Comprendre le comportement des prix des grains à la bourse est un outil parfois très intéressant pour nous aider dans la vente de ses grains. Certains me diront que c’est évident, puisque c’est la référence qu’on utilise pour suivre la direction des prix.
Oui, bien entendu, mais c’est quand même plus que ça…
L’un des phénomènes très intéressants à étudier, et assez populaires chez ceux qui suivent de près et transigent régulièrement à la bourse, est ce qu’on appelle la valeur de report, ou encore la valeur d’entreposage. Je m’explique…
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Les cultures nous parlent, est-ce que vous les écoutez?
Pour chaque culture, il existe un moment où une simple marche dans la parcelle permet de détecter les anomalies susceptibles d’affecter le rendement et dont les symptômes peuvent s’estomper avant la récolte.
Si vous surveillez les prix à la bourse pour, par exemple, le maïs, vous remarquerez différents prix pour différents mois de livraison. Dans l’exemple que je vous joins ici, en date de ce vendredi 14 octobre, on voit dans le graphique de gauche que le maïs à Chicago a terminé la journée à différentes valeurs selon les mois de livraison, de décembre 2022 jusqu’à décembre 2023.
Si on jette ensuite un coup d’œil plus attentif, on constate un écart de valeur selon ces mois de livraison. Par exemple, entre une livraison pour décembre 2022 et celle pour juillet 2023, on observe une différence d’environ 0,0125 cent US/bo. Qu’est-ce que ça veut dire?
Essentiellement et simplement qu’à Chicago les marchés n’offrent que 0,0125 cent US/bo pour entreposer du maïs de décembre à juillet prochain. Grosso modo, on parle de seulement environ 0,0017 cent US/bo ou 0,07 $US/tonne par mois.
Comment maintenant interpréter ce résultat? Deux choses importantes…
1 – La faible valeur accordée par les marchés à Chicago à entreposer du maïs envoie un message assez simple. On veut « maintenant » du maïs et non dans quelques mois. Est-ce que ça veut dire ensuite que les prix ne monteront pas dans les prochains mois? Pas nécessairement…
Pour répondre à cette question, on doit ensuite évaluer aussi si la valeur actuelle du maïs est élevée ou non. Et présentement, la réponse est « oui » si on regarde l’historique des dernières années à Chicago.
2 – Il faut voir cette information comme quelque chose qui évolue dans le temps. Pour fin d’exercice, je vous joins un graphique qui présente l’écart entre la livraison de décembre 2022 et celle de juillet 23 dans les 6 derniers mois. Donc autrement dit, comment les marchés à Chicago ont encouragé les producteurs à envisager d’entreposer pour la prochaine année leur maïs depuis avril dernier?
En un coup d’œil, on constate que depuis avril, les marchés n’ont pas proposé au fil du temps un gros avantage à entreposer du maïs cette année. Toutefois, on observe aussi que c’est progressivement de moins en moins vrai. En d’autres mots, oui, les marchés restent certainement nerveux concernant la disponibilité de maïs à court terme, mais cette nervosité cherche à faiblir tranquillement.
En résumé, quand on regarde le comportement des prix à Chicago, on comprend donc que :
1 – Il n’y a pas vraiment d’incitatif à entreposer du maïs plusieurs mois.
2 – Les prix sont historiquement élevés.
3 – Tranquillement, les marchés se montrent un peu moins préoccupés par la disponibilité de maïs.
Maintenant, est-ce que ceci veut dire qu’il n’y aura pas de belles hausses des prix dans les prochains mois? Pas du tout. Cette année, on peut penser entre autres à la guerre en Ukraine qui peut encore facilement tout chambouler. Ne sont pas exclues, non plus comme toujours, de mauvaises récoltes pour faire bondir les prix dans les prochains mois, dans un premier temps en Amérique du Sud cet hiver, puis ensuite à l’été prochain aux États-Unis.
Mais si on parle stratégie de mise en marché, les informations que nous fournit le comportement actuel des prix des grains à Chicago suggèrent qu’il y a un plus faible potentiel de hausses intéressantes pour le moment. Il reste à voir ensuite de votre côté comment vous souhaitez intégrer cette information dans votre commercialisation. J’en vends plus récolte? Je vais mettre un plus gros pourcentage de mes ventes pour décembre, sinon janvier prochain? Etc., etc..
Si ceci peut vous aider, je vous laisse en terminant avec ce schéma très intéressant qui résume bien les différentes options de stratégie de commercialisation selon le comportement des prix à Chicago et local. Ce schéma a été réalisé il y a plusieurs années par l’équipe de spécialistes de mise en marché des grains de l’Université du Minnesota. Il circule depuis régulièrement dans des chroniques et formations. J’ai encerclé en mauve le contexte dans lequel nous sommes présentement.
Bonne récolte!
