Jusqu’en décembre dernier, les producteurs sud-américains gardaient espoir de récoltes record pour cet hiver. En décembre, les conditions se voulaient cependant plus sèches en Argentine et dans le sud du Brésil. Ce qui devait arriver par la suite arriva: très peu, sinon aucune précipitation pour ces régions à partir des deux dernières de décembre.
Nul besoin de vous dire que ces sécheresses ont affecté les cultures, et les ont même fait griller sur place dans certains cas. La valse des rumeurs et différentes hypothèses bat depuis son plein à savoir quelles sont les pertes qu’on doit prévoir. Selon les projections, certains croient même que par endroit, les récoltes pourraient être sous le niveau de l’an dernier.
La semaine dernière, le USDA a indiqué de son côté dans ses nouvelles projections qu’il réduisait considérablement ses prévisions pour les récoltes de maïs, mais surtout de soya pour l’Amérique du Sud.
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Sauf que, comme c’est souvent le cas avec les « rallyes météo » comme celui que nous avons vécu depuis les Fêtes, la confirmation de ces moins bonnes récoltes par le USDA ne semble pas avoir fait bondir plus qu’il faut les prix à Chicago. En fait, autant le maïs que le soya ont plutôt reculé la semaine dernière, ce qui est d’ailleurs vrai ici aussi, pour les prix au Québec. Mais pourquoi?
D’une part, il faut remettre en contexte ces moins bonnes récoltes sud-américaines. À vol d’oiseau, si on combine les nouveaux chiffres disponibles pour le Brésil et l’Argentine, maïs comme soya, on ne parle pas encore de si mauvaises récoltes, mais seulement décevantes par comparaison de ce qui était anticipé il n’y a pas si longtemps.


Comme l’illustre les graphiques ci-joints, on parle quand même toujours d’un bond annuel de 31,5 millions de tonnes de la production de maïs Brésil et Argentine combinés, soit à un « record » de 169 millions, alors qu’on anticipait 172,5 millions de tonnes il y a un mois. La situation est un peu différente pour le soya, puisqu’on parle d’un gain annuel maintenant de seulement +0,7 à un record de 185,5 millions de tonnes alors qu’on parlait d’un record prévu de 193,5 millions de tonnes il n’y a pas si longtemps.
D’autre part, et c’est important, on peut statuer a priori qu’il s’agit toujours de projections. Si la météo se veut encore difficile dans les prochaines semaines, il est certainement possible que les récoltes sud-américaines déçoivent davantage. Ceci ne manquerait pas, bien entendu, de raffermir de nouveau les prix.
Mais, dans l’immédiat, de bonnes précipitations devraient prendre forme dans les régions les plus asséchées du sud du Brésil et de l’Argentine à partir de cette semaine avant de se poursuivre pour encore deux semaines. Qu’il y ait eu perte ne fait aucun doute, mais on vient d’éteindre pour l’instant le feu, ce qui risque de faire dégonfler la machine à rumeurs.
Comme le veut l’expression anglaise, « Buy the rumors, sell the facts! »*, et à défaut de nouvelles rumeurs, il faudra sans aucun doute patienter encore pour de nouveaux imprévus positifs pour voir les marchés s’emballer de nouveau. Prochain round, les intentions d’ensemencements américains 2022!
*Acheter les rumeurs, vendre les faits
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