Ça circule depuis un moment dans les nouvelles et sur les réseaux sociaux. Dans le Midwest américain, les conditions de sécheresse ont monté en flèche dans les dernières semaines, passant de 20-40% au cours des deux premières semaines de mai à près de 70% des superficies qui composent avec différents degrés de sécheresse à la fin mai.
Ceci n’est pas sans rappeler la fameuse année de la sécheresse historique de 2012. On se rappelle que cette année-là les ensemencements avaient été aussi rapides comme cette année, laissant miroiter une excellente récolte. Puis à partir de la mi-juin, les conditions de sécheresse avaient bondi dans le Midwest américain. Elles avaient ensuite atteint des sommets à plus de 80-90% de superficies affectées par une grave sécheresse pendant l’été.
À Chicago, les prix des grains avaient alors fracassé de nouveaux records. Ceci avait permis aussi au prix du maïs au Québec de franchir pour la première fois le cap historique du 300$/tonne et d’effleurer les 350$/tonne. Le soya avait de son côté grimpé à plus de 600$/tonne.
À lire aussi
Plus de maïs québécois d’exporté cette année?
On m’a demandé si j’anticipais une hausse plus importante du prix du maïs au Québec cette année, étant donné que la demande à l’exportation était plus forte que la normale cette année. C’est une excellente question, mais difficile à répondre.
Avec le recul important des prix des grains des derniers mois, l’idée qu’une grave sécheresse aux États-Unis cette année puisse prendre forme n’est donc certainement pas sans intérêt.
Question de remettre les choses en perspectives, je vous joins un graphique de l’évolution des superficies en état de sécheresse dans le Midwest américain depuis 2010. J’y ai également ajouté deux graphiques qui comparent les conditions de sécheresse en 2012 et cette année.
De fait, il y a bel et bien de quoi être préoccupé de la hausse des conditions de sécheresse dans le Midwest américain dans les dernières semaines. Et par rapport à 2012, nous sommes non seulement un peu plus tôt en saison, mais la progression est également plus prononcée qu’elle ne l’a été à la mi-juin en 2012.
Donc a priori, oui il y a certainement matière à croire qu’une grave sécheresse soit possible cette année dans le Midwest américain. Si c’est le cas, effectivement que les prix des grains pourraient facilement changer de cap complètement. Mais, c’est s’il y a bel et bien une grave sécheresse qui a lieu…
Le problème cependant avec la météo est qu’elle est et restera toujours imprévisible. Oui, si on fouille bien, on peut trouver des « spécialistes » météo qui vous diront ce qu’on veut bien entendre; qu’une grave sécheresse se prépare. Et pour le justifier, il existe des dizaines de théories, certaines très bien documentées et d’autres qui relèvent plus de la cartomancie.
Le hic, c’est que la seule vraie spécialiste météo qui ne se trompe jamais et auquel on peut faire confiance, c’est Dame Nature…
En attendant, ce que nous avons sous la main sont les prévisions météo qui sont bien imparfaites. Et que disent-elles?!
On prend note en premier lieu que ce n’est pas l’ensemble du Midwest américain qui est affecté par la sécheresse, comme illustré dans ce que je vous ai encerclé dans l’image ci-joint.
Ensuite, comme l’illustre le cumulatif des précipitations 7 jours, plusieurs des régions asséchées profiteront d’un bon coup d’eau (de 20 à 50 mm). Sur un horizon de 6-10 et 8-14 jours (semaine prochaine et la suivante), on pourrait peut-être assister à des conditions plus sèches du côté nord du Midwest. Par contre, côté sud et sud-ouest, on devrait continuer de voir les conditions de sécheresse se stabiliser et même se résorber.
Bref, oui il y a bel et bien matière à s’inquiéter un peu plus des conditions trop sèches dans le Midwest américain présentement. Par contre, si les prévisions ne changent pas, nous pourrions retrouver des conditions plus favorables plus tard ce mois-ci.
Alors pour le moment à mon avis, comme j’en ai fait part dans mon dernier billet sur ce blogue (La météo sauvera-t-elle la mise?), s’il y a rallye des prix à la bourse et qu’il profite à ceux au Québec, ce reste toujours pour le moment une belle opportunité de réaliser quelques ventes plutôt que d’espérer gagner le jack-pot plus tard cet été…
