Je me réveille anxieux. C’est aujourd’hui que je reçois ma fameuse piqûre d’infiltration. J’ai peur des piqûres, des aiguilles, des bébelles de médecin dans la bouche ou dans n’importe quel autre orifice. Ma conjointe n’arrête pas de me mentionner que ce n’est pas plus douloureux qu’une épidural et d’accoucher en plus. Oui, mais moi je n’ai jamais accouché. L’inconnu me stress! C’est ce que je mentionne à l’infirmière.
– Sortez vos guenilles humides je peux aisément m’écraser en plein traitement.
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Visiter un champ de maïs à sa pleine hauteur peut sembler anodin, mais cette activité comporte plusieurs risques de blessures et d’impacts sur la santé à plus long terme.
Ça me rassure quand je constate qu’elle m’administre une petite injection pour s’assurer que je ne tombe pas en choc vagal. Placebo ou non ça me rassure. Le médecin me pose des questions d’usage afin de bien orienté le traitement. Et pendant qu’il installe son équipement il continue de jouer à Columbo.
– Vous m’avez l’air en forme?
– Beaucoup mieux qu’en octobre ou en novembre. J’ai rattrapé 50% depuis cette période.
– Vous parvenez à faire combien d’heures de travail présentement?
– L’hiver c’est plus relaxe, ça aide. Je suis au « idle » à 50 heures par semaine.
– Quel genre de travail?
– Je suis agriculteur spécialisé en cultures.
– Bien, d’ici une trentaine de jours ce sera une période de pointe. Levé à 4 h 00, dehors à 4 h 45 et je reviens à la maison vers 22 h 00. 7 jours sur 7 pendant plus ou moins quatre semaines.
– Oh! Je vois, vous allez travailler la terre bientôt? Il m’ouvre la porte alors j’en profite.
– En fait, on travaille de moins en moins le sol. De cette façon, on améliore la vie de nos vers de terre et on diminue nos émissions de GES.
– Attention ça va piquer!
Je le sens gosser avec son aiguille, mais je continue de lui parler de ma piqûre… Ma profession, mes défis, notre blé d’hiver, nos cultures, nos bandes riveraines, etc.
– Excusez-moi, j’ai l’impression de vous faire un cours agro 101, mais parler ça me déstresse! Ça me ramène ailleurs qu’ici!
Je ne sais pas si ça les intéressait réellement mais…
– Hey! Avez-vous déjà commencé à injecter votre infiltration?
– Ah, vous commencez à la ressentir?
Cibole, oui! Et je me remets à lui partager MA piqûre de l’agriculture… Ça passe le temps!
– Wow, là c’est moins drôle! Normal que mon mollet et mon pied veulent exploser?
– Oui, c’est bon signe, on est tout prêt de ton nerf. Je reste muet je serre les dents hoooooo hiiiiii pas très agréable…
– Je peux bouger? J’ai une « !!!!@@#$%&**** » de crampe! Je repars sur nos vers de terre qu’il faut protéger afin d’avoir de plus belles cultures. 20 trou/m2 plus 1 tonne de vers qui creusent, digèrent et dégradent le sol pour le rendre plus fertile…
-C’est fait votre première piqûre est terminée.
– Ah, merci! C’est moins pire que je pensais! Fiou! Je suis soulagé!
Par contre, je comprends qu’il y en a une deuxième…
– Oui, oui, on aura une meilleure couverture globale. On recommence. Pas question de vous rater. Votre dos est usé!
Ouffff! On recommence. Lui, il me fait ma piqûre, pendant que moi je continue de lui partager ma piqûre pour l’agriculture. Je ne sais pas combien de temps il va se souvenir de ma vulgarisation agro 101. Pour mon traitement, il me dit que je devrais ressentir une amélioration d’ici 6 à 21 jours.
J’espère que ce sera positif, car le printemps ne s’annule pas. Il est bien là! Et j’ai hâte d’y participer et de taquiner dame Nature. J’ai la piqûre de ma profession : agriculteur :-)