Économie : Une année moins mouvementée en perspective

La hausse des coûts devrait ralentir en 2023 avec une diminution de l’inflation

Publié: 24 janvier 2023

Économie : Une année moins mouvementée en perspective

Après une année 2022 marquée par la guerre en Ukraine et la flambée de l’inflation, Financement agricole Canada (FAC) s’attend à ce que les pressions inflationnistes diminuent graduellement en 2023, accordant un léger répit cette année au secteur agricole.

FAC a effectué un survol des éléments clefs à surveiller dans les prochains mois et des tendances à l’œuvre dans ses Perspectives économiques diffusées en ligne. Bien qu’on ne puisse éliminer les événements imprévus, comme l’ont démontré la pandémie et l’invasion de la Russie en Ukraine notamment, l’inflation, les taux d’intérêt et le marché de la main-d’œuvre influenceront le secteur agricole canadien à moyen et long terme.

L’économiste en chef de l’institution financière, Jean-Philippe Gervais, a mentionné s’attendre à ce que l’inflation diminue, mais persiste. Par ailleurs, les dépenses des consommateurs pourraient ralentir dans un contexte de forte inflation et de ralentissement économique. Certains sous-secteurs se trouvent toujours sous pression, comme c’est le cas des équipements et des pièces agricoles dans un contexte où les salaires ont tendance à augmenter. Toutefois, les chaînes d’approvisionnement semblent retrouver un semblant de normalité après les bouleversements liés à la pandémie.

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Inflation, taux d’intérêt et autres

Un des éléments marquant de 2022 a été la hausse des taux d’intérêt, un resserrement mis en place par la Banque du Canada pour contrôler l’inflation. D’ailleurs, le 25 janvier 2023, la banque centrale a annoncé une hausse de 25 points de base de son taux directeur pour atteindre 4,5%. À la veille de cette annonce, Jean-Philippe Gervais prévoyait cette dernière augmentation de 25 points de base, suivie d’une pause. Il a indiqué aussi ne pas envisager de baisse des taux d’ici la fin de l’année. L’économie canadienne sera à surveiller, une récession étant possible en première partie d’année.

Source: FAC

Avec le statu quo, les taux sur cinq ans demeureraient inchangés. Il sera important pour les entreprises agricoles d’évaluer leur exposition au risque et les choix à leur disposition, tout en tenant compte de la maturité de la ferme.

Du côté du dollar canadien, le recul de la devise devrait se poursuivre dans les premiers mois de 2023 avant de remonter légèrement. Ce mouvement est bien vu en général pour les exportations de biens agricoles bien que les achats à l’étranger seront pénalisés, tels que les machineries agricoles.

Source: FAC

Il faut aussi compter sur un marché de l’emploi serré. Ce défi est plus manifeste dans le secteur et le demeurera sur le moyen et long terme, ce qui favorisera une plus grande automatisation.

Aperçu pour les secteurs agricoles

Jean-Philippe Gervais entrevoit moins de variabilité pour 2023 dans le marché des grains et des protéines animales. Autrement dit, les coûts continuent d’augmenter, mais moins qu’en 2022, ce qui devrait se traduire par des marges bénéficiaires positives au terme de l’année.

Source: FAC

Les prix sont en effet avantageux dans l’ensemble des secteurs. Pour les grains, la faiblesse des stocks maintient les prix, mais il faudra surveiller les impacts d’un possible ralentissement économique sur la demande mondiale.

Le secteur porcin pourrait connaître une diminution des prix par rapport à l’an dernier, mais la grande interrogation dans ce secteur réside dans la demande chinoise. La production porcine en 2022 dans le pays a dépassé les prévisions du département américain de l’Agriculture (USDA), mais il est difficile de faire des prévisions avec les données accessibles. Il est tout aussi complexe de prévoir si la COVID pourrait causer des bris dans la demande, tout dépendant des mesures mises en place par le gouvernement chinois. L’optimisme est plutôt présent dans le secteur bovin puisque la production a été limitée en 2022 aux États-Unis.

Source: FAC

Le secteur laitier devrait également bénéficier d’une stabilisation des coûts de production, aidée par les gains d’efficacité dans les dernières années avec l’automatisation et les hausses accordées aux producteurs laitiers sur le prix du lait. En abordant le volet des matières grasses, l’économiste de la FAC a indiqué que la demande s’avérait assez résiliente, mais que le marché a évolué dans les trois dernières années, rendant difficile un pronostic sur la tendance dans les prochains mois. Fait à signaler, les stocks de beurre sont faibles en ce moment, laissant croire à une hausse de 2 à 3% des prix face à une hausse de la production. Reste à voir quelle direction prendront les discussions entre le Canada et les États-Unis sur les produits laitiers. Le volume de ventes de produits américains a été en somme assez faible en 2022 avec en toile de fond un dollar canadien faible.

Coût de production dans le secteur laitier. Source: FAC

FAC a dressé un portrait des revenus agricoles par secteur pour 2023, un texte à lire ici.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.