mois. Ce déficit était de plus de 50% il y a deux mois, il s’est réduit à moins de 20% actuellement sur l’ensemble du territoire, a précisé la ministre.
Les précipitations de mars ont été très largement supérieures à la normale à l’exception de l’extrême nord du territoire et du pourtour méditerranéen. Mais le niveau des nappes phréatiques reste toutefois inférieur à la normale sur une large partie de la France.
Car le « déficit des pluies efficaces (celles qui permettent de recharger les nappes, ndlr) est très important » dans certains secteurs, tels qu’une partie du nord de la France, particulièrement les régions Champagne Ardennes, Ile de France, Centre et le nord du Poitou, a précisé Nelly Olin.
Ainsi, la situation « pourra être critique dans de nombreux secteurs car les nappes amorcent seulement leur recharge et leurs niveaux restent inférieurs à la normale sur une partie importante du territoire ».
Les difficultés se situent principalement dans le bassin de la craie situé au nord de Paris, le long de l’axe du Rhône et au niveau de la nappe alluvionnaire de la Garonne en amont.
« Nous ne devons pas baisser la garde », a lancé la ministre en souhaitant que les « préfets et les services de police de l’eau restent très vigilants ».
Trois départements, l’Oise, la Seine-et-Marne et le Val-de-Marne, ont déjà pris des mesures de restriction.
Les préfets ont reçu pour instructions de renforcer la coordination interdépartementale pour que les mesures éventuelles de restrictions s’inscrivent bien dans une gestion par bassin, indépendamment des limites départementales.
Le ministère s’est donné pour objectif de réduire la vulnérabilité du pays à la sécheresse dans son plan de gestion de la rareté de l’eau présenté à l’automne.
Une charte visant à réduire de 30% en trois ans la consommation d’eau des golfs a été signée avec la fédération française de golf le 2 mars.
Dans le domaine agricole, une expérimentation est en cours dans une dizaine de bassins versants afin de réduire les déséquilibres entre l’offre et la demande en eau, avec notamment des cultures moins consommatrices d’eau et des réserves de substitution.
Enfin, le ministère va proposer aux collectivités, aux responsables des services publics d’assainissement, aux entreprises de distribution d’eau, de s’engager dans « un partenariat avec l’Etat et les agences de l’eau » afin de proposer des solutions pour une meilleure valorisation de la ressource en eau, a indiqué Nelly Olin.
À lire aussi

Le monde agricole déçu des engagements du gouvernement Legault
Les promesses agroenvironnementales et la tarification carbone ne sont pas à la hauteur des attentes de l’UPA et des Producteurs de grains du Québec. Entrevue.
Source : AFP