Dans notre édition du 30 juin dernier, un article de Jean-Philippe Boucher dressait l’état des cultures. Parmi les nombreuses photos qui accompagnaient son texte, les quatre photos fournies par la Ferme Fabel (NDLR : il s’agissait en fait de la Ferme Sytomax) ne manquaient pas d’intriguer. En effet, celles-ci montraient quatre méthodes de semis différentes : semis direct aux 15 pouces avec semoir, semis direct aux 30 pouces avec planteur, semis au planteur sur sol travaillé avec motif de diamant et semis au planteur en rangs jumelés sur sol travaillé.

Pourquoi cette entreprise située à Grand-Saint-Esprit, dans le Centre-du-Québec, varie-t-elle ainsi la régie de son soya? On y cultive habituellement le soya en semis direct et aux 30 pouces. Or, ces producteurs ne sont pas satisfaits de leurs rendements. «On a de la misère à les améliorer, alors que dans le maïs, ils augmentent constamment», confie Maxime Béliveau. Soulignons que l’an dernier, leur rendement moyen s’est élevé à 3,3 tonnes à l’hectare.
Comment faire progresser le rendement du soya? «Si tu veux baser tes décisions sur du concret, tu dois réaliser des essais», estime ce dernier. Des essais, ce n’est pas ce qui manque dans cette exploitation qui consacre 660 hectares à la production de maïs-grain, de maïs fourrager, de soya et d’orge de brasserie. Dans des bandes de 300 mètres de longueur, on réalise pas moins de 12 essais de régie différents.

Ainsi, certaines bandes ont donné lieu à un coup de déchaumeuse. «On aime vraiment le semis direct compte tenu de son faible coût de production, indique Maxime. Mais puisque le rendement stagne, on voulait donner quand même un coup de déchaumeuse pour voir l’effet. Dans nos essais de l’an dernier, ce coup de déchaumeuse nous a permis d’éviter un arrosage. Ça n’a toutefois pas été le cas cette année. On verra au bout de cinq ans si le jeu en vaut la chandelle.»

Le producteur de 34 ans explique que l’essai des rangs jumelés vise, de son côté, à vérifier deux éléments. «En théorie, les rangs jumelés assurent un contrôle des mauvaises herbes un peu meilleur qu’un semis aux 30 pouces et un contrôle des maladies un peu mieux qu’un semis aux 15 pouces», décrit-il.

Le semis avec motif en diamant est assurément le plus original de leurs essais. «Le motif en diamant est censé améliorer la performance de la batteuse, indique Maxime. De plus, selon ce que je lis, le rendement potentiel serait supérieur de 15 à 20 % à celui d’un semis aux 15 pouces et il se comparerait au rendement d’un semis en rangs jumelés.»
Soulignons que tous ces essais se font avec la même variété. «C’est une variété adaptée à notre région et qui est assez buissonnante», précise le producteur. Le taux de semis est lui aussi uniforme et se situe à 140 000 plants à l’acre.
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Le Bulletin des agriculteurs a donné rendez-vous au producteur en octobre pour connaître les résultats de leurs essais. On en profitera peut-être aussi pour discuter des résultats des 17 variétés de soya qu’ils testent cette année, tout comme les résultats de leurs tests portant sur le maïs. Parce que, oui, le maïs fait l’objet d’autant d’essais que le soya. Ce n’est pas parce qu’on performe déjà qu’on ne veut pas faire encore mieux!