D’entrée de jeu, le rallye peu commun qui a culminé à la fin juin n’est pas aussi « rare » qu’on peut le croire, bien que l’amplitude de la hausse qu’on a vécue à Chicago l’est davantage.
En fait, je ne compte plus le nombre de chroniques où j’ai décrit et analysé dans les dernières années le phénomène de la tendance saisonnière voulant qu’on ait très régulièrement un rallye à la fin du printemps, sinon en début d’été dans les marchés.
Pour l’essentiel, ce rallye très commun tient pour beaucoup dans ce que nous venons de vivre. Avant le 30 juin, nous étions incertains des superficies cultivées aux États-Unis, mais surtout, de la météo de la saison qui débutait. Après, c’est une autre paire de manches.
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Plus de maïs québécois d’exporté cette année?
On m’a demandé si j’anticipais une hausse plus importante du prix du maïs au Québec cette année, étant donné que la demande à l’exportation était plus forte que la normale cette année. C’est une excellente question, mais difficile à répondre.
Les surprises sont en effet réduites depuis, que ce soit concernant les superficies cultivées par les producteurs américains, ou les conditions pendant les semis. Il ne nous reste alors que les périodes clées de la pollinisation et du remplissage des gousses à franchir, et les récoltes, par la suite, sont pour ainsi bien dire engrangées.
La tempête parfaite
Mais cette année, nous avions un peu les conditions pour former la tempête parfaite avant le 30 juin : mauvaises récoltes sud-américaines, plus de demande du côté américain (exportations), spectre de La Nina et un début de saison sec aux États-Unis. Certains étaient même tentés de faire un rapprochement avec le début de saison de 2012, année de la fameuse sècheresse américaine qui avait fait bondir les prix à des niveaux historiques.
Ce qui causait problème cependant concernait les superficies cultivées aux États-Unis: en excluant celles en blé, elles laissaient toujours la porte ouverte à d’excellents volumes récoltés cet automne. Il ne manquait qu’une meilleure météo, et une touche de surprise le 30 juin…
Et de fait, finalement, les rapports du USDA du 30 juin dernier ont non seulement confirmé plus de stocks de grains que prévu aux États-Unis au 1er juin dernier, mais surtout, des superficies cultivées plus importantes que ce qui était anticipé. Ne manquaient plus que de meilleures conditions météo pour les cultures américaines, ce qui a été finalement le cas en toute fin de mois de juin/début de juillet.
Résultat, au moment d’écrire ces lignes, il est encore bien possible que les récoltes américaines (excluant celles de blé) atteignent à nouveau des volumes très importants, voire même record, cette année. Nul besoin de dire que les marchés (spéculateurs) n’ont pas hésité à prendre leurs jambes à leur cou, enfonçant cruellement les prix à la baisse, particulièrement ceux du maïs et du blé. Le soya sera parvenu à mieux encaisser le choc jusqu’ici, surtout en raison de la bonne demande à l’exportation du côté américain qui reste au rendez-vous en raison des mauvaises récoltes sud-américaines.
Mais le fait est, reflétant un début d’été fort en émotion, que les prix des grains sont passés de héros à zéro en pratiquement l’espace d’un claquement de doigts.
La partie n’est cependant pas jouée encore, puisque les rendements sont loin d’être faits aux États-Unis. Au moment d’écrire ces lignes, on joue dangereusement du yoyo avec des cartes météo qui tour à tour, penche du côté de conditions trop sèches et chaudes dans les prochaines semaines aux États-Unis, et un retour à des conditions plus normales. De quoi mettre à bout de nerfs, mais aussi faire bondir les prix si la météo tourne de nouveau au vinaigre .
Il faut donc être présentement très alerte, car nous pourrions encore voir les récoltes américaines fondre, et les prix bondir. L’opposé est par contre tout aussi vrai, avec des récoltes américaines qui ont toute la capacité d’atteindre de nouveaux records si la météo le permet.
Si on aime le risque, on peut encore attendre la prochaine fois que les prix vont bondir, en espérant qu’une catastrophe soit en train de se produire (sècheresse ou coup de chaleur trop sévère). Mais sinon, l’idée de réaliser de premières ventes est à considérer, sachant qu’on pourrait aussi très bien connaître une autre année difficile si la météo d’ici la fin de saison collabore finalement aux États-Unis.