La pelle, notre meilleure amie dans le champ

En creusant, on découvre parfois des surprises invisibles à la surface.

La pelle, notre meilleure amie dans le champ

*Juillet et août sont habituellement les bons mois pour aller constater comment vont les rendements dans les prairies. Souvent dès le premier regard, on peut prévoir si le champ sera rentable ou pas. C’est évident que prendre des données de rendements en pesant les boîtes d’ensilage ou les balles récoltées nous donne les vrais chiffres, mais il est quand même agréable de se promener dans les prairies pour s’assurer que tout se déroule pour le mieux. 

Outre les données de rendements, je pense que la pelle devrait être notre compagne de toutes les visites de champs. J’ai failli me faire prendre à mon propre jeu de regarder seulement à la surface du sol. Je m’explique. Je visite un champ où je ne veux même pas entrer à pied tellement il est beau et fourni (voir photo ci-dessus). 

À lire aussi

La pelle, notre meilleure amie dans le champ

Allez-vous manquer de fourrage?

Les conditions actuelles exigent une grande flexibilité et une prise de décision rapide pour un apport en fourrage suffisant. Voici quelques recommandations de nos experts.

Je suis très heureuse de la réussite du producteur! Il n’y a pas un espace où il manque un plant de luzerne! Je prends même la population et j’arrive à 17 plants par pied carré, ce qui est exceptionnel pour une première année d’exploitation (on vise habituellement entre 10 à 15 plants par pied carré). Puis je me dis : je vais regarder les racines d’un plant de luzerne pour voir comment elles sont rendues grosses…  Elles devraient effectivement être bien grosses et remplies de nodules, étant donné que l’analyse de sol nous indique un pH de 7,2 et une bonne fertilité…

Quelle fut ma surprise de tomber sur une racine qui ne se développe pas verticalement comme une racine pivotante le fait habituellement (voir photo). 

Source: Brigitte Lapierre

Je coupe la racine de façon longitudinale pour m’apercevoir qu’elle est en train de pourrir, comme on le voit sur l’image plus bas. 

Source: Brigitte Lapierre

Je me dis : je suis à l’entrée du champ, je vais aller plus loin, plus loin et encore plus loin… toujours la même histoire : les racines à partir de la couronne jusqu’à l’intérieur sont très brunes et ne veulent pas descendre dans le sol…..  cela n’est pas très bon signe…   

Nous en discutons plusieurs experts ensemble pour finalement conclure qu’il s’agit de la maladie Mycoleptodiscus.

Cette maladie se manifeste par une pourriture du collet et des racines. Elle peut demeurer pendant des années dans les résidus de culture et dans le sol. On ne peut pas être certain du moment exact où le sol a été infecté par la maladie. De nombreuses autres espèces de légumineuses, y compris le soya, peuvent d’ailleurs être touchées. Cela rend difficile l’élimination de la maladie dans le sol, car même la rotation des cultures peut maintenir la maladie vivante dans les sols.

Il n’y a pas de cultivar résistant disponible et il n’y a aucune preuve qu’un fongicide sur la semence ou un traitement au sol l’éliminerait. Heureusement, le cultivar utilisé par le producteur est l’un de ceux qui procurent des plants de luzerne les plus sains grâce à une très haute résistance aux maladies. Il sera donc primordial qu’une bonne gestion de la fertilité du sol demeure afin d’aider à la pérennité de cette prairie.

Cette maladie préfère les sols compactés, chauds et humides. Nous apprenons à la suite de notre visite que le champ du producteur avait été nivelé avant l’implantation. De plus, vous souvenez-vous des conditions de récolte de l’an passé? De la pluie et encore de la pluie…. Très difficile de ne pas faire de traces dans les champs. La pelle nous indique également le niveau de compaction du champ : incapable d’y pénétrer profondément, même en mettant tout notre poids dessus. 

Je veux donc ici rappeler l’importance de refaire la structure du sol après un nivellement et pour se faire, les meilleurs moyens sont d’appliquer du fumier, de la chaux et de semer une culture de couverture. Puis sortir la pelle pour faire un profil de sol afin de s’assurer si un sous-solage est nécessaire. Les plantes fourragères vous remercieront mille fois par leur rendement si vous les semez dans un milieu favorable et non compacté. On néglige trop souvent de donner nos meilleurs champs à nos prairies. Et pour finir, je peux vous assurer que je ne sortirai plus jamais sans ma pelle!

*Texte réalisé par Brigitte Lapierre, en collaboration avec le Conseil québécois des plantes fourragères (CQPF). Les propos exprimés dans le texte ne relèvent toutefois que de l’auteure et n’engagent pas le CQPF.

Pour lire d’autres chroniques Experts-fourragers, cliquez ici.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Le Bulletin des agriculteurs

Le Bulletin des agriculteurs

La référence en nouvelles technologies agricoles au Québec.

Fondé en 1918, Le Bulletin des agriculteurs traite des tendances, des innovations et des dernières avancées en matière de cultures, d’élevages et de machinisme agricole dans le but de faire prospérer les entreprises agricoles d’ici.