On vend la récolte ou on attend… hmmm ?!

Publié: 6 septembre 2012

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Jean-Philippe Boucher agr., MBA [email protected]

Les dernières semaines ont été assez intéressantes du côté du marché des grains. On sent très bien présentement l’hésitation des marchés à les propulser davantage à la hausse après qu’ils aient atteint des sommets en juillet et août. C’est ce que révèle surtout assez bien d’ailleurs le comportement du prix du maïs depuis plusieurs semaines.

Il veut grimper davantage, mais il lui manque un petit quelque chose. Une nouvelle qui confirmerait encore de moins de bons rendements aux États-Unis ou encore le retour d’achats importants par les importateurs ou les usines d’éthanol.  Sauf que pour l’instant… rien. En fait, certains commencent vraiment à croire que dans l’immédiat, le sommet pour le maïs a été atteint ; qu’à son niveau actuel, il reflèterait bien la problématique d’une très mauvaise récolte américaine couplée à une demande qui ne cesse de se refroidir de semaine en semaine. Ceci ne veut pas dire que plus tard dans l’année la situation ne changera pas. Il faut toujours se rappeler entre autres qu’en principe, la tendance saisonnière veut que les prix des grains soient à leur meilleur au printemps (avril à juin…). Mais, autrement dit, pour ceux qui sont tentés ou habitués de vendre à la récolte, le prix actuel ne serait certainement pas mauvais. En fait, le seul risque « haussier » vraiment, c’est que la récolte américaine de maïs soit encore plus catastrophique qu’elle ne l’est déjà…

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On m’a demandé si j’anticipais une hausse plus importante du prix du maïs au Québec cette année, étant donné que la demande à l’exportation était plus forte que la normale cette année. C’est une excellente question, mais difficile à répondre.

La situation est par contre assez différente du côté du soya, ce qui est bien évident quand on voit son prix, mais aussi celui du tourteau, battre encore de nouveaux records historiques. Ce n’est cependant pas si surprenant que ça. Pourquoi ?

Et bien c’est que pour l’instant, au bas mot, les gros consommateurs de soya comme la Chine n’ont tout simplement pas cessé d’en acheter malgré son prix déjà très élevé. En fait, à l’heure actuelle, déjà plus de 56% des exportations américaines de soya de la prochaine récolte sont vendus, du jamais vu. J’en avais d’ailleurs parlé dans mon dernier billet (Et c’est reparti ?!).

La prochaine année s’annonce donc très … très … très serrée en disponibilité de soya sur les marchés internationaux. Bien sûr, tout se jouera très bientôt autour des prochaines récoltes sud-américaines, ceux-ci se devant de débuter leurs semis à partir de novembre. Mais excluant les conditions météo qu’ils connaîtront, les producteurs sud-américains ne débuteront pas leurs récoltes au mieux qu’avant la fin février, ce qui laisse un gros trou d’incertitude dans le marché d’ici là.

À moins que la récolte américaine ne surprenne ou encore que les consommateurs finissent par se refroidir un peu, il semble donc bel et bien en attendant que le prix du soya ne pourra vraiment que progresser davantage, entrainant d’ailleurs aussi avec lui celui du tourteau. Il faut mentionner toutefois au passage que, pour les marchés, il y a de ces barrières « psychologiques » qui peuvent quand même refroidir leur ardeur. Et, dans le cas du soya, ce qu’a démontré son comportement des derniers jours, c’est que la barre de 18$US/boisseau ne sera peut-être pas si facilement franchie que certains voulaient le croire…

** À surveiller rapidement! S’il y a quelque chose qui pourrait faire bouger de manière très intéressante les prix, c’est bien le prochain rapport mensuel du USDA qui sera publié la semaine prochaine (mercredi le 12 sept.). Comme à chaque fois, ce rapport pourrait surprendre, que se soit ou non en leur faveur. À suivre…

À PROPOS DE L'AUTEUR

Jean-Philippe Boucher

Jean-Philippe Boucher

Collaborateur

Jean-Philippe Boucher est agronome, M.B.A., consultant en commercialisation des grains et fondateur du site Internet Grainwiz. De plus, il rédige sa chronique mensuelle Marché des grains dans le magazine Le Bulletin des agriculteurs.