Si vous avez l’impression que le nombre de pucerons cette année est élevé, vous avez raison. Dans son dernier rapport sur les grandes cultures, le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) confirme un nombre élevé de ces prédateurs dans les champs de soya; le seuil d’alerte, qui est une moyenne de 250 pucerons/plant, a été atteint dans 41 des 58 champs dépistés par le RAP et n’ayant pas eu de traitement insecticide foliaire. Depuis la semaine dernière, dans 64 % des champs suivis par le RAP et n’ayant pas été traités avec un insecticide foliaire, les populations de pucerons du soya sont toujours en augmentation.
Ce graphique réalisé par une équipe du RAP permet aussi de comparer la moyenne des vingt dernières années, confirmant le caractère exceptionnel de 2022 à ce niveau. Seule l’année 2007 se rapproche des niveaux confirmés cette année. Le pic d’infestation pourrait cependant avoir été atteint.

Les régions de l’Estrie, Chaudières-Appalaches, Lanaudière et Centre-du-Québec seraient les plus affectées en ce moment. Le type de cultivar de soya peut influencer sur la gravité de l’infestation, certains étant plus sensible au prédateur.
Le RAP recommande le dépistage des champs dans toutes les régions, pour les champs n’ayant pas dépassé le stade R5 puisque au-delà de ce stade, un traitement insecticide a peu de chance d’être rentable. Un graphique permet de visualiser le moment idéal pour intervenir. Il est conseillé également de repérer la présence de prédateurs naturels, dont les champignons entomopathogènes. La population de ces derniers est en forte hausse depuis une semaine dans les champs visités par l’équipe du RAP.

En cas de traitement, il faut consulter les mises en garde des différents produits et les étiquettes dans la fiche Info traitement, disponible dans le tableau des traitements phytosanitaires et risques associés de SAgE pesticides. « Certains insecticides homologués contre le puceron du soya ne peuvent pas être appliqués sur du soya en fleurs. Avant de traiter, vérifiez également si l’insecticide est autorisé par votre acheteur de grains. Certains marchés d’exportation pourraient refuser le soya si ce dernier a fait l’objet d’un traitement », rappelle le RAP.
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Autres menaces à surveiller
La pourriture à sclérotes fait l’objet d’une surveillance dans 19 champs par le RAP. Les dernières observations montrent le développement d’apothécies principalement en Chaudière-Appalaches, en Mauricie et, dans une moindre mesure, en Estrie, dans Lanaudière et en Montérégie-Est. Dans toutes ces situations, l’apparition d’apothécies est associée à la fermeture des rangs ou à une canopée haute et pratiquement refermée sur le rang, puisque cet environnement contribue au maintien d’un environnement ombragé et humide.
Si la culture de soya a dépassé la période de floraison principale (R1 à R3) et est au stade R4 ou plus, le risque d’infection et de développement de la maladie est réduit, de même que les impacts sur le rendement. Si la culture de soya est en pleine floraison (stade R1 à R3), la situation est différente, et une infection peut mener à des impacts sur la culture.
Pour ce qui est de la chrysomèle du haricot, les champs de soya suivis présentent de faibles populations et un bas niveau de défoliation et les seuils d’intervention n’ont pas été atteints.
La chrysomèle du haricot ne coupe pas les plants de soya, à moins d’une infestation très sévère et seulement au stade plantule. Elle affecte le feuillage, le dessus des gousses (ne perce pas la gousse) et, très rarement, elle pourrait couper le pédoncule qui tient la gousse à la tige. Le soya est aussi très résilient à la défoliation, même dans le cas des feuilles du haut. Les feuilles situées plus bas seront en mesure de soutenir la photosynthèse et la translocation de façon à ne pas pénaliser le rendement en grains de la plante.