Tournée des grandes cultures : l’année du maïs

Publié: 30 août 2023

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Jean-Philippe Boucher, organisateur de la Tournée des grandes cultures, a présenté les prévisions pour les cultures en 2023 dans le cadre d'Expo-Champs.

L’année 2023 a été tout en contrastes avec un printemps sec et un été pluvieux, mais malgré des conditions difficiles, il semblerait que le maïs ait réussi à tirer son épingle du jeu. C’est le constat de la Tournée des grandes cultures qui a eu lieu pour une 10e année consécutive la semaine dernière dans quatre régions, avec l’Estrie qui s’est ajoutée pour l’édition 2023, dont les résultats ont été présentés à Expo-Champs. Les 72 bénévoles ont sillonné 23 routes et récupéré 469 échantillons qui ont servi à estimer les résultats pour 2023, selon les standards établis par le Pro Farmer Tour aux États-Unis.

Selon les données compilées, le maïs affiche les épis les plus longs, les plus remplis et les plus garnis pour le nombre de rangs que l’organisation de la Tournée des cultures ait pu observer depuis qu’elle organise l’événement. Ainsi, le potentiel de rendement calculé pour 2023 se situe entre 12,6 tonnes et 11,2 tonnes à l’hectare, soit le plus grand rendement jamais obtenu dans la tournée. « Le maïs a le potentiel d’avoir une très bonne récolte avec une production qui atteindrait 3,95 millions de tonnes, ce qui est 5% de plus qu’en 2022, explique l’organisateur de la Tournée, Jean-Philippe Boucher lors de la présentation des résultats à Expo-Champs le 29 août. Les meilleurs rendements se situeraient en Montérégie centre-sud alors que les moins bon seraient en Estrie et au Centre-du-Québec.

C’est une autre histoire pour le soya. Les conditions difficiles de semis et l’été humide ont pesé sur le soya qui malgré un bon décompte de gousses par plant (933 gousses sur une superficies de 3 pieds par 3 pieds) ne parviendrait pas à atteindre la moyenne de 3,6 tonnes par hectare des cinq dernières années. La Tournée estime plutôt le rendement entre 2,9 et 2,95 tonnes à l’hectare pour une production totale de 1,13 à 1,16 millions de tonnes dans la province. Le meilleur potentiel de rendement se trouverait en Montérégie Est et les moins bons encore une fois en Estrie et Centre-du-Québec.

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Il s’agit toutefois d’un portrait incomplet. La dernière manche de cette saison sera déterminante pour réaliser ce qui demeure un rendement en devenir. Les cultures affichent en effet un retard de développement qui pourrait s’avérer critique si septembre ne s’avère pas en mesure d’offrir des conditions optimales avec du temps sec, chaud et surtout, de l’ensoleillement qui a cruellement fait défaut cet été.

Le bilan de la saison par Cynthia Lajoie, agronome pour Pioneer, a mis en relief toutes les difficultés connues par les cultures cette année. Elle a rappelé que l’année avait débuté sous des conditions pas toujours évidentes avec du temps sec et froid qui ont compliqué les semis. « Ça a été difficile cette année de savoir à quelle profondeur placer les semences et le travail de sol a été un enjeu pour la levée. Les conditions étaient très sèches et fraîches en mai pour le soya, ce qui a fait qu’il a pourri par endroit. Les cultures n’étaient pas parties du bon pied ».

Après la chaleur de juin, juillet a débuté avec de l’eau et des vents, ce qui s’est traduit par de la verse à plusieurs endroits, mais heureusement, les plants ont pu récupérer, car le stade de développement des feuilles se faisait encore, ce qui a fait que la pollinisation s’est bien déroulée. D’autres champs affectés plus tard n’ont pas eu cette chance. En général, l’agronome a souligné les conditions exceptionnelles pour la pollinisation du maïs avec de « l’eau à tous les jours et de la chaleur. Le maïs avait tout ce dont il avait besoin. »

Même si le maïs est très beau, il ne faut pas ignorer les quelques problèmes présents, dont les problèmes de carence en azote. La moisissure blanche pourrait faire plus de dommages dans le soya à mesure que ce dernier poursuit sa maturation.

Il a été question du blé dans cette dernière édition de la Tournée puisque l’État des cultures détaille chaque semaine les conditions de la céréale pour une première fois. Malgré un début prometteur, la récolte a été difficile dans le blé d’automne et encore plus dans le blé de printemps. Certaines régions essaient toujours de clore la saison 2023. Le blé a de plus été atteint par de nombreuses maladies foliaires alors qu’il l’avait été peu dans les dernières années.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.