Il m’arrive d’être appelé par un producteur agricole pour évaluer un semis d’un champ de luzerne ou d’une prairie qui n’a pas bien fonctionné ou qui est clairsemé.
L’échec d’un semis peut s’expliquer par de nombreuses raisons, dont certaines sont plus faciles à déchiffrer que d’autres. Les conditions environnementales et la profondeur de semis en sont souvent la cause, mais lorsque ces deux facteurs sont éliminés, certains agriculteurs aiment pointer du doigt une « mauvaise semence ».
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En réalité, une « mauvaise semence » n’est presque jamais la bonne réponse, surtout si elle est certifiée et qu’elle a été achetée auprès d’un semencier réputé. Le contrôle de la qualité est tout simplement trop élevé pour que cela se produise.
Regarder du côté des herbicides
Il existe une autre raison à l’échec des nouveaux semis à savoir la rémanence d’herbicides. C’est certainement une chose à laquelle il faut faire attention, surtout si la dernière saison de croissance a été anormalement sèche.
Certains herbicides couramment utilisés persistent dans le sol après leur application. C’est pour cette raison qu’ils sont si efficaces pour lutter contre les mauvaises herbes tout au long de la saison. D’un autre côté, il est également important que ces herbicides finissent par se dégrader afin d’éviter d’endommager une culture ultérieure qui pourrait être sensible à leur composition chimique.
La vitesse de dégradation d’un herbicide dépend d’un certain nombre de facteurs, dont la matière active, la dose appliquée, le type de sol et la teneur en matière organique du sol. Associées à ces facteurs, les conditions environnementales, telles que l’humidité et la température du sol, peuvent avoir un impact important sur la vitesse de dégradation.
Vérifier les informations liées à l’utilisation des herbicides dans une prairie
Les étiquettes des herbicides varient dans la manière dont elles guident les producteurs quant à la viabilité de semer de la luzerne après l’application d’un herbicide l’année précédente. Certaines proposent un calendrier spécifique en mois avec une exigence de précipitations minimales. D’autres n’interdisent pas l’ensemencement de la luzerne, mais découragent fortement cette pratique en raison des risques de dommages.
Il est extrêmement important de lire toutes les notes de bas de page sur les étiquettes d’herbicides qui concernent le semis de luzerne. Dans l’ensemble, les dommages causés par les herbicides sont de plus en plus fréquents parce que les herbicides résiduels sont utilisés plus fréquemment dans les cultures en rotation comme la luzerne, et qu’ils sont souvent appliqués en milieu de saison pour lutter contre les mauvaises herbes levées tardivement. Environ la moitié des herbicides couramment utilisés sur le maïs sont assortis d’une restriction de 10 mois ou plus d’intervalle en rotation avec de la luzerne. Cela signifie que s’ils sont appliqués entre la mi-juin et la fin juin, il ne sera peut-être pas possible de semer de la luzerne au printemps suivant.
Déceler les signes
Si les dommages causés par les herbicides sont parfois évidents, les symptômes sont souvent plus subtils. Il peut s’agir d’un léger jaunissement, d’une réduction de la croissance des pousses, d’un élagage des racines ou d’une réduction de la croissance des racines. À moins qu’il n’y ait une zone non traitée dans le même champ pour faire la comparaison, les dommages peuvent passer inaperçus, même si la production est réduite.
Les conseils pour éviter le problème
Pour éviter les problèmes liés aux dommages causés par les herbicides résiduels, il faut absolument suivre les recommandations suivantes :
- Respecter les restrictions figurant sur l’étiquette en ce qui concerne les doses et les périodes de repos. Lire les notes de bas de page.
- Faire une rotation des ingrédients actifs pour éviter l’accumulation dans le sol.
- Travailler le sol pour diluer les herbicides et améliorer leur dégradation.
- Retarder le semis de la luzerne jusqu’à la fin du printemps si l’on craint des dommages.
Bonne saison !
Source Hay&Forage Grower
*Texte réalisé par Christian Duchesneau en collaboration avec le Conseil québécois des plantes fourragères. Les propos exprimés dans le texte relèvent toutefois de l’auteur et n’engagent pas le CQPF.
